Carnet du Ladakh

Pour consulter les albums photos complets avec une meilleure définition, les adresses sont les suivantes:

  • Album de Srinagar
  • Album de notre voyage de Srinagar à Padum
  • Album de notre trek au monastère de Phuktal
  • Album de notre trek au travers de la chaîne du Zanskar (Pigmo-Sengge La)
  • Album de la vallée de la Nubra
  • Album de notre séjour à Leh



  • Carnet d'Isabelle

    Jeudi 11 août (Turquie)

    Nous arrivons à Istanbul en fin de matinée. Nous aimerions retourner à l’hôtel Marmara. Aussi, nous avons décidé d’y aller en métro pour économiser les frais de taxi. Encore faut-il comprendre comment se procurer des tickets de métro … Un employé ne parlant pas un mot d’anglais fait tout ce qu’il peut pour nous expliquer le fonctionnement devant une borne. Nous avons à peu près compris et nous en avons la confirmation quand un jeune homme vient de lui-même tout nous réexpliquer en anglais. Pour nous rendre à Sultanahmet, nous avons besoin de prendre 4 jetons. Nous prenons donc le métro jusqu’à une station du centre ville où nous changeons pour le tramway.

    Nous sommes très contents de retrouver notre hôtel. Les employés sont gentils, le cadre est joli et tout est très propre. Après une grande douche et une sieste pour Manu, nous sortons un peu (glace pour Manu, pastèque pour moi, jus de citron pour nous deux) avant de nous réinstaller sur la terrasse de l’hôtel pour travailler un peu sur les photos.

    Ce soir, nous allons essayer de trouver un bon restau. C’est horrible. Avec les derniers évènements, les restaurants sont tous vides ! Nous faisons un tout petit tour pour finalement opter pour aller à Ocean Seven, tout près de l’hôtel. Manu a très faim alors nous commandons des mezzés et un kebab. Difficile de terminer le repas, à la saveur un peu décevante par rapport au cadre. En plus, Manu commence à être gêné au niveau intestinal. Une petite promenade digestive nous conduit jusqu’à la basilique Sainte Sophie où nous voyons des dizaines et des dizaines de personnes les yeux rivés sur leurs téléphones jusqu’au moment où elles se sont toutes précipitées au même endroit. Nous les suivons : ils jouent à Pokémon Go ! De retour sur « notre » terrasse, j’appelle les filles et maman sur Face Time.

    Vendredi 12 août

    Pendant le petit déjeuner, nous retrouvons une des employées de l’hôtel qui nous reconnait et est évidemment surprise de nous revoir. Nous lui expliquons nos déboires et reprenons le chemin de l’aéroport, en sens inverse. Dans le métro, on s’achète une perche à selfie … comme tous les touristes … 13h20, on quitte Istanbul, direction Doha avant New Delhi.

    A New Delhi, nous réussissons à nous connecter sur Internet et nous découvrons avec effroi qu’il y a un problème politique à Srinagar. Il y a eu des émeutes début juillet et depuis, il y a un couvre-feu dans toute la ville. Nous devons y arriver tôt tout à l’heure, y passer la journée, la nuit pour prendre un bus pour la suite. Or, nous lisons que les transports sont suspendus. Difficile d’avoir des infos sur internet. Manu essaie de passer quelques coups de téléphone mais bien souvent, on ne comprend rien du tout. Il réussit quand même à avoir la guesthouse qui nous confirme que nous ne trouverons pas de transport en commun. Il nous faudra privatiser un taxi (ce qui n’a pas le même coût du tout).

    Notre billet est pris, il faut bien prendre une décision, nous partons. Je m’écroule de fatigue avant même le décollage.

    Samedi 13 août

    Nous savons que les banques de Srinagar sont fermées. Heureusement, le distributeur de l’aéroport fonctionne. Il faut juste apprendre à le connaître. Après plusieurs échecs, nous comprenons qu’il faut insérer la carte et l’enlever aussitôt, méthode qui devra se répéter pour tous les distributeurs indiens. La suite du retrait se fait sans carte. Nous sommes immédiatement pris en charge par le coordinateur de la gare de taxi. Il appelle un chauffeur et lui donne des consignes : le prix de la course est minoré à cause des évènements, mais il faudra nous déposer à un endroit précis à l’entrée de la ville car les taxis n’ont pas le droit d’aller plus loin, il faudra continuer en rickshaw que le chauffeur commandera. Nous traversons alors une partie de la ville … vide. Toute les boutiques sont fermées. Il n’y a pas une personne dans la ville à part des dizaines et des dizaines de militaires.

    Le chauffeur nous arrête comme convenu sur le pont Abdullah bridge. Nous montons bien dans un rickshaw mais pas pour enchaîner tout de suite. Un individu, peut-être un rabatteur, nous dit qu’il est trop dangereux de circuler avant 10h00. Pour patienter, on nous emmène sur un bateau. Nous buvons un thé et mangeons un peu de pain avant d’être installés dans une chambre, sans trop savoir si nous avons bien fait de suivre le rabatteur. Bien-sûr, on donnera ce qu’on veut en partant. Heureusement, nous avons la wifi sur le bateau.

    Finalement, tout se passe bien. Nous partons à l’heure prévue, et nous traversons alors une autre partie de la ville dans un rickshaw qui évite les grands axes. Par mesure de sécurité, il ne nous conduit pas jusqu’à notre guesthouse qui est trop loin. Il nous propose de nous conduire jusqu’au lac Dal. De là, nous prendrons un bateau. C’est parfait, Manu avait justement prévu de faire une promenade sur ce lac l’après-midi, et il n’y a pas de (grande) exagération sur les prix ou de tentative d’intimidation. Nous enchaînons les ruelles à vive allure, croisant des véhicules alors qu’il y a à peine de la place pour un. Il faut s’accrocher.

    Arrivés au lac, le frère de celui qui nous a accompagné en Rickshaw vient nous chercher en shikara avec son petit garçon. Et là, le contraste est énorme par rapport à ce que nous venons de vivre. Tout est calme. Nous traversons le lac Dal puis le lac Nageen. Nous sommes les deux seuls touristes. Nous naviguons en silence parmi de jolies scènes de vies (survolés par des dizaines d’aigles) jusqu’à arriver à notre guesthouse. Nous ne sommes accostés que très peu de fois par d’autres bateaux qui nous proposent bijoux, objets en bois, fleurs et graines dans ce lieu d’habitude très touristique.

    Manu m’a fait une surprise, il a réservé une chambre sur un bateau extrêmement beau (Peacock houseboat)

    Après un petit tour dans le quartier où est accosté notre bateau, nous dînons tôt car demain matin, par mesure de sécurité, nous devons partir avec la voiture du bateau à 4h.

    Dimanche 14 août

    Manu a bien mis deux alarmes mais n’a pas changé l’heure de sa montre… heureusement, nous sommes rappelés à l’ordre à 4h00 par une petite sonnette. Bien entendu, il fait nuit noire quand nous prenons la route accompagnés de Züber et Mushtak (le conducteur). Nous passons très tôt un premier contrôle de police. Quand le jour commence à se lever, nous faisons un premier arrêt pour prendre un thé. Nos accompagnateurs nous ont apporté du pain de mie et du beurre (dans une boite en carton) et des œufs durs. Un peu plus tard, nous nous arrêtons prendre un autre petit déjeuner à Drass. Nous traversons de nombreux troupeaux de chèvres kasmiries.

    La route est longue car nous atteignons Kargil en début d’après-midi. Manu et les garçons cherchent un hôtel, je reste dans la voiture avec un mouton volé par Züber au passage d’un troupeau. Il nous semble qu’il a voulu faire une blague au départ mais que maintenant, il ne sait plus trop quoi faire de ce petit agneau blotti au sol côté passager. En tout cas, ils repartent avec ! De notre côté, nous finissons le pain de mie et les œufs dans notre chambre et nous travaillons sur les photos et le site. Nous dînons à l’hôtel et ne tardons pas à nous coucher car demain, lever de bonne heure !

    Lundi 15 août

    3h15 : le chauffeur de taxi arrive à notre hôtel. Nous allons partager ce taxi avec 5 indiennes et un indien. Bref, nous sommes 9 dans une Ford Scorpio avec le chauffeur, pour les 10 heures de trajet prévues !!! L’indienne près de Manu prie à haute voix pendant presque une heure. Elles sont complètement déchaînées …

    Et puis tout à coup, plus personne, elles se sont toutes endormies. Celle à côté de Manu a la tête qui ballotte et elle se cogne vraiment très fort de manière régulière contre la vitre, sans se réveiller. La route est longue et extrêmement difficile : c’est une piste de mauvaise qualité presque tout le temps.

    Nous faisons de nombreuses pauses qui nous permettent de nous dégourdir un peu les jambes et de grignoter un peu. Le chauffeur nous arrête un moment chez lui où nous goûtons du Satou (orge réduite en poudre qui, mélangée à du thé, donne une sorte de bouillie à manger au doigt) pour la première fois.

    Nous arrivons à Padum vers 13h00. Je me pose dans un coin avec les sacs pendant que Manu va chercher un endroit où passer la nuit. Je m’aperçois alors que j’ai perdu le bracelet que m’avait offert Ingrid à l’aéroport. Je suis triste… j’ai dû le perdre dans la voiture, on était tellement serrés ou alors en mettant mon sac à dos, je ne sais pas.

    Une fois nos affaires posées à la Guesthouse, nous nous octroyons une petite sieste car les 5 dernières nuits ont été très courtes. Nous sommes d’aplomb pour affronter les (3) agences de voyage qui organisent les différents treks de la région. Nous faisons affaire avec l’une d’entre elle, tenue par des frères musulmans. Ici en effet, se côtoient bouddhistes et musulmans, dans un statu quo plutôt calme qui masque tout de même une certaine lutte d’influence sur la population, comme nous le confieront deux voyageurs indiens rencontrés plus tard dans la montagne.

    Départ demain matin pour Phuktal et nous enchaînerons avec le redouté trek Pigmo-Photoksar dès notre retour. En allant dîner, je m’achète une paire de chaussettes locales (dépareillée !) à 200 indian roupies pour remplacer celle que j’ai perdue.

    Mardi 16 août

    Le taxi devant nous conduire à Enmu a 30mn d’avance, nous partons donc à 8h30. Et c’est parti pour deux nouvelles heures de pistes. Nous passons devant le joli petit village de Shila et le monastère de Bardan. Nous croisons également une famille de gitans.

    Nous entamons la marche à 11h30 et arriverons à Cha à 13h45. Je saigne du nez régulièrement : conséquence de l’altitude et de la poussière… La montée est plus difficile que prévue. Nous pensions partir pour une randonnée tranquille, et c’est tout de même bien physique. Entre 3000 et 4000 mètres (Cha est à environ 3800 m), on commence à sentir nettement les effets de l’altitude. Le souffle est plus court, il est difficile de récupérer si on se laisse à marcher un peu trop vite, en particulier en montée.

    Nous ne mettons pas beaucoup de temps à être accueillis à Cha Zourkan House. Le père (71 ans, la mère (74 ans) leurs deux filles et leur fils (qui a fait des études de sociologie) vivent dans cette maison. Après un déjeuner, une petite sieste, avoir été nous laver dans le torrent, fait un peu de lessive, nous faisons un petit tour dans le village.

    En soirée, j’aide à éplucher les légumes et à faire les pâtes pour la soupe pendant que le père prie.

    Je ne dors pas bien encore cette nuit … j’entends les souris courir dans la chambre.

    Mercredi 17 août

    9h00, nous reprenons la route vers le monastère. Je rechigne toujours à prendre des médicaments mais ce matin, je décide de prendre du Diamox (qui réduit les effets de l’altitude). Nous en prenons un demi comprimé chacun.

    Nous avons mis 2h30 à atteindre Phuktal. Certains disent que de ce côté, le chemin est plus dangereux. Il est vrai que nous marchons parfois sur des sentiers abrupts, et si ceux-ci ne posent pas de difficulté technique particulière, il est vrai que le moindre faux-pas nous entraînerait des dizaines ou des centaines de mètres plus bas, une chute probablement fatale ; il faut donc bien regarder le sol et prendre garde à ne pas trébucher, ou à ne pas mettre le pied sur une partie friable en limite du sentier… Nous installons nos sacs dans la Guesthouse du monastère puis nous montons encore pour rejoindre les moines. Nous arrivons pendant l’heure de leur repas. Nous attendons un peu et assistons à la première heure de cours. Le groupe de moinillons est divisé en 4 : les plus petits, récits ? maths, anglais, religions ? En tout cas, c’est un sacré bazar. Difficile de les tenir tous concentrés… les petits d’Eléa, en Thaïlande, étaient des anges à côté !

    Nous dînons dans notre Guesthouse (nous sommes les seuls touristes) et les moines viennent regarder les photos du Kirghizistan sur la tablette.

    Jeudi 18 août

    Nous avons décidé de rejoindre Enmu non pas par Cha mais par Purne car on nous a indiqué cette route comme étant plus longue mais plus facile. Heu … nous ne trouvons pas vraiment. Il faut tout d’abord commencer par traverser un immense pont de singe. La descente est très accidentée, il faut parfois traverser des pierriers assez difficiles. De plus, le temps n’est pas avec nous. Nous sommes contraints de mettre nos vêtements de pluie car nous essuyons deux grosses averses. En chemin (à Purne), j’endors une petite kashmirie de deux mois, ce qui a permis à sa mère et à sa grand-mère de faire la vaisselle. Nous rencontrons un couple de français qui nous apprend que nous sommes exactement à l’endroit où a été tournée l’émission « rendez-vous en terre inconnue », avec Gilbert Montagnier. Ceux qui auront le courage de lire mon carnet pourront essayer de revoir cette émission ; pas nous, sans doute, qui boudons la télévision depuis au moins dix ans… Nous croisons une caravane de mules qui doit descendre de Phuktal. Et pour finir, de nouveau un grand pont de singe qui fait bien peur.

    A l’arrivée, nous essayons d’aider un français à vélo qui semble beaucoup galérer à remonter la pente au sortir du pont. Une fois le pont passé, le vélo est tombé de plusieurs mètres alors qu’il tentait la remontée vers Enmu.

    Nous rencontrons quelques déboires en arrivant à Enmu. Eva (qui tient le site « deux gnomes en voyage »), que Manu avait contacté via Voyageforum nous avait indiqué une adresse. Nous avançons allègrement donc vers le tout petit petit village d’Enmu quand une femme nous interpelle de son champ en nous proposant une chambre chez elle. Difficile de communiquer quand nous buvons le thé qu’elle nous a offert car elle parle mal anglais. Elle nous laisse le terminer et nous dit qu’elle retourne finir son travail. Elle revient finalement 10 mn plus tard, l’air embêtée, nous disant que nous devons aller dans la maison d’à côté, expliquer que nous venons de sa part, car elle ne peut plus nous recevoir.

    La fille d’à côté ne l’entend pas de la même oreille. Elle nous explique que ce n’est pas son tour (il y a un roulement au sein des guesthouses du village) et que nous devons retourner demander la raison de ce revirement de situation. Nous sommes confus car nous trouvons porte close quand nous revenons chez la première. Bref, la seconde accepte mais est mécontente car elle dit que la première hôtesse (sa tante) est coutumière du fait. Nous l’entendons même se plaindre à sa grand-mère. Le problème, c’est que nous n’avons pas trop le choix ici … alors elle nous ouvre sa porte et nous accueille chaleureusement. Nous nous lavons ainsi que quelques vêtements dans le torrent avant le dîner. Elle m’apprend à faire des momos.

    Peu avant le repas, nous sommes rejoints par une japonaise et son guide. Nous échangeons un peu car elle était au Kirghizistan en juin et sera au Népal en même temps que nous. Nous goûtons le Chang (l’alcool d’orge) après le repas. Notre hôte espère nous voir danser mais nous serons sages.

    Vendredi 19 août

    Après le petit déjeuner, nous quittons notre hôte (qui s’est avéré être très rigolote) car nous avons rendez-vous avec notre taxi pour le retour à 9h00.

    De retour à Padum, nous reprenons contact avec l’agence. Nous ne sommes pas très contents car le taxi qu’on avait privatisé est en réalité monté à Phuktal avec 4 personnes (qui étaient d’ailleurs elles-mêmes mécontentes car le prix de la course avait doublé dans la soirée la veille). Nous essayons, en vain, de faire baisser le prix de la course. L’agence nous précise que le horse-man aura finalement 3 chevaux et non deux avant de nous inviter fortement à prendre un cuisinier en plus du « horse-man ». Nous finissons par accepter. On nous dit alors que le horse-man est aussi cuisinier … moyennant le fait de le payer en plus bien entendu. Le horse-man habitant Pigmo, c’est à nous de faire les courses. Nous reprécisons que nous voulons absolument des matelas pour dormir dans notre tente. Au départ, tout est facile et vraiment pas cher. On ne trouvera finalement pas de matelas à Padum (mais pas de problème, le horse-man en aura) et les courses nous coûteront au moins deux fois plus cher que prévu.

    Nous profitons d’être dans une ville pour donner quelques nouvelles mais la connexion internet s’interrompt rapidement. Nous partons donc (le chauffeur, un des frères de l’agence et un de leurs copains) vers Pigmo à 16h15. Nous arrivons deux heures plus tard, devant un pont. Le moteur de la Ford Scorpio s’arrête et ils nous annoncent que nous sommes arrivés. En réalité, il faut traverser le pont à pied et marcher encore un peu avant d’arriver dans le village de Pigmo.

    L’agence nous a vendu le horse-man comme étant un des meilleurs, très expérimenté (faisant ce métier depuis 15 ans). En arrivant dans le village, ils se mettent en quête de trouver la maison de Djorjay Tundup… pas sûre qu’il le connaissent tant que cela. Nous finissons par trouver la maison vide. Nous attendons au moins une heure pendant qu’ils le cherchent. A leur retour, toujours pas de horse-man : il est dans les montagne. Son fils va le chercher.

    Djorjay finit par arriver. Un long échange se fait entre les personnes de l’agence et lui. Nous dormirons chez lui ce soir et nous donnerons ce que nous voulons. Manu s’assure que nous aurons bien des matelas pour le trek. Pas de problème. Nous dînons et nous allons nous coucher dans une chambre. Là encore, pas de draps, juste un matelas posé par terre et des couvertures utilisées par tout le monde pour lutter contre le froid. C’est la première fois que nous passons la nuit juste au-dessus d’un yack.

    Samedi 20 août 

    Nous devions partir à 10h00. Il est plus de midi quand nous voyons Dorjay réapparaître (jusque-là, aucune nouvelle, nous étions dans l’attente…) : il a dû rattraper ses chevaux dans la montagne. Heureusement que l’étape d’aujourd’hui est courte. Nous étonnant de ne pas voir de matelas sur les chevaux, nous lui reposons la question. Apparemment, il tombe des nues. Il attrape une couverture chez lui et nous voilà partis en direction d’Hanumil/Hanamur.

    Nous arrivons au camping deux heures plus tard. Nous montons notre petite tente pour la première fois. Je peux enfin me laver les cheveux dans le torrent.

    Dimanche 21 août

    Nuit moyenne… ayant juste une couverture pour nous protéger du sol, nous avons eu un peu froid. Nous augmentons la dose de Diamox en prévision des jours à venir : nous passons de ½ à 1. L’étape d’aujourd’hui nous a été décrite comme étant une transition entre celle de la veille (très facile) et celle de demain (très difficile).

    Hanamur - Purfi La - Snertse

    Distance: 12.4 km

    Elevation gain / loss: +938m / -610m

    - follow the steep path to climb the pass of Purfi La

    - cross the Omachu river and walk up to Snertse

    Nous mettrons 8 heures à faire cette étape. En traversant le premier ruisseau, peu après être partis, je trouve une paire de lunettes de soleil. Je la range précieusement en pensant trouver la propriétaire au prochain camping. Je trouve cela vraiment difficile. Je finis par craquer en pensant ne jamais y arriver. Ceci dit, je n’ai plus vraiment le choix que de continuer …

    Après avoir traversé le pont au-dessus de la rivière Omachu, nous pensons être arrivés. Nous rencontrons deux jeunes indiens qui, puisqu’il n’y a personne à cette étape, continuent jusqu’à la prochaine. Avant de partir, le plus jeune d’entre eux nous demande si, par hasard, nous aurions récupéré une paire de lunettes. Il est très heureux de les retrouver et nous remercie vivement. Arrivent trois français (Christine, Marc et Rémi) qui s’arrêtent pour leur lunch. Ils nous confirment qu’il faut bien continuer encore deux bonnes heures d’ascension très raide pour atteindre le prochain camping.

    En arrivant à Snertse, nous sommes accueillis par Abhikshit Sharma (le plus jeune des deux indiens) qui nous offre deux barres de chocolat pour nous remercier pour les lunettes.

    Nous montons notre tente dans le vent qui monte de plus en plus. Nous devons la lester avec 4 grosses pierres à l’intérieur pour plus de sécurité.

    Djorjay nous appelle pour manger (il est 17 heures). Nous négocions avec lui le fait d’emprunter deux tapis que l’on met sous les selles des chevaux pour nous servir de matelas.

    Puis nous allons rejoindre les indiens et les français sous la tente parachute. Nous échangeons surtout avec les français qui nous donnent l’adresse de leur agence de voyage à Leh. Ils sont déjà venus il y a deux ans pour faire un trek. Cette fois-ci, ils font le même que nous mais ils vont plus loin. Ils vont marcher une douzaine de jours. Leur voyage leur revient environ deux fois plus cher que nous, de l’ordre de 60 euros par jour et par personne, ce qui est le tarif pour manger sur une table, disposer d’un vrai cuisinier et d’un guide en plus du horseman, et être dispensé de monter et démonter la tente (mais les trajets en jeep sont tout aussi roots et les campings sont les mêmes).

    Nous sommes interrompus par Djorjay qui nous propose le dîner maintenant. Nous venons à peine de terminer le lunch ! Impossible de nous laver ici …

    Nous terminons la soirée avec les petits indiens. Le plus jeune d’entre eux ressemble terriblement à Clément, c’est très drôle. Il a 23 ans, est ingénieur (comme de très nombreux jeunes indiens) et veut s’engager dans l’armée (très présente en Inde). Il a déjà tenté plusieurs fois les années précédentes. Il attend de savoir s’il est accepté à l’oral ou pas. Le plus âgé, ingénieur lui aussi, est désormais alpiniste professionnel.

    Nos sacs et la couverture étant transportés par les chevaux à proximité du bidon de pétrole … tout à une très forte odeur de pétrole. Pas très agréable pour dormir !

    Lundi 22 août 

    Snertse - Hanuma La - Lingshed

    Distance: 17.8 km

    Elevation gain / loss: +1253m / -1119m

    follow the stream towards the Hanuma La

    from the pass, enjoy the views of the rugged Himalayan mountains layered one after one and the village of Lingshed

    descend the zigzag trail and walk to Lingshed

    homestay possibility in Lingshed

    Nous mettrons plus de 10 heures à faire cette étape tellement redoutée. J’ai finalement moins de mal que l’étape d’hier car Manu passe devant et nous montons tout doucement, à pas de souris. Du coup, je n’ai pas de problème de souffle. En revanche, l’étape est vraiment très longue. A la fin, j’ai mal dans le bas des reins. De plus, il faut sans cesse faire attention où on pose les pieds car le chemin est très étroit et le ravin impressionnant. Je tiens bien la main de mon Manu dès qu’il le faut car en cas de glissade, aucune chance d’en réchapper.

    Heureusement, on peut voir des marmottes, ce qui fait un peu diversion. Il y en a une, à la sortie de son terrier, qui ne bouge pas quand j’approche. Je peux m’assoir à 2 mètres d’elle ! Peu avant Lingshed, il y a un camping. C’est ici que se sépare notre chemin commun avec les 3 français. Ils ont une journée de repos ici et continueront ensuite dans une autre direction. Nous, il faut encore continuer jusqu’au monastère … on le voit depuis un moment mais on met du temps à l’atteindre.

    En montant notre tente, un moine vient discuter avec nous. Il est dans ce monastère depuis l’âge de 11 ans ! Nous pensions retrouver nos petits indiens mais non … en revanche, je vois de la lumière dans un bâtiment près du monastère, ils y dorment sans doute. On ne peut pas se laver ici non plus … Quelqu’un a laissé une chaussette noire par terre…je la récupère. Une fois lavée, je reconstituerai une paire avec celle qui me reste.

    Mardi 23 août 

    Lingshed - Singge La Base Camp

    Distance: 11.9 km

    Elevation gain / loss: +976m / -356m

    visit the beautiful monastery of Lingshed. Belonging to the Gelugpa order, it is home to more than 60 monks

    you need to cross two small passes (Kyukpa La and Margum La) before reaching the Singge La base camp

    Le temps est encore couvert. Nous allons acheter quelques vivres supplémentaires à la boutique du camping (des Maggi, des pâtes et de la confiture). Nous commençons la journée par aller visiter le monastère de Lingshed. Nous sommes autorisés à assister à la prière.

    Puis nous reprenons notre périple, toujours tout doucement… Lors de la première montée, nous sommes accompagnés par un énorme troupeau de chèvres et moutons. Souvent, nous assistons à des combats de chèvres qui ressemblent surtout à des jeux entre elles.

    Nous nous faisons surprendre par la pluie au moment du lunch mais cela ne tombe pas trop mal pour une fois car il y a un abri qui nous permet de rester secs. Au moins, ce soir, nous sommes les seuls campeurs, ce qui permet de descendre au torrent nous laver un peu. Même si c’est glacé, qu’est-ce que ça fait du bien quand même.

    Mercredi 24 août 

    Singge La Base Camp - Singge La - Photoksar

    Distance: 20.1 km

    Elevation gain / loss: +689m / -1049m

    cross the Singge La and enjoy the nice view from the pass

    steep descent to the broad valley of Photang

    cross the small Bumiktse La before reaching Photoksar village

    Même si le ciel ne promet rien de bon, nous avons un rayon de soleil au lever ce matin.

    Le début de la marche est nettement plus facile que les jours précédents puisqu’il s’agit de suivre la route qui monte jusqu’ici. De nouveau, nous sommes entourés de dizaines de marmottes. On a l’impression qu’on peut les approcher de plus en plus près. Ce matin, nous sommes témoins de scènes de toilette. Puis nous tentons une approche à ras du sol ce qui fait qu’elles ne nous voient pas tout de suite. En revanche, dès que nous sommes repérés, l’une d’elle avertit toutes ses copines !

    Pour rejoindre le col plus rapidement, nous quittons la route pour reprendre des chemins certes plus courts mais tellement plus difficiles.

    Dans la dernière montée, je suis obligée de m’arrêter, je ne peux plus avancer. Je mange deux barres de chocolat et je bois mon jus de pomme, ce qui me ragaillardit et me permet d’atteindre fièrement le sommet le plus haut (sans doute juste un peu plus de 5000 mètres, mais chaque carte donne une valeur différente !).

    La route monte désormais jusqu’ici. Nous avons beaucoup de chance car nous avons vu une voiture descendre. Djorjay nous dit qu’elle va remonter. Il nous demande alors ce que nous voulons faire : rentrer en voiture ou continuer jusqu’à Photoksar. Nous décidons d’arrêter le trek ici, ce que nous ne regrettons pas car c’était de nouveau une très longue étape.

    Quand la voiture remonte, Manu va se renseigner pour savoir où elle se rend. La réponse attendue étant Photoksar ou Lamayuru, quelle ne fut pas la surprise de Manu lorsqu’il entend le chauffeur lui répondre : Leh pour 500 indian rupies chacun. C’est tellement incroyable que nous demandons une confirmation écrite.

    Nous quittons donc Djorjay (qui manifestement est content de notre décision car il peut rebrousser chemin plus vite) après lui avoir expliqué le montant du périple à lui régler. Comme bien souvent, et pas seulement en Inde, il essaie de négocier (sans nous remercier) encore plus alors qu’on lui avait déjà donner un bon pourboire. Tout cela est toujours un peu décevant. Dans la voiture, il y a une nonne du monastère de Lingshed et une copine qui se rendent à Leh pour leurs études sur le bouddhisme. L’homme de devant semble les accompagner.

    Nous nous apprêtons de nouveau à subir une longue piste de 5 heures, sous un ciel toujours bien chargé.

    La nuit commence à tomber lorsque nous arrivons à la gare routière de Leh. La nonne nous confirme que nous sommes bien dans le centre de Leh. Nous faisons quelques dizaines de mètres, je me poste dans une rue à peu près calme pendant que Manu part à la recherche d’un hôtel. Nous n’avons pas le choix, il reste une chambre « très moyenne » dans un hôtel. Nous sortons acheter quelques bananes, des gâteaux et de quoi boire en guise de dîner.

    Jeudi 25 août

    Nouvelle nuit d’enfer : il y a eu un concert de chiens toute la nuit. Surtout un qui a aboyé non-stop ! Nous sortons dès que possible de cette chambre pour d’abord essayer de comprendre ce qui nous arrive. D’abord, malgré le plan sur le Lonely Planet, nous n’arrivons pas du tout à comprendre où nous sommes. Ensuite, le descriptif de Leh sur le guide ne correspond en rien à ce qui se passe autour de nous : la ville est très sale, impossible de traverser une route tellement les nombreuses voitures et motos roulent vite, alors qu’elle est décrite comme un véritable petit paradis en Inde.

    Manu commence à paniquer. Le retour vers Leh ayant été trois fois plus rapide que prévu, nous sommes amenés à rester dans cette ville 9 jours puisque notre avion est le 1er septembre.

    Nous décidons de persévérer en marchant encore un moment quand tout à coup, au détour d’un carrefour, nous changeons complètement d’univers. Des travaux sont en cours pour terminer une rue dans la partie touristique de la ville. Nous arrivons alors dans un quartier propre, avec de nombreux restaurants plus appétissants les uns que les autres, et bien entendu, des dizaines de boutiques de bijoux, Pashmina, vêtements et autres souvenirs. On se dit alors que de temps en temps, les coins touristiques ont du bon.

    Nous trouvons rapidement l’agence qui organise les tours, recommandée par Christine lors du grand trek. Le gars est effectivement très sympa et comprend bien ce que nous cherchons. Nous souhaitons passer deux jours dans la vallée de la Nubra car cela semble différent de ce que nous avons vu jusqu’à présent. Il nous fait une demande de permis (à récupérer ce soir en fin de journée) et se charge de trouver d’autres personnes intéressées pour partager un taxi. Il nous conduit dans sa famille qui possède deux chambres à louer. Nous acceptons et retournons chercher nos affaires dans l’hôtel miteux.

    Juste avant d’accéder à la chambre proposée par l’agent, il y a un très joli hôtel avec un grand jardin très charmant (Gurja). Manu veut quand même aller vérifier les prix. C’est évidemment beaucoup plus cher mais comme on est en fin de saison, ils nous proposent une chambre ayant vue sur le jardin avec un balcon pour 1500 indian roupies. Comme nous allons rester plusieurs jours, le prix baisse à 1400. Il y a la wifi et un service de laverie. Il faut voir dans quel état de saleté nous sommes : nous-mêmes et le contenu entier de nos vêtements. Nos chaussettes tiennent debout toutes seules ! Nous décidons de rester ici du coup. Nous allons juste nous excuser auprès de l’agent qui ne semble pas nous en tenir rigueur. Il nous apprend que nous partons demain matin pour la vallée de la Nubra.

    Je m’achète de l’huile car mes jambes ressemblent à de la peau de crocodile. Quant à mes pieds, n’en parlons pas. Je crois que j’aurai besoin d‘une séance de pédicure à notre retour. Nous déjeunons dans un restau très sympa, le World Garden où nous nous régalons avec un poulet tandoori.

    Le service de laundry a un tarif pour chaque vêtement. Je négocie chaque vêtement à 10 indian rupies en expliquant que j’aurai deux machines pleines à faire. Marché conclu, il repart avec la lessive de couleur claire. Nous nous décrassons et essayons de donner des nouvelles. La connexion est moyenne. Je réussis à avoir Béa sur Facebook et Papierre et Mimine, qui nous voyant connectés, nous appellent sur Skype.

    Nous récupérons nos autorisations pour la vallée de la Nubra et nos passeports avant d’aller dîner au restaurant la Terrasse. En rentrant, le ciel gronde et il y a quelques gros éclairs. Il y a une coupure de courant dès notre arrivée à l’hôtel mais cela ne durera pas trop longtemps. Nous passons enfin une bonne nuit, dans un endroit calme, dans des draps propres.

    Vendredi 26 août

    Je commence la journée par envoyer un petit message aux filles pour leur anniversaire car nous ne sommes pas sûrs d’avoir de la connexion dans la vallée de la Nubra. Manu réussit à mettre l’album de Srinagar en ligne malgré le débit internet très faible. Nous laissons la plupart de nos affaires à l’hôtel qui nous promet une chambre à notre retour.

    Nous prenons un petit déjeuner à la German Bakery et sommes à 8h00 pile devant l’agence, heure du départ prévue. Nous passerons ces deux jours en voiture en compagnie de José (53 ans, portugais) et son fils Julio (18 ans), et de Cindy (27 ans, guatémaltèque, mystique).

    Nous faisons la montée sous un ciel de plus en plus menaçant et quand nous atteignons Khardung-La, on ne voit pas grand-chose. Il s’agit pourtant du plus haut col au monde accessible par voie carrossable : 5602 mètres !

    Une fois de l’autre côté, le temps s’améliore un tout petit peu. Nous apercevons quelques Dzo (mélange entre la vache et le yack). Le chauffeur nous propose une pause déjeuner à midi pile mais nous préférons tous attendre le village suivant. Nous aurions sans doute mieux fait d’écouter sa première demande, sans doute était-il fatigué car quelques minutes plus tard, je vois ses yeux se fermer de plus en plus dans le rétroviseur. Je demande vite à José de le réveiller !!!

    Après le repas, il nous conduit d’abord à un monastère puis nous reprenons la voiture pour aller voir une grande statue de Bouddha. Nous apercevons quelques chameaux sauvages jusqu’à ce qu’on voit un attroupement de touristes devant une cinquantaine de chameaux, plus sauvages du tout cette fois.

    Le chauffeur nous propose une première Guesthouse mais il n’y a que deux chambres. Nous allons plus loin, à Goba, où nous pouvons tous rester. Il est 15h30, nous repartirons à 17h00 voir les fameux chameaux. Nous essayons d’aller nous promener tous les deux pendant ce laps de temps mais il n’y a rien à voir si ce n’est des dizaines de Guesthouse côte à côte. Il y a bien un autre monastère mais nous n’aurions pas le temps d’y monter. A 17h00, nous sommes prêts à partir mais Cindy n’est pas là. Nous attendons 10 minutes mais nous devons partir sinon, il n’y aura plus de soleil pour photographier les dunes (au grand dam de Manu). Le chauffeur nous y amène et retourne chercher Cindy. Nous nous trouvons alors devant une scène touristique comme nous les détestons, Manu et moi. Il y a bien quelques dunes de sable (cela reste une curiosité géologique malgré tout) mais toutes petites et archi peuplées de touristes.

    Nous en trouvons une un peu plus loin où nous nous installons tous les deux pour voir le ballet incessant des touristes montés sur les chameaux pour aller faire une promenade de quelques dizaines de mètres. De retour à la Guesthouse, Manu, dans le noir à cause d’une coupure de courant, étale le sable que nous avons pris pour nos éprouvettes pour mettre un message pour l’anniversaire de Charlotte et Emilie. Nous avons de la connexion internet alors que, pour la première fois, je n’ai pas emmené le Mac car nous ne pensions vraiment pas que ce serait le cas. Grace à Viber, je peux avoir Charlotte de vive voix. Emilie ne rentre que demain de ses vacances avec son père.

    Samedi 27 août

    Cette Guesthouse se distingue des autres par son (encore plus) grand manque d’organisation. On a eu beau écrire nos demandes de dîner, petits déjeuners, rien ne nous a été servis correctement. Quant au check out, il a duré très longtemps car il n’y avait rien de noté. Il a fallu tout reconstituer, recompter …

    Au lieu de partir à 8h00, nous démarrons à 9h00. La première partie de la route est identique à hier jusqu’à ce que nous tournions à gauche à l’unique embranchement. Ce qui est drôle, c’est qu'aucun d’entre nous ne savons où nous allons.

    Notre chauffeur nous emmène de nouveau visiter un temple, beaucoup plus récent cette fois-ci. Nous retrouvons Cindy en position du lotus, en train de prier, comme à chaque fois qu’il y a un temple. Puis nous retrouvons la route principale, en direction du retour, route la plus dangereuse que nous avons empruntée de notre vie. Les virages s’enchaînent pendant des kilomètres, entraînant une très mauvaise visibilité. Il n’y a aucun parapet et le vide d’un côté de la route.

    Tout ceci fait qu’aujourd’hui, j’ai dû mal à remonter le col … José demande au chauffeur de s’arrêter dès qu’il jugera bon pour faire des photos. On n’aurait jamais imaginé qu’il puisse s’arrêter dans un pire endroit ! Je profite de cet arrêt pour demander à José et Julio de changer de place. Nous nous retrouvons sur la banquette du milieu et non plus derrière. Le chauffeur nous arrête 20 minutes plus tard pour déjeuner, dans un endroit vraiment sordide.

    Nous sommes très déçus de ces deux jours et nous nous promettons de ne plus faire de genre d’excursion trop touristique pour nous. Aussi, nous sommes biens contents de rentrer nous mettre à l’abri dans notre hôtel. Sauf qu’en arrivant, nous avons la mauvaise surprise d’apprendre qu’étant complets, ils nous ont attribué une chambre dans un autre hôtel de qualité équivalente bien sûr. Nous allons voir mais, comme il fallait s’en douter, c’est loin d’être aussi bien et en plus, c’est plus cher. Nous refusons cette offre et trouvons finalement une autre chambre, très moyenne mais potable pour la nuit, à l’hôtel Zikzik. Nous sommes tellement fatigués de nos deux jours difficiles de voiture que Manu allume la télé à l’hôtel, pour râler car il y a des centaines de chaînes qui ne proposent que de la m ...

    Je me colle contre lui, j’ai mal partout. J’ai 38°5 … mais je n’ai aucun symptôme, c’est juste comme si mon corps disait « stop ». Il me faut beaucoup de courage pour me lever pour aller dîner. Je me couche dès notre retour. Dans la nuit, j’ai presque 39°5, je me décide à prendre un médicament.

    Dimanche 28 août

    Je me sens mieux ce matin bien que la fièvre ne soit pas complètement tombée. Je reprends de l’Ibuprofène pour assurer la suite. En rentrant du petit déjeuner, nous trouvons une autre offre, l’hôtel Zambhala, qui a l’avantage d’être plus central et d’avoir lui aussi un joli jardin pour un prix inférieur. Manu hésite car il s’est fait promettre une chambre à l’hôtel Gurja. Je ne cède pas et nous prenons nos quartiers dans notre nouvelle chambre.

    Le problème pour nous, c’est que nous sommes ici pour 4 jours encore et que le câble internet qui distribue Leh a été coupé. Reste à savoir sous combien de temps il sera réparé. Nous faisons la connaissance de Raoul (un hollandais parfaitement anglophone) et Déborah (une italienne qui voyageait seule elle-aussi, aussi ont-ils décidé de terminer le voyage ensemble).

    Lundi 29 août

    Nous essayons de régler les problèmes courants dès que nous avons une connexion mais c’est toujours assez mauvais, et par intermittence… Nous nous laissons vivre (nous profitons de la bonne nourriture indienne servie dans des endroits sympas), nous faisons un peu de shopping : je fais recoudre un accroc de ma jupe (je l’ai peut-être accrochée à un arbuste épineux lors du trek), nous achetons des sur-sacs à dos (protection contre la pluie), un nouveau petit sac à dos d’appoint car l’un des deux nôtres est déchiré, et Manu fait recoudre un bouton et un accroc sur son pantalon et la poche de son Icebreaker.

    Dommage que tout ceci se fasse sous les nuages voire sous quelques gouttes de pluie, et vêtus de tous nos vêtements chauds. Manu est démoralisé. Nous sommes dans la période « statistiquement » la plus belle de l’année. Sauf qu’avec le dérèglement climatique, la chaîne de l’Himalaya qui retenait jusqu’à présent les nuages de la mousson de Chine, les laisse à présent passer …

    Mardi 30 août

    La matinée alterne entre nuages gris, faible crachin pour aller jusqu’à de la pluie. Je travaille sur le carnet de voyage pendant que Manu essaie de s’en sortir avec le faible débit internet. Nous sortons déjeuner dans un restaurant en face de l’hôtel. Il n’y a pas internet non plus mais en revanche, ils ont un dessert « Hello to the queen » que Manu reluque depuis plusieurs jours. En effet, il figure sur presque toutes les cartes mais personne ne le fait en réalité.

    Les nuages s’estompent pendant ce temps, on a presque trop chaud sur la terrasse du restaurant. Du coup, on monte jusqu’au Palais de Leh. Pour y accéder, on passe dans des ruelles plus typiques, aux fortes odeurs d’urine. Une horreur ! L’entrée coûte 200 indian rupies par personne, ce qui nous paraît beaucoup trop cher. Du coup, on nous fait payer que la moitié. Bizarrement, les indiens arrivent a faire une rénovation à peu près convenable de ce palais. Du haut, on a une très belle vue sur Leh. Nous finissons par le temple où, une personne assise à l’intérieur nous demande 30 indian rupies chacun. Un comble ! Il y a une belle lumière de fin de journée quand nous redescendons dans la ville. Manu en profite pour faire quelques photos témoins du merdier de l’Inde.

    Manu dépose son coupe-vent qui est déchiré chez « son » couturier. Tout cela est un peu décevant : pour une fois, nous avons acheté des vêtements de marque réputés être d’une extrême solidité … De retour à l’hôtel, Manu s’énerve car les coupures de courant et d’internet s’enchaînent, ce qui empêche tout téléchargement des photos, donc toute mise en ligne du site ou tout post sur Facebook …

    Mercredi 31 août

    Nous nous levons, pour la première fois depuis bien longtemps, sous un ciel bleu. Nous quittons Leh la nuit prochaine, la météo annonce du très beau temps à partir d’aujourd’hui, sans aucune perturbation avant bien longtemps… La connexion internet fonctionne mieux que d’habitude. Nous sommes enfin à jour !


    Carnet de Manu

    01/09/16

    Pour limiter la redondance avec le carnet d'Isabelle, je ne reprendrai qu'un minimum d'éléments chronologiques, pour concentrer davantage mon récit sur des analyses de synthèse.

    Tout d'abord, pour situer un peu l'action, on peut dire que cette seconde partie de voyage s'est passée dans un lieu un peu à part. Techniquement certes, nous sommes en Inde, du moins si l'on en croit la majorité des organismes internationaux. En vérité, nous sommes dans une région si spécifique de ce pays qu'il pourrait aussi bien s'agir d'une province indépendante. Sur certaines cartes, sa frontière, disputée, figure d'ailleurs souvent en pointillés.

    Rien que pour définir nous-mêmes le cadre de ces trois dernières semaines, nous serions en droit d'hésiter. Nous sommes indiscutablement dans l'Etat de Jammu et Cachemire, mais nous n'avons en fait jamais mis les pieds au Jammu. De plus, 95% de notre parcours s'est déroulé au Ladakh (et plus spécifiquement au Zanskar, qui en couvre une bonne partie selon en découpage d'ailleurs peu évident), territoire suffisamment spécifique pour se différencier assez nettement du reste du Cachemire, ne serait-ce que sur les plans ethnique et religieux. En effet, si la raison pour laquelle le Cachemire s'oppose à l'Inde depuis des décennies tient en grande partie au fait qu'il s'agit d'une région majoritairement musulmane (ce qui la rapproche du Pakistan, dans l'influence duquel elle ne veut cependant pas tomber), c'est le contraire à l'intérieur même de son territoire, avec la plus grande partie du Ladakh et des territoires d'altitudes qui sont traditionnellement bouddhistes (et non hindouistes, comme le reste de l'Inde), et même plus spécifiquement bouddhistes tibétains. Nous avons à plusieurs reprises franchi la ligne de fracture de cette division religieuse (à Srinagar et Kargil, nous étions en terre d'islam, pendant les treks dans le Zanskar en environnement bouddhiste, à Padum ou Leh, partagés entre les deux), qui n'aide pas à identifier clairement ce qui pourrait constituer un centre de gravité culturel et spirituel du pays. Les seuls moments où nous avons senti une forme de cohérence ethno-religieuse ont eu lieu dans les temples et monastères, mais là encore la situation était un peu suprenante: on avait vraiment le sentiment de se trouver au Tibet ou au Népal, et non pas en Inde, car le type ethnique des moines est exclusivement sino-mongol, ce qui peut surprendre dans une zone où la majorité de la population est plutôt de type aryen (indien du Nord).

    Dans le cadre général de notre tour du monde, ce pays s'est intercalé en seconde position, juste après le "vrai" pays secret qu'était le Kirghizistan. Il s'agit dans mon esprit d'un pays "semi-secret" si l'on veut, ce qui fait que certains ont pu m'entendre dire qu'un pays secret pouvait en cacher un autre. La plupart de ceux qui suivent notre parcours savaient que nous passerions en Inde, mais ce passage "officiel" était situé dans une autre province (l'Assam) et près de trois mois plus tard. En réalité, ces trois semaines au Ladakh complètent notre parcours en Asie Centrale, ce qui tout bien considéré est à peu près logique concernant un tour du monde vers l'est partant d'Europe au milieu de l'été.

    Nous avons d'ailleurs trouvé quelques points communs entre le Kirghizistan et le Ladakh: le climat montagnard et continental (le froid dans les tentes et au petit matin), la fréquence des torrents, la difficulté des trajets par les routes/pistes, l'importance des chevaux, l'abondance des abricots, la compagnie occasionnelle des marmottes, la substitution de la mer par les lacs de montagne. En revanche, la vie rurale y est assez différente: les pâturages d'altitude semblent plus vastes et plus riches au Kirghizistan, et justifient d'une vie nomade abondante et prospère. Au Ladakh, tout est plus sec et désolé, et il n'y a guère de troupeaux de grands ruminants (si ce n'est quelques groupes de yaks ou de dzos, dont on nous a affirmé qu'ils étaient sauvages): presque exclusivement des moutons et des chèvres, dont la toison est certes mondialement réputée pour sa chaleur et sa finesse. Les paysages varient aussi, plus abrupts et plus déchirés au Ladakh, plus grandioses pour ceux qui, comme moi, aiment les paysages minéraux dépourvus de toute forme de vie.

    Le côté "indien" du Ladakh s'est malheureusement rappelé à nous par le bruit et la saleté des rues, que ce soit dans les villes ou les villages. Trek difficile et équipement minimaliste aidant, nous nous sommes vite retrouvés couverts de crasse et de poussière, et pour le dire simplement, nous n'avons jamais été, je crois, aussi sales de nos vies qu'à notre arrivée au col du Sengge-La. Le second aspect désagréable de l'Inde est le côté administratif lourd et inefficace, se manifestant tantôt par des contrôles de passeports et visas à durée indéterminée le long des routes, tantôt par des procédures de check-in éprouvantes même dans les hôtels les plus modestes. Le troisième problème auquel nous nous sommes heurtés tient à une certaine façon de négocier propre aux indiens, pas forcément trop désagréable en elle-même, mais plutôt fatigante, en ce qu'elle a tendance à présenter les difficultés de manière croissante. Au début, les choses semblent possibles et bon marché. Puis au fur et à mesure qu'on précise les termes de l'accord, des difficultés surgissent, entraînant en général impossibilités, délais et surcoûts. Et jusque tout à la fin, comme par exemple dans le cas de nos treks, nos intermédiaires cherchent à nous en demander davantage.

    Bon. Tout cela aurait dû être compensé par une immense gratification du point de vue du voyage en lui-même et des paysages traversés. L'honnêteté intellectuelle nous oblige à reconnaître que cela n'a pas été le cas. Il est vrai que nous avons été particulièrement malchanceux avec le temps. Je passe les détails statistiques, mais je pense qu'entre nos treks à Phuktal, au Zanskar et dans la vallée de la Nubra, nous sommes tombés dans le plus défavorable d'un fractile probablement compris entre un sur 100 et un sur 10000 (qu'on me pardonne les trois ordres de grandeur de l'intervalle mais le calcul n'est pas facile), ce qui ajouté à notre malchance climatique au Kirghizistan et à nos problèmes techniques et informatiques, nous a placés dans une configuration beaucoup plus défavorable que ce que j'aurais imaginé comme le "worst case scenario" avant le début du voyage. C'est une chose de l'écrire, et c'est une autre chose de le vivre. J'ai tout de même 52 ans, l'expérience de la vie et un excellent sens des probabilités, éprouvé depuis mes années de jeunesse au moyen d'interminables séances de tirs au dés et de jeux de hasard. Je suis intimement convaincu que les lois de la nature sont immuables, et je me moque des superstitions relevant de la confusion causes/conséquences ou corrélation/causalité. Et pourtant, je me suis pour la première fois de ma vie demandé assez sérieusement s'il n'était pas temps d'en revenir à une métaphysique de la fatalité, ou de la prédestination, pour parvenir à trouver une cohérence à une telle séquence d'événements malchanceux.

    Je sais d'expérience que les circonstances, et en premier lieu les circonstances climatiques, revêtent une importance déterminante dans l'image qu'on se fait d'un voyage, et par conséquent d'un pays. Néanmoins, au-delà de cette évidence, et si je cherche à corriger le souvenir de nos treks de ce filtre d'infortune, je crois pouvoir affirmer que la traversée du Zanskar n'a pas été à la hauteur de nos espérances (et peut-être aussi du prix, en termes de fatigue et d'investissement temporel, qu'il a fallu payer pour l'atteindre).

    Une parenthèse à ce stade: si le Ladakh a constitué pour nous un sommet de saleté (nous n'avons, je l'ai déjà écrit, jamais été aussi sales), il a aussi constitué, quelques jours auparavant, un sommet de fatigue. Du fait de l'annulation de notre vol prévu entre Bishkek et Istanbul, nous avons en effet enchaîné: une journée et une nuit pratiquement blanches pour tenter de résoudre le problème du changement de billet, à Bishkek (environ 1h30 de sommeil sur 24h pour moi); le lendemain, lever avant 4h du matin pour prendre notre vol (enregistrement interminable de surcroît); le lendemain, une nuit presque complète, mais dans un endroit différent (Istanbul), forcément peu adapté à un repos complet; le lendemain, nuit pratiquement sans sommeil entre trois avions d'environ 1 à 3 heures chacun, entrecoupée de formalités d'aéroport; le lendemain, réveil vers 4h du matin pour traverser Srinagar sous couvre-feu; le lendemain, réveil avant 3h pour enchaîner sur le pire voyage en Jeep de notre vie. Le tout pour arriver dans une ville plutôt désagréable et dépourvue de charme (Padum), dans laquelle le sommeil a été particulièrement difficile à trouver malgré la fatigue à cause de l'altitude, puis de commencer à enchaîner les nuits en homestay (matelas au sol, pas de sommier, pas de draps), puis en tente de bivouac (pas de matelas, pas de place pour bouger). Bon. Au bout de 6 à 8 jours pendant lesquels on accumule une dette de sommeil de plusieurs heures à chaque nuit, on n'est plus forcément dans les meilleures conditions pour profiter des paysages... par ailleurs couverts, voire pluvieux.

    Mais c'est une autre raison qui fait que nos treks n'ont pas été à la hauteur de nos espérances: cett raison tient principalement à la difficulté des treks en eux-mêmes, qui est vite devenue si présente qu'elle avait tendance à envahir l'espace de nos préoccupations et de nos perceptions. Un exemple: lorsque chaque pas est si coûteux en effort et si potentiellement dangereux en cas de chute qu'il absorbe la totalité de notre champ d'attention, il ne reste plus aucune capacité de concentration visuelle pour profiter du paysage. Or c'est bien ce qui s'est passé la plupart du temps: nos yeux étaient rivés sur le sentier à quelques mètres en face de nous, et nous ne pouvions les lever qu'au moment des rares pauses, par ailleurs utilisées à récupérer. Il faut d'ailleurs signaler que cette difficulté a été présente dès le départ, l'accès au monastère de Phuktal étant nettement plus difficile que nous l'avions imaginé: pas tant en temps total de trajet qu'en pénibilité et en dangerosité (tant pour l'accès par Cha que par Purne). Il est vrai que nous ne sommes pas des trekkeurs d'expérience, mais enfin tout de même, nous sommes quand même en bonne forme physique et pas spécialement regardants sur le confort, par rapport à la plupart des voyageurs. Alors que s'est-il passé? Ce genre de parcours n'est-il adapté que pour des voyageurs encore nettement plus "roots" que nous, tel ce cycliste rencontré transpirant et sanguinolant sur la paroi d'un ravin, nous affirmant contre toute évidence qu'il trouvait la route plutôt facile? Certains trekkeurs sont-ils comme ensorcelés par la destination au point d'inverser leur échelle de valeur? Ou suis-je en train de devenir, l'âge aidant, moins adaptable et plus grincheux, ce qu'Isabelle n'a pas tardé à me faire remarquer (pour des raisons d'homéostasie, les avis se complètent et se rejoignent le plus souvent au sein d'un couple de voyageurs, mais il est aussi des occasions où l'un tend à modérer les opinions de l'autre, selon un schéma de rééquilibrage qui peut basculer d'un côté ou de l'autre en raison de variations initiales mineures, illustration parmi d'autres de la théorie du chaos) ?

    Quoi qu'il en soit, certains des endroits les plus inaccessibles, et réputés exceptionnels, sont par ailleurs franchement décevants: il est par exemple impossible de trouver le moindre charme à la grotte du monastère de Phuktal, jonchée de branchages et de débris, alors même qu'elle est supposée constituer le saint des saints de ce lieu de retraite mondialement réputé pour son caractère isolé et préservé. Sauf à voir les choses d'une manière perverse consistant à n'évaluer une destination qu'en proportion de sa difficulté d'accès au mépris de toute objectivité (biais particulièrement anti-kantien, soit dit en passant), on ne peut pas ne pas remarquer que les couloirs de Phuktal puent la pisse, que les moinillons se comportent non pas comme des apprentis-sages, mais comme des gamins particulièrement sales et turbulents, et que les moulins à prières sont en meilleur état et mieux entrenus dans pratiquement tous les autres monastères du Zanskar. Et que dire, pour prendre un exemple diamétralement opposé (au moins géographiquement): la vallée de la Nubra? L'exhibition ridicule d'une poignée de chameaux résignés, déambulant sur un parterre de dunes qui seraient jolies (quoique inférieures à presque n'importe quel site du Sahara) si elles n'étaient couvertes d'une nuée de touristes (pour la plupart locaux il est vrai) absolument sans proportion avec ce que pourrait/devrait supporter le site. Tout cela accessible par une route éprouvante qui semble être considérée comme une attraction en elle-même, ce qui pourrait se défendre si elle n'était jonchée d'ordures, semée de zones de travaux poussiéreuses éprouvantes (surtout pour leurs infortunés trieurs de pierres et autres terrassiers) et finalement assez peu spectaculaire en dehors de la stricte permanence du danger lors des croisements de véhicules ou de virages serrés.

    On me trouvera peut-être sévère, et il est vrai que j'exagère peut-être un peu le trait. Le bilan "J'aime/J'aime pas" qui vient permettra peut-être de nuancer un peu l'analyse. Mais je pense que nous devons faire preuve de lucidité dans le regard que nous portons sur notre voyage. Il serait facile, mais faux, de traverser cette année de voyage dans une sorte d'épiphanie permanente et de réjouissance indéfinie et naïve: non, la déception (qui ne se confond pas avec le regret) et la sévérité font aussi partie de la vie, et singulièrement de la vie de voyageur, et il convient de leur donner, y compris dans ces carnets de souvenirs, tout la place qu'elles méritent. Ce n'est qu'à ce prix que nous pourrons être crédibles, espérons-le, lorsque les choses s'amélioreront et que nous serons là pour le vivre et pour en témoigner.

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu au Ladakh

    J'ai aimé:

  • Le sentiment de relative sécurité dans les endroits traversés, même bondés de militaires
  • L'étonnante ponctualité des transports, notamment des taxis privés, toujours à l'heure
  • Pouvoir boire l'eau des ruisseaux pendant les treks, pour se désaltérer sans s'alourdir
  • Notre petite tente Décathlon qui a très bien rempli son rôle de dépannage, et résisté au vent et à la pluie tout en restant facile à monter et démonter
  • Le fait d'enchaîner un dîner à 17h et un souper à 20h durant le trek. Miam!
  • Le soulagement à la fin de notre étape de l'Hanumil -La, étape la plus difficile, et la joie d'avoir réussi à triompher, non sans mal, du Sengge-La, pour notre premier passage sans assistance à plus de 5000 mètres
  • Les panoramas sur Lingshed au franchissement de l'Hanumil-La, autour de Lingshed même, puis du côté de Photoksar
  • Pouvoir m'asseoir dans n'importe quel restaurant, surtout à Leh, en ayant l'assurance d'avoir accès à un menu varié, savoureux et bon marché. Mention spéciale pour le biryani et les plats au masala
  • Le côté néo-hippie de Leh, avec certains voyageurs qui déambulent en dreadlocks, pieds nus par 8°C et avec un anneau dans le nez
  • Les montagnes enneigées en fond de paysage dans la plupart des endroits traversés
  • Les mueslis super-abondants, les "Hello to the queen" magnifiques et délicieux
  • Le climat de Leh quand le soleil brille
  • J'ai moins aimé:

  • La circulation anarchique des voitures, camions et motos dans les rues mêmes touristiques, dès lors qu'elles ne sont pas piétonnes
  • La nuisance sonore quasi-permanente des Royal Enfield dans les rues de Leh
  • L'utilisation systématique du klaxon même quand il ne sert à rien
  • L'état de santé général des chiens errants
  • Notre invraisemblable malchance avec le climat: au lieu des 300 jours de soleil par an, nous avons eu droit à un ciel couvert et de la pluie presque tous les jours sur la totalité de nos périodes de trek
  • La gestion des déchets, absente ou déplorable, qui se traduit par la présence de quasi-décharges et d'odeurs pestilentielles même aux endroits supposément les plus protégés
  • Les paysages de nos plus beaux treks, certes spectaculaires mais tout de même moins que ce que j'aurais imaginé
  • La difficulté plus grande que prévue de la vie en trek, tant la nuit, du fait de l'inconfort des campsites et de notre équipement, que la journée, du fait de la difficulté des ascensions d'altitude; difficulté et saleté généralisées et envahissantes, de nature à gâcher un peu le spectacle des paysages traversés
  • Le cirque touristique ridicule de la vallée de la Nubra
  • La surestimation du site de Phuktal, inversement proportionnelle à la sous-estimation de sa difficulté d'accès
  • La gestion administrative déplorable de tous les aspects de la vie publique et de la gestion commerciale, avec des heures perdues en formalités inefficaces et peu compréhensibles, par exemple lors des check-in dans les hôtels
  • La quasi-absence de connexion Internet, don on ne sait jamais si l'accès est bloqué pour des raisons politiques d'isolement du Cachemire ou des raisons techniques (arrachement de câble?), mais qui marche tout de même juste assez pour redonner un peu d'espoir que les choses vont s'améliorer, avant évidemment de s'arrêter à nouveau sans avertissement et pour un temps indéterminé pouvant aller jusqu'à plusieurs... jours. Bref, des dizaines d'heures perdues et de la frustration en pagaille
  • Le dysfonctionnement de l'électricité, de l'eau chaude, bref de toutes les infrastructures, à tout moment, sans cohérence ni perspective claire de redémarrage
  • Les chiens errants, en général pas agressifs, mais nombreux, en mauvaise santé, et parfois très bruyants la nuit
  • J'ai remarqué:

  • L'énorme travail de construction de routes et d'antennes de télécommunication
  • L'omniprésence des casernes contrastant avec l'absence de police
  • Les vaches maigres et désoeuvrées dans les rues, conformément au cliché