Carnet des îles Togian

Pour consulter les albums photos complets avec une meilleure définition, les adresses sont les suivantes:

  • Album de Malenge
  • Album de Bolilanga



  • Carnet d'Isabelle

    Jeudi 15 septembre

    Nous sommes tous prêts à 2h00 mais après avoir attendu plus d’une demi-heure, Manu se permet d’aller réveiller la petite dame de l’hôtel qui s’empresse alors de téléphoner au chauffeur de taxi… qui ne s’est pas réveillé. Nous partons donc avec une heure de retard, chacun notre petit sachet de clous de girofle en poche. Nous étions déjà sortis de Tentena quand un scooter nous double et nous demande de nous garer. C’est la dame du Victory qui envoie son fils car elle a oublié de nous donner des petits pains pour le petit déjeuner.

    Nous faisons une pause à mi-parcours et nous arrivons à 8h00 au port d’Ampana. Le départ du speed boat est prévu pour 9h00, juste le temps d’aller prendre un café et quelques pâtisseries. On revient juste à temps, heureusement qu’on nous a chargé nos bagages. Nous faisons plus ample connaissance avec les deux jeunes françaises du Victory avec qui nous avons partagé la voiture : Emilie, 34 ans, dentiste en Nouvelle-Calédonie après 2 ans en Polynésie et encore avant à Mayotte accompagnée d’Anne-Sophie, 38 ans en « reconversion professionnelle » après avoir travaillé dans l’éolien à Avignon.

    Pendant le trajet, le speed boat a soudainement fait demi-tour. Il avait juste oublié de s’arrêter sur l’île de Bomba pour prendre 2 personnes. Je conseille à Manu de faire attention à l’arrivée car je remarque que l’homme a exactement le même sac à dos que lui. Arrivés au port de Wakaï, nous sommes assaillis de proposition de transport. Les filles n’ont pas de plan précis. De notre côté, nous cherchons à partager un bateau pour aller à Malenge. Manu aborde le couple monté à Bomba en train de négocier avec un bateau car il s’avère qu’il vise la même île que nous. C’est a priori un bateau pour transporter 4 personnes mais les filles ayant décidé de se joindre à nous, le propriétaire du bateau accepte que nous montions à 6.

    Le trajet est lent car un seul des deux moteurs fonctionne. Nous lions connaissance avec Kristophe et Simone et nous rions beaucoup car les coïncidences s’enchaînent. Au-delà du sac à dos, l’homme a le même appareil photo que Manu. Il a aussi un FZ 1000. Ils débutent aussi un tour du monde (leur 3ème plus exactement). Manu, sûr de lui, leur dit qu’il y a beaucoup de similitudes entre nous mais qu’il est certain qu’ils n’ont pas commencé leur périple par le même pays que nous. Effectivement, ils ont commencé … par le Ladakh !

    Le conducteur du bateau accoste sur l’île de Bolilanga pour soi-disant réparer le moteur défectueux. Le personnel de l’île nous incite à rester car il est déjà tard et les vagues devraient se lever. Kristophe et Simone se laissent convaincre, nous décidons de suivre notre plan accompagnés d’Emilie et Anne-Sophie. Nous mettons 4 heures en tout pour atteindre Malenge. La premier resort (Sera Beach) est complet. Même chose concernant Bahia Tomini et Sandy Bay. La nuit commence à tomber, il nous reste une seule chance … A Malenge Indah, il reste deux chambres mais sans sanitaire. Il faudra partager toilettes et mandi.

    Les indonésiens ont pêché un gros baracuda qui nous sera inévitablement servi dans les jours à venir. Le petit chaton de l’île à peine sevré se love dans ma jupe qu’il va téter toute la soirée.

    Vendredi 16 septembre

    Nous partons en excursion pour la matinée avec les filles et un couple de hollandais Ruben et ? Nous commençons par visiter le village. Pour y accéder, il faut emprunter une des plus longues jetées piétonnes du monde (1 km). Le site est vraiment très beau, la transparence de l’eau étonnante, on se croirait devant un aquarium.

    Nous nous arrêtons ensuite snorkeler à la passe « number 5 ». Sur le trajet de retour, nous croisons un banc de dauphins qui nous tourne autour, nous frôle mais évite de se faire photographier.

    Après le déjeuner, nous explorons ce qu’il y a sous l’eau juste devant notre resort. Certains poissons sont un peu inhabituels pour nous mais dans l’ensemble la qualité du snorkeling local est plutôt moyenne.

    On nous propose ensuite d’aller voir une grotte à chauves-souris. Le même groupe que ce matin accepte volontiers, sauf Emilie qui reste lire. Il nous faut grimper environ 30 minutes pour atteindre cette grotte. Là, nous ne sommes pas déçus du voyage : une forte odeur se dégage de la grotte. Nous suivons le guide à l’intérieur de la grotte. Il y fait de plus en plus sombre. Nous marchons dans les fientes de chauve-souris. Nous nous retrouvons rapidement dans le noir complet. Armés de lampes, nous apercevons un varan se promenant dans les excréments. Il y a un monticule de plus d’1 mètre de ces déchets ! Quelques-uns d’entre nous en reçoivent directement sur eux. L’odeur et la chaleur sont devenues quasiment insupportables. Nous sommes tous trempés jusqu’aux os !

    J’ai terminé Barjavel et je n’arrive pas à mettre un nouveau livre de ma bibliothèque ou de celle qu’Emilie vient de me donner dans mon Kindle alors que j’ai donné ma bibliothèque à Anne-Sophie qui la lit parfaitement de sa tablette (qui n’est pas un Kindle). Après le dîner, nous voyons un gros crabe des cocotiers.

    Samedi 17 septembre

    Journée tranquille en vue … mais plus de livre. Heureusement un voyageur précédent a laissé un Marc Lévy que je n’ai pas encore lu. Cela va me dépanner pour la journée.

    Manu termine la journée par une partie de Carcassonne, un jeu de stratégie trop compliqué pour moi, étant donné que même Manu a du mal à en comprendre les règles. Il faut dire que les deux allemandes et le couple de hollandais sont manifestement de vrais experts.

    On a tous plus ou moins des piqûres partout …

    Avant de nous coucher, le couple de Hollandais se penche sur le problème de mon Kindle, sans résultat alors que j’ai pris le risque de le réinitialiser.

    Dimanche 18 septembre

    On se gratte de partout, on se demande si ce ne sont pas des punaises de lit.

    Cette troisième journée à Malenge s’annonce de nouveau reposante. Elle est effectivement consacrée au snorkeling et à la lecture pour moi. C’est moins pratique pour moi car j’utilise désormais le Mac ou la tablette de Manu quand il n’est pas là. Nous terminons la journée par une partie de cartes « locale » avec Emilie, Anne-Sophie et Henry. C’est un jeune designer de gâteaux de Bristol un peu extravagant rencontré il y a quelques jours par Emilie et Anne-Sophie. Ils avaient prévu de se trouver à Malenge alors les filles ont fait passer le message aux boat men, comme on jetterait une bouteille à la mer. Et ça a marché : ils l’ont trouvé.

    Il faut deux jeux de 54 cartes qu’on se partage, sauf 3 (lorsqu'on joue à 5). On ne peut commencer la partie que si on a une suite d’au moins 3 cartes dans la même couleur ou une série d'au moins 5 cartes de même valeur. Il est tout à fait possible de ne pas pouvoir poser dès le départ et par conséquent, de devoir abandonner la partie. La pénalité est alors de devoir s’accrocher 2 pinces à linge sur le visage à la fin de la partie. Le jeu consiste ensuite à essayer de compléter ce qui a déjà été posé, sans avoir cependant le droit de réaménager les cartes déjà en place. On ne peut à chaque tour que poser sur une seule suite/série, mais on peut y poser plusieurs cartes bien que ce ne soit pas toujours le plus avantageux. On peut aussi démarrer à tout moment ne nouvelle suite/série, la quantité minimale de départ étant cette fois de trois cartes dans l'un et l'autre cas. Les as se posent d'un côté ou de l'autre des séries, et en marquent la fin. On quitte le jeu dès qu’on ne peut plus poser de carte. Celui qui a le plus de points en main s’accroche une pince, le vainqueur peut s’en enlever une. Les figures valent 10 points, les jokers 30 et les autres cartes leurs valeurs faciales. Si on parvient à tout poser en premier, le jeu s'arrête et le vainqueur peut ôter toutes ses pinces. J’aime bien ce jeu qui me rappelle… le Rummy !

    Lundi 19 septembre

    Le bateau quitte Malenge à 9h00, comme prévu, avec nous 7 à bord.

    Nous arrivons à Bolilanga.

    Nous sommes les premiers à descendre et nous retrouvons avec joie le couple allemand que nous avions rencontré à Wakaï, Kristof et Simone(qui sont finalement restés ici tellement ils s’y sentent bien), ainsi que le couple de jeunes allemands qui étaient avec nous à Malenge, Flo et Janeke (26 et 25 ans). Certains membres du personnel nous reconnaissent…

    Nous choisissons une chambre « bas de gamme » ce qui veut simplement dire qu’elle a un mandi et non une douche. Nous sommes accueillis dans notre chambre par un indonésien, de tout petit gabarit, prénommé David. Il a un comportement très surprenant dans la mesure où il nous accueille « les bras ouverts », en multipliant les accolades …

    Après déjeuner, Manu commence par faire le tour de l’île à la palme. Il y retourne une seconde fois avec moi dans l’après-midi. Le snorkeling est vraiment de bonne qualité et ce qui est très surprenant, c’est que les poissons sont très peu farouches, ce qui met Manu en joie dans la perspective de les photographier. Il sera d’ailleurs très vite interdit de photographier des poissons clowns car il en ramènera rapidement une trentaine de photos à chaque plongée. Les coraux sont vraiment très beaux également.

    Les moustiques sont en revanche présents pratiquement toute la journée ici. Il faut se protéger pour éviter d’ajouter de nouvelles piqûres aux nombreuses autres dont beaucoup ici s’accordent à dire que ce sont des piqûres de puces de sable (présentes dans le sable mais aussi dans les parquets en bois). Ça démange !

    Mardi 20 septembre

    Après nous être grattés partout une bonne partie de la nuit, nous partons en bateau avec les jeunes allemands dès 9h00. Nous atteignons rapidement un premier spot, la pass « number 1 ». Une fois dans l’eau, nous sommes surpris de constater que le courant est assez fort. Nous décidons de palmer directement à contre-courant pour que le retour soit plus facile. Nous profitons de cette belle plongée pendant une heure. J’ai malheureusement dépassé un peu le bateau au retour et je dois vraiment palmer de toutes mes forces pour réussir à accrocher un des flotteurs du bateau et réussir à remonter à bord.

    Cinq minutes plus tard, nous atteignons « hotel California » qui est l’un des tout meilleurs spots de plongée que nous ayons fait de toute notre vie. L’eau y est vraiment limpide et les coraux de toutes beauté. En sortant, l’eau a beaucoup baissé, ce qui permet à un indonésien de pêcher sur les coraux.

    Le conducteur du bateau nous propose une troisième plongée que nous déclinons car les trois plongées sont trop rapprochées. Nous faisons donc un peu de chemin (peut-être une heure de bateau) pour rejoindre une jolie petite île où nous allons déjeuner. Nous faisons la connaissance des membres du deuxième bateau présent, qui résident également à Bolilanga (Jérôme et Hervé, Valérie et Martin, un autre couple franco/allemand vivant en Suisse).

    A cinq minutes d’ici, se trouve le lac aux méduses, un des trois endroits dans le monde où il est possible de plonger avec des méduses non venimeuses (car elles n’ont pas de prédateur). Sans palme et sans crème solaire nous sautons dans ce lac pour vivre un moment vraiment inoubliable. Comme c’est drôle de nager parmi toutes ces créatures !

    De retour à Bolilanga, Manu repart faire un dernier snorkeling. Le soir, on se retrouve tous sur la jetée pour voir le soleil se coucher. Nous sommes contents d’être là et on se dit que le rapport qualité/prix (13€ par personne, par jour, en pension complète) pourrait nous encourager à rester un peu…

    Mercredi 21 septembre

    Nous passons la matinée à traiter nos photos afin de pouvoir mettre les photos concernant Flo et Janeke sur une clé USB. L’après-midi, je fais un snorkeling d’une heure. On y voit un poisson crocodile ! Au retour, je vois un des deux lionfish du ponton. Manu reste au moins ½ heure de plus.

    Au diner, nous échangeons nos coordonnées avec Kristof et Simone qui ont décidé de partir demain matin. Après le dîner, nous classons les photos du jour et nous découvrons une nouvelle fonction du logiciel de photo (Aviary) qui nous permet d’améliorer considérablement les photos sous-marines en neutralisant une bonne partie du verdissement dans les lointains. Une fois dans notre lit, nous sommes d’accord sur le fait d’avoir beaucoup de chance d’être sur cette île car nous pouvons dormir porte et fenêtres ouvertes (nous sommes à l’abri des regards, sous notre moustiquaire). La journée, nous laissons le bungalow ouvert sans la moindre crainte.

    Manu s’endort sur sa tablette. Je mets, comme toujours beaucoup plus de temps, d’autant plus que nous avons enfin évacué toute notre fatigue, quand tout à coup j’entends des bruits sur le plancher de notre chambre, avant d’entendre un couinement qui me fait ouvrir les yeux. Je vois alors un rat sur le bord de la fenêtre qui se presse de descendre dans notre bungalow. Je me saisis de notre lampe de poche que nous mettons toujours entre nos deux oreillers, je la braque sur Manu :
    - « Man, je viens de voir un rat rentrer dans la chambre. »
    - « Ah bon … »
    - « Heu, j’ai un peu peur quand même. »
    - « Tu veux que je le chasse ? » (franchement, vu son état, je regrette de ne pas avoir approuvé, histoire de voir ce qu’il aurait bien pu faire)
    - « T’es sûr qu’il ne va pas se faufiler sous la moustiquaire. »
    - « Ah ouais, je ne crois vraiment pas. »

    Et il se rendort… mais pas moi. J’entends cette petite bête étudier soigneusement toutes nos affaires. Bien évidemment, au bout de quelques heures, j’ai envie de faire pipi mais je n’ai pas le courage de descendre du lit, j’ai trop peur de lui marcher dessus. J’attends que Manu ressente ce même besoin pour lui emboîter le pas. Le sommeil finira par gagner la partie contre la crainte.

    Jeudi 22 septembre

    Le lever de soleil selon Manu ne valait pas le coup ce matin. Je l’ai à peine entendu se lever. Nous petit-déjeunons pour la dernière fois avec nos amis allemands Kristof et Simone que nous accompagnons ensuite à leur bateau. Le temps est bien couvert, le vent se lève par rafales de temps en temps et la pluie que nous voyons à l’horizon nous épargne finalement.

    Nous reprenons toutes les photos que nous avions déjà traitées pour les améliorer. Manu va plonger une heure avant le repas pendant que je reprends l’écriture du carnet. 6 personnes quittent l’hôtel après le repas. Nous allons faire le tour de l’île, qui est assez long puisque nous plongeons deux heures. Nous voyons de jolies chose côté est. En revanche, le côté ouest est moins intéressant. Les poissons sont moins nombreux et le corail nettement plus rare et moins beau. De plus, ce côté est plus exposé ce qui entraine beaucoup de clapot. On y croise quand même un joli serpent de mer.

    Le coucher de soleil est plus intéressant que les jours précédents. Ce soir, nous ne sommes plus que 8, nous dînons parmi les 6 allemands qui font l’effort de se parler en anglais pour ne pas nous exclure. David sort le crabe des cocotiers de sa cachette pour faire une animation avant que courageusement, Manu retourne à l’eau après le repas pour stimuler le plancton phosphorescent (impossible à rendre en photo).

    Cette nuit encore, le rat se promène allègrement dans la chambre. Je l’entends mais cela m’empêche à peine de dormir. Comme quoi on s’habitue à tout !

    Vendredi 23 septembre

    On se croirait dans « les dix petits nègres ». Flo et Janeke ainsi qu’un autre couple d’allemands ont décidé de partir aujourd’hui. Le mauvais temps de ce matin les oblige à attendre qu’on ait déjeuné pour quitter l’île. Nous ne sommes plus que 4 avec Simone et Martin (Michalett de leur nom de famille emprunté à l’épouse, 30 et 35 ans, mariés depuis le 3 septembre, ils sont en voyage de noce). Ils hésitent à partir demain. On pensait se retrouver seulement tous les deux jusqu’à ce que deux lillois arrivent pour le déjeuner (elle est kiné et lui travaille chez Bouygues téléphone à Paris et fait l’aller-retour tous les jours).

    Grâce à la pluie qui a également immobilisé Manu nous sommes à jour dans nos photos. Dès que la pluie cesse, il repart sous l’eau. 3 autres personnes arrivent dans l’après-midi (Marc, John et son amie indonésienne. Marc et John sont australiens, probablement frères car je trouve qu’ils se ressemblent). Quelques membres du personnel s’installent près de la plage. Le garçon joue de la guitare et les deux filles chantent à deux voix magnifiquement bien. Promenade du rat dans notre chambre cette nuit encore.

    Samedi 24 septembre

    Manu, qui est debout avant moi (comme d’habitude …) a découvert ce matin que l’eau qui nous sert dans la douche ou dans le mandi arrive directement de Katupak, le village juste en face. Elle est acheminée par un bateau rempli à ras bord puis pompée une fois arrivée à Bolilanga.

    Il constate également que David balaie la plage à partir du lever du soleil pendant plusieurs heures, et ce absolument tous les jours. Il fait différents tas. Les débris végétaux seront rejetés à la mer, les autres détritus brûlés.

    On se joint avec plaisir à une autre sortie organisée vers Hotel California mais la mer est plus haute et il y a du clapot ce qui rend le site beaucoup moins impressionnant à nos yeux.

    Pendant le snorkeling de l’après-midi, je vois Manu pouvoir presque toucher les poissons clown de l’anémone aux crevettes qui se trouve à moins de vingt mètres de notre bungalow, et à laquelle il rend désormais visite tous les jours. J’essaie mais impossible, ils s’enfuient. Manu recommence et les poissons se laissent approcher. Incroyable, ils se sont habitués à lui !!!

    Un peu plus loin, nous découvrons une espèce de poissons particulièrement élégante que nous n’avions encore jamais rencontrée. En rentrant, avec mon éternelle pensée d’enfant, je dis à Manu que nous pourrions faire un livre pour les petits avec nos photos de poissons et que nous pourrions dire que celui d’aujourd’hui a revêtu son pyjama avant d’aller dormir. Nous apprendrons quelques jours plus tard que ce sont … des Apogons pyjama !

    Ce soir, nous sommes plus nombreux : Martin et Simone, les australiens, les lillois, un couple de français installés aux Philippines (Chris et Cathy) qui retrouvent ici deux françaises qu’ils avaient rencontrés à Tumbak.

    Dimanche 25 septembre

    Matinée destinée en partie à la couture à cause de la pluie après le départ des australiens. Simone me prête du fil et une aiguille (comment ai-je pu oublier un truc pareil !) et nous réparons nos habits : je dois resserrer l’élastique principal de ma jupe car ceux des smocks sont cuits et cassent un par un et Manu répare deux accrocs sur son legging … Après-midi classique snorkeling et photos, évidemment. Pendant le dîner, Chris et Cathy nous donnent des conseils détaillés concernant notre parcours à venir aux Philippines.

    Lundi 26 septembre

    Nous quittons Bolilanga après un dernier snorkeling ce matin et avoir déjeuné dans un bateau que nous partageons avec Simone et Martin.

    Le ferry part à 17h00, soit une heure plus tard que prévu de Wakaï. Etant donné que nous devons passer la nuit et vu la façon dont les indonésiens s’installent, nous décidons de partager une cabine à 4 couchettes avec Simone et Martin. Nous achetons à des vendeurs ambulants quelques beignets et une boisson rose fluo que nous mangeons sur le pont. Nous passons une bonne nuit car nous sommes au calme et la cabine est climatisée. Nous amarrons à 5h00 du matin.



    Carnet de Manu

    Pour moi qui me suis assigné pour tâche de rédiger un carnet de bord beaucoup plus synthétique que celui d’Isabelle, les Togian sont une bénédiction ; je n’ai pratiquement rien à en dire, une poignée de mots-clés pourraient suffire à les résumer à mes yeux : calme, ambiance amicale, cadre tropical, joli snorkeling. Sur presque tous les points, et en particulier sous l’angle du rapport qualité-prix, cette destination a dépassé mes espérances.

    Dans une certaine mesure, ce petit archipel si difficile d’accès a prolongé les tendances déjà entrevues lors de la traversée du pays Toraja (et à ce titre il est intéressant de l’avoir atteint en provenance du sud, et non du nord, ce qui aurait toutefois été plus rapide) : les trajets sont longs, mais on trouve toujours des compagnons de route accommodants prêts à en partager le coût ; la sociabilisation y est incroyablement facile, à la fois avec les locaux, tous plus ou moins joueurs de cartes ou de guitare, et avec les autres « guests », du fait de la prise en commun des repas et du partage des mêmes valeurs de voyage ; les routes se croisent, se décroisent et se recroisent, on connaît vite nos voisins de bungalows, mais aussi leurs anciens compagnons de route qui souvent les rejoignent avec quelques jours de retard ; et tout cela se fait dans une joyeuse improvisation qui donne le plus souvent le sentiment d’hasards heureux et de coïncidences inattendues.

    Séjourner aux Togian, c’est aussi changer de temporalité. Chaque journée est à la fois très rythmée par l’horaire intangible des repas, souvent servis à la minute près, et inscrite dans une sorte d’éternité aquatique et tropicale, sans saison et sans événement, coupée du rythme frénétique du monde moderne par l’absence presque totale de communication avec l’extérieur. Même entre îles, les occasions d’échanger sont aléatoires : par exemple, nous avions initialement la volonté d’aller jusqu’à Waleakodi, mais d’après les rares informations collectées à Malenge, il ne restait qu’un homestay de trois bungalows opérationnel sur cette île à l’époque où nous nous y trouvions, et ce homestay, le Lia beach, n’a jamais répondu au message de type « bouteille à la mer » lancé par nos voisins allemands un ou deux jours avant notre arrivée : hésitants à investir deux heures de mer pour aller voir sur place, et potentiellement autant pour revenir bredouilles, ils avaient simplement écrit leur demande de réservation sur une feuille de papier confiée à un pêcheur de passage… à jamais sans retour.

    Nos journées aux Togian se sont réparties en deux phases d’inégale durée : tout d’abord à Malenge (5 jours), nous nous sommes mis au rythme de la vie des îles, des jeux de société partagés avec les backpackers, et du snorkeling peu spectaculaire mais facile d’accès à partir de la plage. Ensuite à Bolilanga, nous nous sommes mis en dehors de tout planning en décidant tout simplement de rester aussi longtemps qu’il nous plairait, sans éprouver le besoin d’aller voir ailleurs ce que nous avions à profusion sur place : du soleil, du snorkeling d’excellente qualité, et une plaisante rotation de compagnons de voyage, bons camarades de discussion et occasionnellement d’excursions. Pour la première fois depuis notre départ aussi, et c’est un point essentiel, j’ai pu prendre le temps de lire, en fait de relire, qui plus est de relire Houellebecq et de le trouver encore meilleur que dans mon souvenir, ce qui a été déterminant dans la bonne image que je garde de cette phase. Jamais je n’avais à ce point réalisé la douceur du plaisir de la lecture, c’est un point que je n’oublierai sans doute plus à l’avenir.

    Si nous recommanderions volontiers le séjour à Malenge Indah pour la gentillesse et la simplicité de ses hôtes, ainsi que le caractère spectaculaire de la grotte à chauves-souris et de la jetée du village Bajo, c’est surtout Bolilanga qui nous a ravis. Pour nous cette île est apparue comme un nouvel Embudu, bien plus fruste et plus petit que l’original certes, mais aussi bien plus économique et bien plus simple dans ses prétentions. Ici, pas de plongée bouteilles, d’air conditionné ou d’internet, mais une très belle île au naturel, dont il est possible de faire le tour complet en une à trois heures de snorkeling selon la vitesse désirée, avec de légères variations de profondeurs, de courants et de biotope, mais presque partout de la beauté et de la variété (uniquement dans le petit certes). Les poissons sont, de manière surprenante, moins farouches qu’à Malenge, et se laissent approcher plus aisément pour la photographie. Le lac aux méduses vaut le déplacement, et une sortie au reef Hotel California dans de bonnes conditions propose un spectacle de qualité mondiale.

    Bolilanga présente aussi l’avantage de disposer d’une assez longue jetée terminée d’un abri couvert, ce qui permet de se protéger autant que faire se peut des moustiques et autres désagréments porteurs de démangeaisons (puces, moucherons, fourmis…)

    Au rang des inconvénients des Togian d’ailleurs, les bestioles qui grattent prennent aisément le premier rang. En Indonésie en général d’ailleurs, du moins tout au long de notre parcours, puisque le problème est apparu dès notre arrivée à Labuan Bajo. Cependant, dans les îles, le problème est en quelque sorte aggravé par le fait que le retour permanent à l’eau (baignades, snorkeling, mandi) rend moins pratique et moins efficace l’utilisation de crèmes répulsives. L’absence d’accès à toute construction fermée (du moins pour nous qui avions opté pour un bungalow ordinaire), y compris dans les espaces communs, l’absence aussi de ventilateur ou d’air conditionné, l’état médiocre des moustiquaires et des literies ne font qu’aggraver le problème. Souvent, au petit matin, on se trouve couverts de petites piqûres sans bien comprendre leur origine. On peut cependant conjecturer que de toutes les démangeaisons, celles provoquées par les puces de sable (sandflies) sont les pires, du fait qu’elles durent plusieurs jours sans aucune amélioration. Il faut donc prendre son mal en patience, en attendant parfois presque une semaine leur disparition, attente rendue plus difficile par la répétition à l’identique des journées qui se suivent et se ressemblent.

    A côté de cela, je n’ai personnellement, au contraire d’Isabelle, pas été beaucoup dérangé par la présence des rats. Certes, on sait qu’ils sont là, qu’ils peuvent entrer dans la chambre et qu’ils y entrent effectivement de temps à autre, certes on sait qu’une fois détectée l’odeur du moindre aliment (et ce peut être un simple savon) ils reviendront toujours à la source de l’odeur, peu importe les emballages, sacs et dispositifs d’accrochage utilisés. Mais on sait aussi qu’ils n’en ont nullement après les personnes, et qu’à la moindre ouverture de lumière ils fuiront… malheureusement temporairement seulement.

    Un autre désagrément, indirect celui-là, tient à la pollution de surface des eaux entourant les îles, et par conséquent de tout rivage non entretenu. Une partie de cette pollution n’en est pas vraiment une, elle tient simplement en la profusion de bois flotté, branches, noix de coco et feuilles de palme, plus une écume occasionnelle dont on ne comprend pas vraiment l’origine. Une autre partie est principalement composée de plastique, récipients, flacons, bouteilles, tongues, et débris de toute sorte. Pour qu’une île comme Bolilanga reste agréable aux yeux des touristes, et encore seulement du côté habité, il faut compter 3 à 6 heures de travail de balayage, ramassage et incinération chaque jour.

    Durant notre séjour, je pense que nous avons bénéficié d’un temps de saison : alternance presque systématique de soleil et d’ombre chaque jour, averses occasionnelles. Au total, la quantité de pluie a dû être inférieure à la moyenne, mais la couverture nuageuse supérieure. La mer était parfois très calme et parfois agitée d’un léger clapot de surface pouvant affecter le snorkeling, mais sans presque jamais mettre en péril les liaisons inter-îles.

    Il a été plaisant, à Bolilanga, de prendre l’habitude du paysage sous-marin et des habitudes de ses habitants pour retrouver régulièrement les poissons scorpions sous la jetée, le poisson crocodile un peu plus loin, l’anémone verte et ses crevettes à deux pas de notre bungalow, les apogon pyjama à quelque distance dans le même axe, etc. Tout cela dégageait un agréable sentiment d’harmonie d’autant plus pacifique que les snorkelers locaux restent peu nombreux. Nous avons aussi vécu avec bonheur les variation de rythme de la vie du homestay, avec une fréquentation passée de 24 personnes à notre arrivée à seulement 8 à notre départ, avec un minimum à 4, et un joyeux mélange d’arrivées planifiées et d’autres inattendues.

    Nous avons très bien mangé à Malenge Indah, avec beaucoup de variété et plus de fruits qu’ailleurs, un peu moins à Bolilanga mais cela restait tout à fait correct.

    Nous sommes repartis de là enfin reposés après plus de deux mois de voyage, avec pour la première fois l’idée que l’endroit que nous quittions pourrait bien être aussi un endroit où nous aimerions revenir… un petit Embudu, vraiment…

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu aux Togian

    J'ai aimé:

  • La qualité du snorkeling à Bolilanga, surtout pour le petit (lionfish, pipefish, filefish, sea-snakes, et des anémones et poissons clowns à foison très accessibles)
  • Les magnifiques récifs (n°1 et Hotel California) à proximité
  • L’harmonie générale (couleurs, équilibre des formes, taille limitée, calme) de Bolilanga
  • La facilité et le caractère amical des rencontres avec les voyageurs de passage
  • La température de l’air et de l’eau, toujours chaude sans être incommodante (à partir de Bolilanga, j’ai toujours plongé en T-shirt et legging merinos et non plus en shorty néoprène)
  • Les chants accompagnés de guitare des indonésiens en soirée
  • Les repas en commun, avec une recherche de variété pourtant rendue difficile par l'éloignement pour les cuisiniers. Tout de même, on perd un peu en saveur par rapport au reste de Sulawesi, évidemment mieux approvisionné et souvent débordant de choix possibles
  • Pouvoir prendre le temps de lire, enfin
  • J'ai moins aimé:

  • Les démangeaisons en tout genre
  • Les nuits parfois rendues pénibles, pas tant par la chaleur que par la qualité médiocre de la literie et des moustiquaires
  • La pollution de surface de la mer et des plages (sauf celles, entretenues, des homestays)
  • Les rats un peu trop entreprenants/bruyants la nuit
  • L’absence, en snorkeling, de toute créature de plus de 80 cm
  • J'ai remarqué:

  • L’absence totale de connexion internet et de téléphone
  • La rareté des oiseaux
  • L’isolement des homestays : même Malenge Indah, pourtant proche du fameux village bajo doté de la « kilometer long jetty », n’est accessible que par voie de mer ; on reste donc tributaire des bateaux locaux pour tout départ, et tout départ vers un nouveau homestay reste aléatoire du fait de l’incapacité à prévenir de son arrivée
  • Si c'était à refaire:

  • Je réserverais peut-être ma première île/guesthouse des Togian à partir d'Ampana, voire de Tentena où il existe apparemment un agent efficace, puisque c'est en définitive l'option la plus efficace pour avoir d'emblée une place à l'endroit visé
  • Je réserverais peut-être ma première île/guesthouse des Togian à partir d'Ampana, voire de Tentena où il existe apparemment un agent efficace, puisque c'est en définitive l'option la plus efficace pour avoir d'emblée une place à l'endroit viséJe me baserais peut-être exclusivement pour deux semaines à Bolilanga, et je rayonnerais de là en fonction des circonstances pour des sorties à la journée
  • Je réserverais peut-être ma première île/guesthouse des Togian à partir d'Ampana, voire de Tentena où il existe apparemment un agent efficace, puisque c'est en définitive l'option la plus efficace pour avoir d'emblée une place à l'endroit viséJ’amènerais pas mal de biscuits, de fruits et de bonbons à partager lors des soirées
  • Je réserverais peut-être ma première île/guesthouse des Togian à partir d'Ampana, voire de Tentena où il existe apparemment un agent efficace, puisque c'est en définitive l'option la plus efficace pour avoir d'emblée une place à l'endroit viséJ’amènerais de bonnes lectures sur un Kindle opérationnel et éprouvé