Impressions du Botswana (mars 2020 et mai 2021)
Le Botswana n'a pas occupé dans notre voyage la place qui lui était initialement dévolue. En 2020, du fait des circonstances particulières de notre passage en Namibie (circuit global réalisé rapidement pour donner à nos deux invités un aperçu complet du pays, contraintes climatiques bloquant l'accès au nord), nous avons renoncé à nos plans initiaux consistant à simplement traverser le Kalahari pour entamer une grande boucle en direction de Maun, un endroit que nous avions à l'origine pensé visiter deux ou trois mois plus tard. Ce détour visait à nous faire une première idée du pays, hors-saison, pour mieux définir la bonne façon d'y revenir à la fin de notre périple africain.
Cette première étape Botswanaise s'est décomposée en deux phases principales. La première consiste essentiellement en une longue liaison routière sous la forme d'un arc de cercle d'environ 1000 km de long. La seconde en plusieurs expériences de brousse à proximité de Maun, la plus approfondie étant notre escapade de trois jours vers le village de Khwaï, juste à l'entrée du parc de Moremi.
La phase de liaison nous a amenés à découvrir un pays agréable, bucolique, plus verdoyant qu'on n'aurait pensé (mais c'était la saison des pluies), un pays d'élevage avec du bétail omniprésent le long des routes (et en fait tout aussi bien SUR les routes). A la différence des deux pays précédents (Afrique du Sud et Namibie), nous nous sommes vraiment sentis en Afrique, avec très peu de Blancs dans les villes et villages, mais des paillottes et des petits commerces le long des routes, quelques mamas portant leur chargement sur la tête, des gamins rieurs un peu partout. Une Afrique active et apaisée, pas encore atteinte par le démon de la surpopulation, et par certains côtés en plein développement économique et infrastructurel.
La phase plus proprement touristique nous a amenés aux portes de Moremi en compagnie d'un guide, Benny, que nous avons d'abord rencontré en tant que batelier de mokoro (ces piroguiers qui, munis d'une longue perche, transportent les visiteurs au travers des marais du delta de l'Okavango). Benny était un compagnon cultivé et sympathique, ayant anciennement travaillé comme chauffeur-guide pour un lodge cinq étoiles. De retour à Maun après une première journée agréable, quoique peu spectaculaire, près de son village natal de Daonara, il nous a convaincus de repartir avec lui pour la destination plus lointaine de Khwaï, au motif que cette option nous permettait de visiter la région de Moremi sans avoir à résider dans un lodge/camp de luxe, à condition de rester de l'autre côté d'une rivière que les animaux traversent librement, mais qui marque la limite administrative du parc qui fonctionne comme un immense espace privé.
Sur le delta de l'Okavango
Nous avons suivi ses conseils et le regrettons un peu. Les trois heures de piste initialement prévues se sont transformées en une longue épreuve de huit heures, semée de nombreux détours et contournement de bourbiers, si difficiles qu'Oscar a plusieurs fois failli se trouver définitivement bloqué. Nous sommes arrivés au village après la tombée de la nuit et plusieurs épreuves de déplantage à l'aide de nos plaques ou de véhicules s'étant arrêtés pour nous tirer de là (vive la corde Kinetic!) La tôle ondulée a fait beaucoup de mal à Oscar qui a cassé une partie de l'amortisseur avant droit, ce qui s'est traduit par une difficulté accrue pour entamer le voyage de retour, et a nécessité deux jours de réparation à Maun.
Le lendemain de notre arrivée a été à plus réjouissante, avec deux game drives le matin et le soir, et notamment une très belle scène de vie sauvage près d'un terrier de hyènes. En revanche, les nombreuses incursions hors-piste directement dans la brousse ont occasionné de nombreuses griffures d'épines d'acacias à Oscar, et le sentiment qu'il ne reviendrait pas indemne de cette aventure.
Le troisième jour a été le pire. Benny avait sans doute picolé pas mal la veille. Il nous avait demandé de l'argent d'avance, soi-disant pour acheter des boissons sucrées pour les enfants de notre hôte. Lors du départ du matin, mal réveillé, il a fait une grosse faute d'apprécation sur la traversée d'un bourbier (comme la veille, je lui avais laissé le volant) et nous nous sommes trouvés plantés si profond que nous avons bien cru que le moteur d'Oscar allait y rester. De grosses bulles d'air provenant de sous le véhicule ont fait monter notre angoisse avant que nous ne constations que, par un hasard inexplicable, Oscar avait en fait crevé sous l'eau. Deux bonnes heures ont été nécessaires pour nous tirer d'affaire, ruinant définitivement notre sortie du matin et nous laissant un sentiment doux-amer à propos de l'ensemble de l'opération. Le retour vers Maun a été presque aussi pénible que l'aller, et la fin de notre relation avec Benny nous a également un peu déçus, celui-ci ayant manifestement décidé de dépenser une grande partie de sa solde en bières plutôt qu'en produits plus directement utiles à sa famille et ses enfants.
De retour à Maun, petite bourgade administrative et agricole devenue ville importante et centre touristique du pays, nous avons à plusieurs reprises fait la tournée des nombreux magasins de pièces détachées automobiles, et fini par nous faire aborder par Thomas, un mécanicien indépendant ayant aménagé un petit atelier de réparation dans la cour de son jardin. Ce Zimbabwéen ayant fui les troubles de son pays, accompagné de son frère, a en effet réalisé un excellent travail de réparation, en démontant tout le mécanisme de maintien de la suspension et de l'amortisseur avant droit pour l'amener dans un atelier spécialisé capable de réaliser la soudure indispensable à la réussite de l'opération.
Nous avons terminé notre périple au Botswana à la recherche des éléphants. Certes, nous en avions déjà vus à de nombreuses reprises à la fois en game-drive et sur la piste reliant Maun à Khwaï (en fait, il suffit de s'éloigner de 50 km de Maun dans cette direction, et on en voit autant à l'extérieur qu'à l'intérieur des parcs). Mais nous en voulions davantage, et après une étape de camping sauvage sans visite de pachydermes du côté de Nata (malgré les nombreuses bouses ne laissant aucun doute sur leur présence voisine), nous avons à nouveau eu la visite de plusieurs gros individus solitaires en faisant escale à un grand lodge/camping construit autour d'un point d'eau (Elephant Sands, sur la bien nommée "Elephant Highway reliant Nata à Kasane). Après quoi nous avons rapidement gagné la frontière sud-africaine.
Notre avant-dernière étape, du côté de Francistown, nous a amenés à rencontrer un petit groupe de voyageurs constitué autour d'un Sud-Africain très sympathique et aisé, propriétaire d'une petite dizaines de lodges de luxe dans son pays et accessoirement d'une écurie ayant gagné le Paris-Dakar dans sa catégorie. Les discussions avec lui nous ont mieux permis d'affiner notre compréhension de la mentalité très entrepreneuriale, presque messianique, des descendants des Boers, autour de la sentence "we are south-Africans, we don't give up".
C'est aussi à ce moment que nous avons commencé à comprendre que la crise du coronavirus risquait d'avoir une influence réelle sur notre parcours. Ces voyageurs expérimentés, initialement partis pour l'Ethiopie, venaient en effet de renoncer à leur itinéraire par crainte de ne pas pouvoir faire demi-tour quelques semaines plus tard.
C'est aussi pour cela que, dès le lendemain, nous avons réagi immédiatement à l'annonce de la fermeture des frontières. Nous étions arrivés au camping de Mokolodi en soirée avec l'intention de visiter la petite réserve privée attenante le lendemain. Dans les heures suivant notre arrivée, après une petite trempette dans la piscine et une bonne douche, nous avons appris la décision du Président Ramaphosa de fermer les frontières de son pays. Nous ne pouvions pas savoir à ce moment si toutes les frontières seraient fermées ou seulement une partie, ni quelles seraient celles qui, éventuellement, resteraient ouvertes. Il nous fallait prendre une décision urgente, nous étions à moins d'une heure de route du poste-frontière le plus proche, nous nous y sommes précipités. Nous avons passé les formalités sans aucune difficulté un quart d'heure avant la limite fixée à minuit, puis, ne sachant où aller, nous avons dormi dans Oscar directement le long de la route, non loin du poste de police et des semi-remorques en attente de passage. Nous étions revenus dans notre pays de départ, un peu dans l'incertitude, où nous avons entrepris de continuer notre parcours pour une durée indéterminée.
En 2021, nous sommes revenus brièvement dans le nord du pays, puisque le passage de la Zambie à la Namibie offrait une possibilité astucieuse de découvrir les zones humides de la région de Chobe (la plus grande concentration d'éléphants sauvages du monde) sans avoir à traverser le désert du Kalahari, option de toute manière interdite pour nous du fait de notre absence de motricité 4x4.
A cette occasion, nous nous sommes contentés de nous poser quelques jours autour de Kasane, d'abord pour faire un aller-retour sur la "elephant highway" et faire un peu de camping sauvage au milieu de la brousse, et ensuite et surtout pour visiter le fameux "Chobe riverfront" à la fois par la piste (où nous avons connu l'un de nos plus sérieux plantages avant de faire demi-tour) puis par bateau (ce qui était beaucoup plus adapté).
Après un dernier bivouac sauvage plus excentré, nous avons franchi la rivière et la frontière de la Namibie, qui allait nous offrir pour commencer, dans la bande de Caprivi, des paysages très voisins de marécages et de savane arborée, qui allait progressivement se dessécher au fur et à mesure de notre progression vers l'ouest.
Les "J'aime/J'aime pas" de Manu au Botswana
J'ai aimé:
J'ai moins aimé:
J'ai remarqué:
Si c'était à refaire:
Photos et vidéos du Botswana (mars 2020)
Pour consulter l'album photo la vidéos Youtube du Botswana, les adresses sont les suivantes: