Questions et réponses à propos d'Orania (Mars 2021, version française)
Question - Qu'est-ce qui frappe le plus lorsqu'on arrive à Orania?
Réponse - Le niveau d'activité et l'intensité du développement en cours: tout le monde travaille, apparemment avec entrain et conviction.
Question - Orania est-elle une sorte de forteresse ultra-sécurisée?
Réponse - Pas du tout, et plutôt nettement moins qu'ailleurs dans le pays. Les clôtures y sont moins nombreuses que dans beaucoup d'autres villes. Par ailleurs, ce n'est pas une communauté fermée, on y entre et circule librement, qu'on soit Noir ou Blanc.
Question - A quoi ressemblent les oraniens?
Réponse - A des Afrikaners normaux, de toutes les classes sociales et de tous les âges. Ils sont d'un abord très souriant, et semblent épanouis et heureux de vivre à Orania.
Question - Orania est-elle légale?
Réponse - Oui, la communauté essaie de progresser dans le sens de la souveraineté par la négociation avec les autorités, non par le conflit ou le rapport de force. Par ailleurs elle n'exige aucun droit particulier si ce n'est celui de son auto-détermination. Elle a reçu plusieurs présidents Sud-Africains, notamment Nelson Mandela.
Question - Les Oraniens sont-ils des nostalgiques de l'Apartheid?
Réponse - En partie et d'ailleurs, Orania abrite un musée consacré au docteur Verwoerd, le principal théoricien de l'Apartheid: les Oraniens reprennent de l'Apartheid le principe d'un développement séparé des communautés, mais avec trois différences majeures: d'une part ils choisissent de se mettre eux-mêmes à part plutôt que d'exclure les populations Noires (en cela ils seraient plutôt comparables aux Amish par exemple); en second lieu la séparation est considérée comme équilibrée et dépourvue d'hostilité: il s'agit de s'organiser d'un commun accord pour vivre séparément, non pas d'établir des interdictions absolues et universelles; enfin la partition spatiale et territoriale n'est pas de même nature: au temps de l'Apartheid, la plupart des villes et des quartiers étaient divisés en fines zones hétérogènes, c'est pourquoi il devait y avoir des transports ou des bars pour Blancs ou Noirs seulement au sein des mêmes espaces, ce qui créait des frustrations liées à la promiscuité. Dans le cas d'Orania toute la ville est Afrikaner et Blanche; des villages Noirs existent plus loin, avec lesquels les Oraniens disent d'ailleurs avoir de bonnes relations, mais comme l'environnement est semi-désertique les distances sont longues et il n'y a pas de compétition territoriale.
Question - Les Oraniens sont-ils des suprémacistes Blancs?
Réponse - Non, ils ne prétendent à aucune suprémacie de droit ou de principe. Ils souhaitent simplement vivre entre eux conformément à leurs traditions culturelles. Ils défendent ce principe d'autonomie non seulement pour eux mais aussi pour toute autre population qui aurait le même souhait.
Question - Les Oraniens exploitent-ils les Noirs?
Réponse - Absolument pas. Ils font tout eux-mêmes, et ne recourent aux échanges extérieurs que dans le cadre d'échanges marchands équilibrés. Par ailleurs, ils ont acheté les terres sur lesquelles ils vivent à la suite d'un appel d'offres, ils ne les ont pas réquisitionnées ou héritées, encore moins conquises par la force militaire. Enfin ils paient des impôts au gouvernement sud-Africain même si ils ne lui demandent rien en échange, simplement pour être tranquilles.
Question - Orania est-elle prosélyte?
Réponse - Orania procède par l'exemple. Elle cherche certes à attirer des fonds et des futurs membres pour la soutenir au plan idéologique, mais elle s'attache surtout à développer le projet lui-même et à gagner en crédibilité au travers de réalisations concrètes.
Question - Orania a-t-elle le projet de grandir?
Réponse - Oui. Même si le projet du Volkstaat (Etat blanc indépendant de la taille d'un petit pays, sur le modèle des anciens Bantustans, voire du Lesotho ou de l'Eswatini) a été pour le moment abandonné, surtout du fait qu'il renvoie au temps de l'Apartheid au moment duquel il a été conçu, l'idée de croissance est tout à fait compatible avec la mentalité des Afrikaners dont le roman national remonte à l'époque du Grand Trek. Orania souhaiterait dans un premier temps devenir une grande ville, puis peut-être la capitale d'un territoire plus grand s'étendant dans le Karoo, pourquoi pas, jusqu'à la côte Atlantique.
Question - Orania est-elle le refuge d'Afrikaners souhaitant profiter de leur supériorité économique et conserver leurs privilèges de classe?
Réponse - Pas du tout. Orania est au contraire un mouvement qu'on pourrait considérer comme populaire ou même populiste, qui s'adresse presque principalement aux Afrikaners démunis. Le niveau des prix y est très bas et on peut facilement y vivre avec un budget modeste puis à y devenir progressivement prospère, à condition d'être courageux et travailleur.
Question - Orania est-elle un projet fondé sur le ressentiment?
Réponse - Pas du tout. Les Afrikaners sont des hommes d'action, ils ne sont pas du genre à se plaindre ou à pleurnicher. Ils vont de l'avant, si énergiquement qu'ils semblent parfois un peu brutaux. C'est d'ailleurs un paradoxe identitaire intéressant: pour eux, être fidèle à leur passé, c'est précisément se projeter dans l'avenir...
Question - Orania est-elle une sorte de secte?
Réponse - Tout dépend de la définition qu'on donne du mot "secte". Quand on devient Oranien, on accepte de privilégier la langue et la culture Afrikaner, on aliène donc une partie de sa liberté individuelle. On est aussi tenu de pratiquer la religion chrétienne protestante, donc le pluralisme religieux est très limité. En revanche, on est libre de quitter la communauté à tout moment si on ne partage plus ses principes. Par ailleurs, les Oraniens se situent davantage dans le registre de l'action que dans la théorie ou l'idéologie pures. Il y a là une sorte de particularité logique: en fait, on pourrait dire qu'ils se situent dans l'idéologie de l'action, c'est-à-dire que leur projet idéologique consiste à construire, réaliser, exécuter: en ce sens, ils se situent à l'opposé de la discussion théorique, de l'abstraction ou de la rêverie inconséquente. Cela crée aussi un constraste avec la vision plus hédoniste et passive, au temps circulaire plus que vectoriel, de certaines populations Noires indigènes.
Question - Orania est-elle raciste?
Réponse - Orania est ethno-différencialiste. Certains observateurs assimilent l'ethno-différencialisme au racisme biologique ou plus souvent au racisme culturel, et le terme se traduit parfois par "race-realist" en anglais. Il s'agit d'une conscience ethnique (principalement culturelle, et accessoirement biologique) qui discrimine (ou distingue) effectivement des catégories variées au sein de l'humanité, et qui s'attache davantage à les préserver en tant que modalités différentes qu'à les hiérarchiser. Les ethno-différencialistes sont donc réticents au mélange (métissage ou acculturation), non pas en tant qu'il serait impur mais plutôt en tant qu'il serait destructeur d'identité en cas de généralisation (risque agravé par les technologies de communication et la mondialisation culturelle et marchande). Les ethno-différencialistes peuvent être regroupés avec les racistes du fait de leur hostilité au mélange, mais aussi à l'opposé avec les anti-racistes du fait de leur souci essentiel de préservation des différences. On pourrait encore les classer avec certains écologistes, en ce qu'ils appliquent à l'humanité les principes qui prévalent concernant la protection de la bio-diversité. Ce sont en quelque sorte des ethno-diversitaires. En France, les penseurs de référence sur le sujet sont Claude Lévi-Strauss (surtout sur la fin de sa vie) et Alain de Benoist (et plus généralement le courant du GRECE).
Question - Voit-on des Noirs ou des métis à Orania?
Réponse - Nous avons vu quelques Noirs, venus faire des courses ou livrer des marchandises. Il n'y a aucune hostilité à leur égard. En revanche, ils ne peuvent pas devenir résidents car ils ne sont pas Afrikaners. Nous n'avons pas vu de métis.
Question - Orania est-il davantage un projet culturel ou un projet racial?
Réponse - Même si l'insistance est plutôt mise sur la dimension culturelle, les deux sont en fait indistinguables. Le fait d'être Afrikaner n'est pas une notion de Droit, mais un état de fait qui résulte de l'ascendance familiale. Il y a eu jusqu'à présent peu de métissage entre les populations blanches et noires en Afrique-du-Sud (les métis du cap sont plutôt d'origine blanche et bushmen - khoikhoi et khoisan), donc il se trouve que presque tous les Afrikaners sont blancs.
Question - Orania est-il un projet de Droite ou de Gauche?
Réponse - Plutôt de Droite, dans le sens où il repose à la fois sur le conservatisme religieux et sur la responsabilité individuelle dans l'action. Une dimension sociale existe incontestablement, mais l'entraide est centrée sur les membres de la communauté (même s'il existe aussi des principes d'assistance à certains groupes externes, par exemple la communauté Xhosa des Mnyameni), et pourrait davantage être rapproché d'une forme de paternalisme ou, dans une logique française, du Gaullisme social. On se situe aux antipodes de l'Etat-providence centralisé, du revenu universel ou du droit d'ingérence; mais plutôt dans une logique de décentralisation, de participation et de subsidiarité.
Question - Orania est-il un projet politiquement correct?
Réponse - Non, en tant que proposition ethno-différencialiste assumée, Orania est diamétralement opposée à l'idéologie implicite de la mondialisation, qui relève elle-même d'une forme de cosmopolisme universel (donc totalitaire) qu'on pourrait qualifier de "droitdelhommisme" égalitaire. Le projet est donc largement caricaturé ou ostracisé par la pensée mainstream, typiquement classé à l'extrême-droite, et les Oraniens se sont habitués et vivent avec cette ostracisation. L'antagonisme est cependant moins brutal qu'au temps ou l'ONU s'est opposé à l'Apartheid au point de le faire condamner comme crime contre l'humanité, car les principes mis en avant par Orania (auto-détermination, préservation culturelle, continuité historique) sont en eux-mêmes moins critiquables, et les Afrikaners désormais politiquement minoritaires peuvent plus difficilement être accusés d'exploiter les populations indigènes du pays.
Question - Si on veut définir l'identité Afrikaner par la négative, à quoi doit-on l'opposer?
Réponse - L'identité Afrikaner s'est beaucoup construite dans l'adversité, mais il serait réducteur que ne retenir que l'opposition des Européens d'origine aux populations Noires. D'abord, entre les populations Noires d'Afrique Australe elles-mêmes, il a existé de nombreux affrontements ethniques, avant et indépendamment de l'arrivée des colons Blancs (cf. Bernard Lugan sur le sujet); par exemple, les Zoulous ont exterminé ou chassé de leurs terres ancestrales plusieurs autres ethnies, comme les Xhosas ou les Sothos. Ensuite, les affrontements ont été inégaux en fonction des ethnies. Les combats et guerres les plus importants ont opposé les Afrikaners aux Zoulous (par exemple la bataille de Blood River), et il y a eu moins de violence avec les Xhosas et surtout les Khois, par exemple. Ensuite, l'identité Afrikaner s'est aussi construite par opposition avec l'Europe (et la rupture initiale avec la Hollande dès le XVIIIème siècle), puis avec le Royaume-Uni (lors des guerres Anglo-Boers, et il demeure un fort ressentiment anti-anglais dans le pays), puis enfin avec la communauté internationale (condamnation de l'Apartheid par l'ONU et embargo dans les années 1970 et 1980).
Question - Peut-on rapprocher le projet Orania d'autres projets historiques ou politiques?
Réponse - Il existe de nombreux points communs avec Israël (idée de terre promise, dimension religieuse, conscience identitaire intense, orientation vers l'innovation technologique), et d'ailleurs il existe des liens importants avec ce pays. On peut aussi penser aux Amish, ou à n'importe quelle communauté indigène soucieuse de son droit à l'auto-détermination et à la continuité historique (amérindiens, aborigènes, kanaks, etc).
Question - Orania est-elle fidèle à la culture Afrikaner?
Réponse - Tout à fait. La plupart des Afrikaners vivant ailleurs en Afrique du Sud ont en fait, sans toujours le réaliser, des valeurs et des comportements en tout point semblables à ceux exaltés à Orania. Ce n'est qu'à cause de l'ingénierie sociale du politiquement correct, et de la pression médiatique internationale, qu'ils n'osent pas soutenir ou même s'intéresser sérieusement au projet.
Question - Quelles sont les valeurs Afrikaners?
Réponse - La persévérance (l'un deux m'a dit: "we are Afrikaners, we don't give up", soit "nous sommes Afrikaners, nous n'abandonnons jamais"); l'auto-suffisance; l'ingéniosité technique; l'entraide; la franchise.
Question - l'identité Afrikaner est-elle légitime en Afrique?
Réponse - C'est une question qui peut se débattre, et se décompose en plusieurs parties: la durée d'implantation, le mode de conquête, et l'apport au pays.
1) Dans le cas Sud-Africain, la durée d'implantation est de trois ou quatre siècles, donc à peine moins que l'implantation européenne en Amérique.
2) A partir de la colonie du Cap, établie assez pacifiquement, il y a eu assez peu de conflits avec les populations historiquement légitimes sur le territoire (les Khoikhois et Khoisans, qui se sentent elles-mêmes peu d'affinités avec les populations Noires d'origine Bantoue), peu nombreuses et peu denses, qui se sont repliées au Nord jusqu'au Kalahari à plusieurs centaines de kilomètres de là; ensuite, pour l'essentiel, le territoire correspondant au plateau central du pays (désert du Karoo) était vide et a été conquis et exploité pacifiquement. Les véritables conflits territoriaux n'ont concerné que la moitié orientale du pays actuel (notamment avec les Zoulous, dont on peut considérer qu'ils étaient plus légitimes parce qu'ils s'étaient imposés plus tôt, quoique également par la force).
3) Enfin, concernant l'apport au pays, on peut dire que les Afrikaners ont véritablement construit l'Afrique-du-Sud telle qu'elle existe aujourd'hui (infrastructures, villes, exploitation agricole, mines), pour le meilleur et pour le pire, certes avec l'aide des populations Noires, mais dans une logique de salariat et non d'esclavage. Il faudrait alors recourir à une approche marxiste pour être en mesure de parler d'exploitation, mais on risquerait la confusion entre lutte des classes et lutte des races. Ce qu'on peut dire est que si les Afrikaners ont fait travailler dur (par exemple dans les mines et les champs) les populations autochtones, et les ont de ce fait exploitées, ils ont également travaillé dur eux-mêmes. Ils se définissent d'ailleurs comme "Boers", ce qui signifie "fermiers" sur un mode légèrement péjoratif, et le dur labeur fait partie de leurs valeurs. Ce qui paraît certain, c'est que s'ils ne s'étaient pas implantés dans le pays, le niveau de développement serait sans comparaison plus bas -mais c'est un problème plus général qui renvoie au bilan de toutes les épopées coloniales, sujet controversé et politiquement sensible-.
Dans tous les cas, et même si cela peut sembler surprenant concernant une population presque exclusivement blanche, il semble qu'on puisse affirmer que les Afrikaners sont pour l'essentiel indiscutablement légitimes ("chez eux") dans au moins le quart sud-ouest du pays. Il faut noter que le projet (désormais abandonné) du Volkstaat, c'est-à-dire d'Etat indépendant Afrikaner, ne revendiquait que la moitié de ce quart, et encore s'agissait-il de la moitié de loin la moins hospitalière, excluant toute la zone côtière de climat méditerranéen ainsi que la région du Cap. Autrement dit, les Afrikaners convaincus sont tellement sûrs de leur capacité à entreprendre et exploiter les terres qu'ils sont prêts à repartir pour ainsi dire de zéro, à condition qu'on leur en laisse la possibilité, pour être en mesure de sauvegarder leur identité et de développer leur prospérité.
Question - Pourriez-vous vivre à Orania?
Réponse - Non, je ne suis pas légitime pour le faire, je ne remplis aucune des trois conditions requises, et à titre personnel, sur le plan religieux, je n'accepterais pas de vivre dans une communauté tenant pour obligatoire l'adhésion aux principes d'une religion révélée. Pour autant, j'estime que le projet d'Orania a toute sa légitimité, je m'y suis senti bien, j'y ai noué des liens de confiance et d'amitié, et je garde une opinion positive de mon passage sur place, même si mon opinion doit être nuancée par le fait que je n'y ai passé que quelques jours.
Question - Pourrait-on imaginer un projet identitaire de même nature que celui d'Orania, mais sans la dimension religieuse?
Réponse - Interrogé sur le sujet, Joost Strydom,le responsable du mouvement Orania m'a dit qu'à son avis, un tel projet ne serait sans doute pas viable, principalement parce que l'anthropologie, la sociologie et la psychologie, en somme l'ensemble des sciences sociales, ainsi que l'observation quotidienne, enseignent que la grande majorité des gens ne fait pas d'elle-même preuve de discernement moral, et a donc besoin d'une sorte de superstructure éthique externe qui lui tienne lieu de guide comportemental. Je reste pour ma part dans l'incertitude sur cette question cruciale pour la faisabilité à terme d'un communautarisme français ou européen, possible défense contre un mondialisme destructeur des identités locales doublé d'un éventuel chaos migratoire rendu probable par l'impéritie ou la connivence des gouvernements en place. Un tel communautarisme devrait en effet accommoder autant l'héritage chrétien (et notamment catholique pour l'Europe du sud) que celui des Lumières et de la libre pensée critique, tout aussi fondateurs de l'identité du pays ou du continent, c'est un ordre de difficulté encore supérieur au défi, pourtant déjà considérable, relevé par le projet Orania.
Réflexions théoriques plus personnelles:
- Dans mon analyse du projet Orania, j'utilise le terme d'ethnie (par exemple concernant l'identité ethnique Afrikaner) dans le sens de système bio-culturel. Même si beaucoup d'anthropologues s'accordent à penser que la dimension culturelle l'emporte dans ses manifestations sur la dimension biologique, les deux interagissent en partie et ont co-évolué depuis des générations (et parfois la préhistoire, comme le montrent certains travaux de psychologie évolutionniste) pour générer une humanité diversifiée. En dehors du coup publicitaire ou de l'exception impossible à généraliser, on ne peut donc être un Maasaï Blanc, ou un Afrikaner Noir par exemple (le cas des métis est par définition intermédiaire). L'hégémonie culturelle de la vision centrée sur le Droit (qui tend à confondre l'identité et la nationalité civile) et l'économie (qui tend à réduire l'homme à ses fonctions de production et de consommation) tend à faire oublier certaines réalités humaines répondant aussi aux lois naturelles et même physiques.
- Même s'il existe des points communs entre toutes les formes bio-culturelles qu'a pu prendre l'humanité (on peut citer: au plan linguistique, la grammaire générative, au plan symbolique, les structures mises en évidence par Lévi-Strauss, au plan philosophique, l'impératif catégorique, au plan moral, l'éthique de réciprocité, au plan religieux, l'unicité de l'âme, etc), il existe aussi des différences constitutives d'une diversité qu'on peut considérer comme précieuse en elle-même, mais aussi fragile; l'analogie avec la bio-diversité animale et végétale est pertinente; or pour préserver cette diversité, il convient de ne procéder aux mélanges (acculturation, métissage) qu'avec parcimonie, d'autant plus que ces mélanges sont irréversibles (on peut ici faire référence à la définition même de la vie comme processus néguentropique, donc en partie capable de s'opposer au destin chaotique du monde promis par le second principe de la thermodynamique), et susceptibles d'explosion combinatoire du fait des occasions toujours plus nombreuses de situations d'interaction ou d'échange sous la dynamique de la mondialisation, elle-même portée par des forces considérables et largement inhumaines (technologie, économie) auxquelles nul pouvoir politique n'est actuellement en mesure de s'opposer.
- Le substrat idéologique implicite du mondialisme n'est pas seulement le libéralisme marchand, c'est aussi l'idéal de la société ouverte (Open society) dont le cosmopolitisme constitue le soubassement philosophique, c'est-à-dire l'idée selon laquelle tous les hommes sont interchangeables (citoyens du monde, libres de toute détermination, de tout héritage et de toute responsabilité collective, titulaires de droits individuels inaliénables et aptes à choisir eux-mêmes leurs caractéristiques). Cette vision idéaliste de l'homme autoréférent s'oppose principalement à la proposition réaliste de type identitaire, qui définit aussi l'homme comme membre d'une série de communautés organiques emboîtées (famille, village, ethnie, nation) auxquelles il est lié par des charges de responsabilités et des devoirs. Je propose une critique de l'idéologie de la société ouverte dans un texte plus développé disponible ici.
Orania FAQs (March 2021, english version)
[This section is largely based on a Google Translate translation of the original text, so please refer to the French version if you can, especially in case of controversy]
Question - What is most striking when you arrive in Orania?
Answer - The level of activity and intensity of development underway: everyone is working, apparently with enthusiasm and conviction.
Question - Is Orania some sort of ultra-secure fortress?
Answer - Not at all, and rather significantly less than elsewhere in the country. There are fewer fences there than in many other towns. In addition, it is not a closed community, one enters and circulates there freely, whether black or white.
Question - What do Oranians look like?
Answer - They look like normal Afrikaners, of all social classes and ages. They are very smiling at first, and seem fulfilled and happy to live in Orania.
Question - Is Orania legal?
Answer - Yes, the community tries to move towards sovereignty through negotiation with the authorities, not through conflict or the balance of power. Moreover, it does not require any particular right other than that of its self-determination. Orania has welcomed several South African presidents, notably Nelson Mandela.
Question - Are Oranians nostalgic for Apartheid?
Reply- Partly and as a matter of fact, Orania houses a museum dedicated to Doctor Verwoerd, the main theorist of Apartheid: Oranians retain the Apartheid principle of separate development of communities, but with three major differences: on the one hand they choose to set themselves apart rather than exclude the Black populations (in this they would be more comparable to the Amish for example); in the second place, separation is considered as balanced and devoid of hostility: it is a matter of organizing oneself by mutual agreement to live separately, not of establishing absolute and universal prohibitions; finally the spatial and territorial partition is not of the same nature: at the time of Apartheid, most towns and neighborhoods were divided into fine heterogeneous zones, which is why there had to be transport or bars for whites- or blacks-only within the same spaces, which created frustrations linked to promiscuity. In the case of Orania the whole city is Afrikaner and White; Black villages exist further away, with which the Oranians say they have good relations, but as the environment is semi-desert, the distances are long and there is no territorial competition.
Question - Are the Oranians white supremacists?
Answer - No, they do not claim any supremacy of law or principle. They just want to live among themselves in accordance with their cultural traditions. They defend this principle of autonomy not only for themselves but also for any other population who would have the same wish.
Question - Do the Oranians exploit the blacks?
Answer - Absolutely not. They do everything themselves, and only resort to foreign exchanges within the framework of balanced commercial exchanges. In addition, they bought the land on which they live following a call for tenders, they did not requisition or inherit it, much less conquered it by military force. Finally they pay taxes to the South African government even if they do not ask for anything in return, just to be quiet.
Question - Is Orania a proselytic project?
Answer - Orania proceeds by example. It certainly seeks to attract funds and future members to support it on an ideological level, but above all it endeavors to develop the project itself and to gain credibility through concrete achievements.
Question - Does Orania plan to grow up?
Answer - Yes. Even if the Volkstaat project (an independent white state the size of a small country, on the model of the former Bantustans, even Lesotho or Eswatini) has for the moment been abandoned, especially because it refers to the time of Apartheid when it was conceived, the idea of growth is quite compatible with the mentality of the Afrikaners whose national imagery dates back to the time of the Great Trek. Orania would first like to become a big city, then perhaps the capital of a larger territory extending into the Karoo, why not, to the Atlantic coast.
Question - Is Orania the refuge of Afrikaners wishing to take advantage of their economic superiority and retain their class privileges?
Answer - Not at all. Orania, on the contrary, is a movement that one could consider popular or even populist, which is directed almost mainly to poor Afrikaners. The cost of living is very low there and one can easily live there on a modest budget and then gradually become prosperous, provided one is courageous and hardworking.
Question - Is Orania a project based on resentment?
Answer - Not at all. Afrikaners are men of action, they are not the type to complain or whine. They push forward, so forcefully that they sometimes seem a little brutal. It is also an interesting identity paradox: for them, to be faithful to their past is precisely to project oneself into the future ...
Question - Is Orania some kind of sect?
Answer - It all depends on how we define the word "sect". When you become Oranian, you agree to favor the Afrikaner language and culture, so you alienate part of your individual freedom. One is also required to practice the Protestant Christian religion, so religious pluralism is very limited. On the other hand, anyone is free to leave the community at any time if they no longer share its principles. In addition, Oranians define more in the register of action than in pure theory or ideology. There is a sort of logical peculiarity here: in fact, one could say that they define in the ideology of action, in other words their ideological project consists in constructing, realizing, executing: in this sense, they are at the opposite of theoretical discussion, abstraction or inconsequential reverie. This also creates a contrast with the more hedonistic and passive vision, in circular time rather than vectorial, of certain indigenous Black populations.
Question - Is Orania racist?
Reply- Orania is ethno-differentialist. Some observers equate ethno-differentialism with biological racism or more often with cultural racism, and the term sometimes translates to "race-realist" in English. It is an ethnic consciousness (mainly cultural, and secondarily biological) which effectively discriminates (or distinguishes) various categories within humanity, and which is more concerned with preserving them as different modalities than to prioritize them. Ethno-differentialists are therefore reluctant to mix (interbreeding or acculturation), not on the grounds that it would be impure but rather as it would destroy identity in the event of generalization (risk aggravated by communication technologies and cultural and market globalization). Ethno-differentialists can be grouped together with racists because of their hostility to mixing, but also in opposition with anti-racists because of their essential concern for preserving differences. We could still classify them with certain ecologists, in that they apply to humanity the prevailing principles concerning the protection of biodiversity. They are in a way ethno-diverse. In France, the reference thinkers on the subject are Claude Lévi-Strauss (especially at the end of his life) and Alain de Benoist (and more generally the GRECE school of thought). We could even classify them with certain ecologists, in that they apply to humanity the prevailing principles concerning the protection of biodiversity.
Question - Do we see blacks or coloured in Orania?
Answer - We saw a few blacks who came to shop or deliver goods. There is no hostility towards them. However, they cannot become residents because they are not Afrikaners. We did not see any coloured people.
Question - Is Orania more of a cultural project or a racial project?
Answer - Although the emphasis is more on the cultural dimension, the two are in fact indistinguishable. Being Afrikaner is not a concept of law, but a state of affairs that results from family ancestry. So far there has been little interbreeding between the white and black populations in South Africa (the Cape coloured are more of white and Bushmen origin - khoikhoi and khoisan), so it turns out that almost all Afrikaners are white.
Question - Is Orania a Right- or Left-wing project?
Answer - Rather right-wing, in the sense that it is based both on religious conservatism and on individual responsibility for action. There is undoubtedly a social dimension, but mutual aid is centered on the members of the community (although there are also principles of assistance to certain external groups, for example the Xhosa community of the Mnyameni), and could be brought closer to a form of paternalism or, in a French logic, of social Gaullism. We are at the antipodes of the centralized welfare state, universal income or the right to interfere; but rather in a logic of decentralization, participation and subsidiarity.
Question - Is Orania a politically correct project?
Answer - No, as an assumed ethno-differentialist proposition, Orania is diametrically opposed to the implicit ideology of globalization, which itself stems from a form of universal (and therefore totalitarian) cosmopolism that could be qualified as "human rightist". egalitarian. The project is therefore largely caricatured or ostracized by mainstream thought -typically as extreme-right, and the Oranians have become used to and live with this ostracization. The antagonism is however less brutal than at the time when the UN opposed Apartheid to the point of having it condemned as a crime against humanity, because the principles put forward by Orania (self-determination, cultural preservation, historical continuity) are in themselves less open to criticism,
Question - If we want to define the Afrikaner identity in the negative, to what should we oppose it?
Answer - The Afrikaner identity has been built a lot in adversity, but it would be reductive if only to retain the opposition of Europeans of origin to Black populations. First, between the Black populations of Southern Africa themselves, there were many ethnic clashes, before and independently of the arrival of the White settlers (cf. Bernard Lugan's work on the subject); for example, the Zulus have exterminated or driven from their ancestral lands several other ethnic groups, such as the Xhosas or the Sothos. Then, the clashes were uneven according to ethnic groups. The most important battles and wars pitted the Afrikaners against the Zulus (eg the Battle of Blood River), and there was less violence with the Xhosas and especially the Khois, for example. Then the Afrikaner identity also built as opposed to Europe (and the initial break with Holland from the eighteenth century), then with the United Kingdom (during the Anglo-Boers wars, and it remains a strong Anti-English resentment in the country), then finally with the international community (condemnation of apartheid by the UN and embargo in the 1970s/1980s).
Question - Can the Orania project be compared to other historical or political projects?
Answer - There are many points in common with Israel (idea of the promised land, religious dimension, intense identity awareness, orientation towards technological innovation), and moreover there are important links with this country. We can also think of the Amish, or any indigenous community concerned about its right to autodetermination and historical continuity (american indians, aborigenes, kanaks, etc)..
Question - Is Orania faithful to Afrikaner culture?
Answer - Absolutely. Most Afrikaners living elsewhere in South Africa in fact have, without always realizing it, values and behaviors in every way similar to those exalted in Orania. It is only because of the social engineering of political correctness, and international media pressure, that they do not dare to support or even take a serious interest in the project.
Question - What are the Afrikaner values?
Answer - Perseverance (one of them told me: "we are Afrikaners, we don't give up", or "we are Afrikaners, we never give up"); self-sufficiency; technical ingeniosity; mutual aid; franchise.
Question - is the Afrikaner identity legitimate in Africa?
Answer - This is a question that can be debated, and can be broken down into several parts: the duration of establishment, the mode of conquest, and the contribution to the country.
1) In the South African case, the implantation period is three or four centuries, so hardly less than the European implantation in America.
2) From the colony of Cape Town, established quite peacefully, there have been relatively few conflicts with the historically legitimate populations on the territory (the Khoikhois and Khoisans, who themselves feel little affinity with the Black populations of Bantu origin), few in number and not very dense, which retreated to the north as far as the Kalahari several hundred kilometers away; then, for the most part, the territory corresponding to the central plateau of the country (Karoo desert) was empty and was conquered and exploited peacefully. The real territorial conflicts only concerned the eastern half of the current country (notably with the Zulus, who can be considered to be more legitimate because they had imposed themselves earlier, albeit also by force).
3) Finally, concerning the contribution to the country, we can say that the Afrikaners really built South Africa as it exists today (infrastructure, cities, farming, mines), for the better and for the worse, certainly with the help of the black populations, but in a logic of wage labor and not of slavery. We would then have to resort to a Marxist approach to be able to speak of exploitation, but we would risk confusion between class struggle and race struggle. What can be said is that while the Afrikaners made the indigenous people work hard (eg in mines and fields), and thereby exploited them, they also worked hard themselves. They also define themselves as "Boers", which means "farmers" in a slightly derogatory fashion, and hard work is one of their values. What seems certain is that if they had not established themselves in the country, the level of development would be without comparison lower - but it is a more general problem which refers to the results of all the colonial epics, controversial and politically sensitive topic.
In any case, and even if it may seem surprising concerning an almost exclusively white population, it seems that one can argue that the Afrikaners are for the most part unquestionably legitimate ("at home") in at least the southwest quarter of the country. It should be noted that the project (now abandoned) of the Volkstaat, that is to say of an independent Afrikaner state, claimed only half of this quarter, and even was it by far the least hospitable half. , excluding the entire coastal zone with a Mediterranean climate as well as the Cape region. In other words, the convinced Afrikaners are so sure of their capacity to undertake and exploit the land that they are ready to start again, so to speak, from scratch, provided that they are given the opportunity to do so.
Question - Could you live in Orania?
Answer - No, I am not legitimate to do so, I do not meet any of the three required conditions, and personally, on a religious level, I would not agree to live in a community which considers adherence to the principles of a revealed religion as mandatory. However, I believe that the Orania project has all its legitimacy, I felt good there, I forged bonds of trust and friendship, and I keep a positive opinion of my visit there, although my opinion must be moderated by the fact that I only spent a few days there.
Question - Could we imagine an identity project of the same nature as that of Orania, but without the religious dimension?
Answer- Asked about the subject, Joost Strydom, the head of the Orania movement told me that in his opinion, such a project would probably not be viable, mainly because anthropology, sociology and psychology, in short the whole social sciences, as well as daily observation, teaches that the vast majority of people do not exercise moral discernment on their own, and therefore need some sort of external ethical superstructure to act as a behavioral guide. For my part, I remain uncertain about this crucial question for the long-term feasibility of a French or European communitarianism, a possible defense against a globalism destructive of local identities coupled with a possible migratory chaos made likely by the impertinence or collusion of incumbent governments. Such communitarianism should indeed accommodate as much the Christian (and especially Catholic for Southern Europe) heritage as that of the Enlightenment and free critical thinking, as founding roots of the identity of the country or continent, which is an order of difficulty even greater than the challenge, though already considerable, posed by the Orania project.
More personal theoretical reflections:
- In my analysis of the Orania project, I use the term 'ethnicity' (for example concerning the Afrikaner 'ethnic' identity) in the sense of 'bio-cultural system'. Although many anthropologists agree that the cultural dimension carries out in its manifestations on the biological dimension (in other words, nurture overpowers nature), both interact in part and have co-evolved for generations (and sometimes since prehistorical times, as shown by some work of evolutionary psychology) to generate a diversified humanity. Apart from publicity stands or exceptional cases possible to generalize, there can be no such thing as a white maasai, or a black Afrikaner for example (the case of Mestizos is by definition intermediary). The cultural hegemony of a world vision centered on Law (which tends to confuse identity and civil nationality) and Economy (which tends to reduce man to his functions of production and consumption) tends to obliterate the fact that some Human realities must also abide by natural and even physical laws.
- Although there are common points between all the bio-cultural forms that humanity have taken (linguistically: the generative grammar; at the symbolic level, the structures highlighted by Claude Levi-Strauss: at the philosophical level, the kantian categorical imperative; at the moral level, the ethics of reciprocity, at the religious level, the uniqueness of the soul, etc.), there are also irreductible differences that generate a diversity that can be considered as a precious, but also fragile thing; The analogy with animal and vegetable bio-diversity is relevant; However, to preserve this diversity, mixtures (acculturation, miscegenation) should be made only with parsimony, especially since these mixtures are irreversible (here reference can be maded to the very definition of life as a neguentropic process, so partly capable of opposing the chaotic destiny of the world promised by the second principle of thermodynamics), and likely to combinatory explosion because of the increasing opportunities of situations of interaction or exchange under the dynamics of globalization, itself carried by considerable and largely inhuman forces (technology, economy) to which no political power is currently able to oppose.
- the implicit ideological substrate of globalism is not only merchantal liberalism, it is also the ideal of the Open Society whose cosmopolitanism constitutes the philosophical basement, that is to say the idea according to which all men are interchangeable (citizens of the world, free of any determination, of any inheritance and collective responsibility, holding individual inalienable rights and able to choose their own characteristics). This idealistic vision of self-referential man is mainly opposed to the realistic identitarian proposal, which also defines the man as a member of a series of nested organic communities (family, village, ethnicity, nation) to which he is bound by responsibilities and duties. I propose a criticism of the ideology of the company open in a more developed text available here.