Je n'ai pas grand chose à ajouter à la présentation que j'ai faite peu avant notre premier départ. A partir de cinquante ans, la personnalité d'un individu n'évolue guère, et même les centres d'intérêt se figent. Le seul point d'approfondissement que je pense utile de mentionner ici concerne les motivations qui me poussent à souhaiter repartir en voyage au long cours, alors même que le bilan que je tirais de notre précédent tour du monde laissait plutôt augurer d'autres types de projets.

La première raison est que, même si notre première grande boucle a été très riche et variée, elle a laissé de côté un grand nombre d'espaces de découverte, ne serait-ce que sur le plan géographique, au-delà de notre parcours interrompu à Lima. En arrêtant là, j'aurais donc éprouvé un léger sentiment d'inachevé. Pour avoir davantage le sentiment (évidemment par ailleurs dérisoire) de ne rien avoir manqué d'essentiel, il fallait donc compléter le trajet par les continents jusqu'alors inexplorés.

La seconde raison est que, peut-être autant qu'en un voyage, notre projet 2020-2023 consiste en un mode de vie particulier, la vie au long cours en petit véhicule aménagé, ce qu'on appelle aussi la Van Life. Au moment où nous passons par ailleurs, pour les périodes d'hiver, de la vie de citadins salariés à la vie de pré-retraités néo-ruraux, cette expérience aux accents minimalistes peut nous donner des informations intéressantes sur ce que nous aimons/n'aimons pas ou pouvons/ne pouvons pas faire.

La troisième raison est que, à mes yeux au moins, ce second tour du monde n'en annonce pas un troisième à venir, ni même un goût prononcé et définitif pour le voyage comme projet de vie ou horizon indépassable, mais se présente au contraire comme la synthèse ou l'achèvement de notre phase de vie semi-nomade. Après 2023, si j'envisage encore des séjours à l'étranger ou la découverte de nouveaux pays, ce sera sans doute pour des périodes beaucoup plus brèves et plus statiques, de détente plus que d'aventure. Si le plan se déroule comme prévu, des projets plus introspectifs, plus synthétiques et au fond plus importants pourront alors prendre progressivement la place laissée vacante par ces longues années de mouvements et de découvertes.