Carnet du Nord Sulawesi

Pour consulter les albums photos complets avec une meilleure définition, les adresses sont les suivantes:

  • Album de Tangkoko
  • Album de Tumbak
  • Album de Tomohon/Manado
  • Album de Bunaken



  • Carnet d'Isabelle

    Mardi 27 septembre

    Nous attendons un taxi que Martin et Simone avaient réservé. Contents de retrouver une connexion, nous appelons Iris et Emilie par Face Time, elles sont rassurées de savoir que nous allons bien après ces nombreux jours sans nouvelles. Après de nombreux coups de téléphones passés, nous nous rendons compte que la voiture attendue n’arrivera pas. Nous partageons par conséquent un autre taxi jusqu’à Manado. La route est longue … 12 heures avec les embouteillages à l’entrée de Manado. Nous avons pourtant fait quelques pauses : une dans un supermarché et une pour déjeuner. La route tourne beaucoup et je suis obligée de profiter d’un arrêt photo pour demander à Manu de changer de place avec moi car je commence à avoir mal au cœur. Peu de temps après, Manu ne se sent pas bien non plus. Simone, qui est même capable de lire, prend la place du fond.

    Nous nous installons à l’hôtel « Istanaku » avant d’aller dîner. Sur le chemin, nous rentrons dans 2 ou 3 grands magasins car j’aimerais bien m’acheter un autre haut. Je ne trouve rien à mon goût, d’autant plus que les prix appliqués sont équivalents à ce que nous trouvons en France. Nous marchons beaucoup car, mangeant du riz systématiquement depuis deux mois, j’ai très envie de trouver une pizzeria… Au retour du Pizza Hut (eh oui!), je trouve enfin mon bonheur sous la forme d'un T-shirt bleu tout simple à 2 euros (cf. photo suivante).

    Mercredi 28 septembre

    Nos chemins se séparent maintenant avec nos amis allemands. Nous faisons quelques photos avant de continuer notre route.

    Il s’agit de prendre une mikrolet jusqu’à la gare routière. En attendant le départ du car qui nous conduira à Bitung, Manu court augmenter notre crédit de téléphone et retirer de l’argent. A l’arrivée, nous prenons de nouveau une mikrolet jusqu’à Tangkoko. La dernière partie de la route m’est assez pénible. Nous posons nos affaires à l’hôtel « Tarsius », prenons un thé avant de partir pour l’excursion du soir dans la jungle. Nous faisons la connaissance d’Alain et Lydie et de leur ami Serge (de Toulouse). Conformément aux recommandations, nous nous badigeonnons d’anti-moustiques, enfilons pantalons, chaussettes et liquettes nous couvrant les bras. Nous suivons notre guide June qui nous montre quelques oiseaux dont un beau martin-pêcheur avant de nous conduire à l’arbre à tarsiers.

    Les tarsiers ont une vie régulière : le jour, ils se réfugient dans leurs arbres et sortent systématiquement entre 17h30 et 18h00 pour chasser les insectes toute la nuit. Une fois repus, ils regagnent leurs mêmes arbres entre 5h30 et 6h00.

    Sur le chemin du retour, nous croisons quelques grenouilles …

    Jeudi 29 septembre

    Debouts à 5h15, nous prenons le chemin du parc à 6h00, sous un ciel couvert. Nous croisons un couscous sur une branche. Il n’est pas loin mais l’heure matinale et le mauvais temps nous le font découvrir dans de mauvaises conditions de lumière.

    June nous mène à l’arbre à Calao. Nous y voyons un nid au sommet. Le guide nous demande de patienter car le mâle fait régulièrement des allers-retours pour nourrir ses petits. Il pleut de plus en plus, tant est si bien que nous nous abritons sous de grandes feuilles de bananiers qui jouent parfaitement leur rôle de parapluie. Nous voyons effectivement le calao venir donner la becquée à deux reprises.

    Ce parc abrite plusieurs colonies de macaques à crête noire mais il nous faut marcher beaucoup pour enfin les trouver. Nous passons un long moment en leur compagnie, à les observer et à les photographier. Ils ne sont pas farouches, nous pouvons vraiment être au milieu d’eux. L’un d’entre eux attrape ma liquette pour me suivre sur quelques mètres. Un autre encore vient essayer d’épouiller mon legging.

    Nous prenons le temps de nous doucher et de nous changer à notre retour avant d’aller déjeuner avec les toulousains. Je prépare un petit paquet avec les premiers échantillons de sable que nous avons déjà collectés car Lydie accepte de les rapporter en France. J’abuse même de sa gentillesse en me permettant de lui demander du fil et une aiguille qui me font tant défaut. Mieux organisée que moi, elle me donne volontiers ce qu’elle avait pensé à emmener puisqu’ils rentrent ce week-end en France.

    Nous partons à 14h00 dans la voiture envoyée de Tangkoko. Je prends les devants en m’installant près du chauffeur mais malgré tout, ce trajet m’est extrêmement désagréable. Malgré la pluie, j’ai passé le voyage la tête à l’extérieur, imitant Iris quand elle fait le caniche ! Il faut dire que le chauffeur a fumé quasiment non-stop et que nous avons mis un peu plus de 3 heures contre les 4 prévues.

    Quelle surprise quand Yoann, le propriétaire de « Tumbak Island Cottages » nous accueille chez ses beaux-parents. Il a 32 ans mais en paraît 5 de moins. Yoann vit dans ce petit village Bajo depuis 9 ans. Il a épousé une indonésienne (il s’est donc converti à l’Islam) qui avait déjà un enfant et ils en ont eu un en commun depuis. Il a fait construire 3 bungalows, en plein milieu du lagon à 10 minutes du village en bateau. Ces chambres offrent un confort simple (les moustiquaires sont inutilisables car trop petites, les rideaux trop courts pour couvrir la fenêtre) avec une salle de bain à l’indonésienne (avec un mandi). L’hébergement inclut trois repas par jour qu’ils nous amènent par bateau sur place (cuisine locale à base de poissons, riz et légumes, fruits et pâtisseries locales pour le petit déjeuner).

    A notre arrivée, une chambre est déjà occupée par Mathilde (qui vit à Jakarta depuis juin, pour 3 ans) et Camille, une amie française qui vient de quitter son emploi pour devenir prof de yoga. Nous profitons du dîner pour faire connaissance.

    Vendredi 30 septembre

    Yoann arrive à 7h00 avec le petit déjeuner et à peine une heure plus tard, nous partons en bateau. Il nous emmène à un endroit où, quelques jours avant notre arrivée, il avait vu 30 requins. Nous n’en dénombrerons qu’une douzaine et ils sont de petite taille. Il y a beaucoup de vagues à cet endroit, ce que je ne trouve pas très agréable. Pour la première fois, j’ai presque le mal de mer en snorkelant mais quelle plongée : une rascasse, des méduses non venimeuses, une murène, notre première étoile coussin avec ses crevettes.

    Le bateau nous arrête ensuite sur une petite île sur laquelle il y a un point de vue.

    Le corail ici est fabuleux. Il est vrai que Yoann n’y est pas pour rien. Il lutte sans cesse contre la pêche à la bombe, pratiquée par les bajos, les gens de son tout petit village, qui détruit absolument tout. Même si le corail repousse, il faut beaucoup de temps mais en 9 ans, Yoann nous dit qu’il voit vraiment une différence.

    L’après-midi, nous allons visiter un autre site qui nous permet de croiser, entre autre, deux variétés de lionfish et une énorme murène en pleine eau.

    Samedi 1er octobre

    Yoann nous avait proposé de partir à la journée, ce qui lui permettait en même temps d’aller découvrir un nouveau site. Nous apprécions vraiment de plonger avec lui car il nous montre plein de choses : des vers, une ponte de danseuse espagnole, un œuf de seiche …

    Nous nous arrêtons déjeuner sur une île inhabitée. Pendant que le beau-père de Yoann et un jeune du village font cuire le poisson, Manu continue d’explorer les fonds marins et nous, nous nettoyons la plage. Yoann se permet de faire une réflexion aux ados qui sont venus se retrouver là (on est samedi après-midi donc pas de cours) et du coup, ils viennent nous aider à ramasser les déchets qui ont échoué sur cette plage. On brûle ce qui peut l’être. Après manger, on suit Yoann dans la mangrove.

    Ce soir, nous sommes 6 car Raphaël et Amory nous ont rejoint pour le dîner (Raphaël travaille dans l’imagerie médicale du cerveau à haut niveau et vit depuis un an à Singapour avec son amie. Amory vient de soutenir sa thèse et d’être embauché chez St Gobain pour travailler sur les propriétés physico-chimiques des verres de surface). Des belges qui n’ont pas de mal à se faire accepter, d’autant plus qu’ils sortent très rapidement une bouteille de Whisky. Même Yoann se laisse tenter car il n’en a pas souvent. Heureusement qu’il en a profité le temps de nous identifier quelques photos de poissons car la bouteille ne durera que le temps de la soirée.

    Dimanche 2 octobre

    Nous rentrons au bungalow après avoir snorkelé tous ensemble ce matin car Mathilde et Camille doivent partir avant le déjeuner. Nous y avons vu de tout petits sergents-majors espiègles qui nous ont suivis (jusqu’à se coller contre les combis ou les masques) pendant de longues minutes. Yoann nous montre surtout un incroyable singe Orang-Outan.

    Les filles bouclent leurs bagages et repartent aussitôt dans le bateau : elles vont manger au village.

    Après le déjeuner, nous nourrissons les murènes qui logent sous nos bungalows avec les restes de poissons.

    Puis les garçons vont faire une sieste dans les hamacs. Yoann revient pour nous faire découvrir les alentours du bungalow, c’est-à-dire la mangrove. Nous y voyons des choses inhabituelles : un gros nudibranche (notre premier), une sorte de méduse …

    A notre retour, le nouvel arrivant est là : Christophe (34 ans, travaillant à la Matmut et habitant Carquefou). Il arrive d’Inde. Il voyage deux mois, sans son amie qui trouve les conditions de confort insuffisantes. Après le dîner, nous proposons aux autres de jouer aux cartes mais avant, je file faire pipi. Il n’y a pas beaucoup de lumière dans « la salle de bain » aussi, je me demande ce qu’il y a près des toilettes : un serpent de mer !!! J’appelle les garçons mais on ne sait pas trop comment s’en débarrasser. Ce qui est sûr, c’est que je refuse de dormir avec. Avec une palme, nous parvenons à le réveiller et il bouge un peu. Il essaie même de grimper contre le mur mais on le dévie de sa trajectoire dans l’espoir de le faire passer sous la cloison pour le reconduire à la mer mais il ne réapparaît pas de l’autre côté, il est retourné à l’eau entre deux planches de bois qui constituent le sol, par où il était sans doute venu. Rassurés, nous repartons initier les garçons à la partie de cartes indonésiennes avec les pinces à linges. De nombreuses Bintang sont vidées pendant la partie …

    Lundi 3 octobre

    Nous retournons snorkeler là où nous étions allés la première fois. Raphaël et Amory ne connaissent pas et Christophe peut plonger à cet endroit. Yoann nous donne rendez-vous dans une heure mais en réalité, ils seront de retour beaucoup plus tôt. Christophe n’ayant pas plongé depuis longtemps, il a consommé rapidement toute sa bouteille. Cette dernière plongée est sans doute l’élément déclencheur de celles qui suivront car nous trouvons tous les deux nos premiers nudibranches …

    Nous laissons notre tente à Yoann. Depuis l’Inde, on cherchait quelqu’un de gentil à qui la donner. Nous nous allégeons de 2,4 kg d’un coup. Comme les filles la veille, nous quittons le bungalow avec Raphaël et Amory vers midi et nous allons manger chez les beaux-parents de Yohann. Manu s’offre deux glaces à l’eau que vend la belle-mère en question. J’insiste beaucoup auprès de Yohann pour qu’il briefe son beau-frère au sujet de sa conduite. Et ça a marché ! Il a fumé une seule cigarette au départ et a conduit de manière beaucoup plus raisonnable. Par précaution, je suis quand même montée à l’avant dès le départ. Les 3 autres ont ainsi pu s'engager dans des discussions trop techniques pour moi. Je suis contente de voir Manu heureux de pouvoir partager de nombreux centres d’intérêts avec ces les deux garçons, pourtant si jeunes.

    Une fois installés à l’hôtel Happy flower, à Tomohon, nous allons dîner. Nous sommes tellement impressionnés du festin qui nous est servi que chacun prend la table en photo.

    En sortant, nous suivons Raphaël qui veut visiter l’église. Comme c’est drôle de voir leur représentation d’Adam et Eve (très modernes) et des anges (avec la coiffure de Richard Gere). Même ici, nous n’échappons pas à la ènième demande de selfies de la part d’un groupe de jeunes. Ils nous invitent à rejoindre demain un grand rassemblement de jeunes catholiques qui se tient à Manado. Pourquoi pas…

    De retour à l’hôtel, il nous reste à organiser notre journée de demain en commençant par réserver un taxi. Quelques coups de téléphones plus tard de la part du réceptionniste, nous voyons arriver un guide, prénommé Hody. Il nous propose une voiture à la journée pour le double de ce que nous savons être le prix. Devant notre indignation, il baisse considérablement son prix ce qui nous permet de faire affaire rapidement. Le rendez-vous est pris pour demain 8h30.

    Mardi 4 octobre

    Avant de quitter l’hôtel à 8 heures, je prends le temps de me connecter pour voir si Béa m’a donné des nouvelles. Elle m’a effectivement envoyé le résumé du rendez-vous médical post-opératoire de sa mère. Le deuxième mail concerne la réunion de l’après-midi : on nous propose un local au niveau des collines du Cens.

    Nous commençons par la visite du marché de Tomohon. On nous l’avait décrit comme étant particulièrement gore mais ce n’est pas notre ressenti. On traverse les étalages de fruits et légumes avant d’arriver au rayon boucherie. L’odeur y est bien plus supportable que dans d’autres marchés. On a sans doute fait le bon choix en choisissant d’y aller le matin. On y voit des cochons, blancs ou noirs, en train de se faire vider ou découper avant d’arriver aux chauve-souris et aux chiens. Le client peut choisir le chien de son choix dans une cage. Il sera ensuite tué et brûlé par le vendeur. Le plus difficile, c’est d’entendre les chiens hurler car ils comprennent manifestement ce qui risque de leur arriver. On peut aussi acheter du serpent pour le cuisiner.

    Hody nous offre quelques pâtisseries, nous achetons quelques fruits (Sirsak, bananes et pastèques) et quelques autres gâteaux pour le déjeuner à venir. Ici, les fruits (mangues et bananes) sont d’une taille démesurée !

    Nous montons ensuite au volcan Mahawu après une marche de 15 minutes avant d’enchaîner avec le lac acide que nous découvrons sous la pluie. Nous nous installons à une table pour déguster nos achats en attendant le retour du soleil.

    Nous reprenons la route vers Manado que nous atteignons après 1h1/2 de route. Avant d’entrer dans la ville, nous nous arrêtons photographier l’impressionnante statue du Christ.

    Une fois nos affaires déposées à Istanaku (le même hôtel que lors de notre précédent passage à Manado), nous reprenons la voiture en direction du stade en faisant un stop au magasin de plongée. Manu décide de ne pas racheter de palmes pour le moment. De gros embouteillages nous obligent à descendre de la voiture. Nous avançons un peu à pied avant d’accepter de monter dans un bus rempli de jeunes indonésiens vêtus de costumes traditionnels qui se rendent à la 2ème journée indonésienne de la jeunesse. Cet événement à caractère national est organisé par la Conférence épiscopale sur le modèle des Journées mondiales de la Jeunesse.

    Nous nous rapprochons d’une entrée et nous interrogeons un des chevaliers servants de miss Manado et ses dauphines sur la possibilité d’assister à cet événement. A notre grande surprise, après avoir demandé l’autorisation aux personnes requises, on nous conduit … dans la tribune des officiels. Nous nous retrouvons donc juste derrière le nonce apostolique Mgr Antonio Guido Filipazzi.

    Dans l’alcôve des religieux se trouve également Mgr Joseph Suwatan, évêque de Manado.

    L’Indonésie compte presque 90% de musulmans, mais les chrétiens représentent quasiment 10% de la population, soit plus de 25 millions d’habitants sur un total qui atteignait quasi 256 millions, en juillet 2015. Le but de ce grand événement est de montrer que les catholiques font partie du peuple indonésien et qu’ils doivent être tolérants envers les autres religions, ce qui fait que nous voyons, entre autres, des papous entamer des danses tribales devant les représentants de l’église et ces derniers se mêler allègrement aux festivités. 

    Après nous être mêlés séparément à l’immense foule qui remplit le stade (Raphaël se faisant photographier près de miss Manado), nous nous séparons. Les garçons partent avant la cérémonie religieuse. Nous restons jusqu’à ce que nous déclarions forfait car nous ne comprenons pas grand-chose à la grande messe qui s’annonce très longue. Nous marchons un bon moment, achetons des brochettes au passage à un vendeur de rue et attrapons une mikrolet qui nous avance un peu dans ce long trajet de retour jusqu’à notre hôtel. Nous venons d’assister à une soirée riche en couleur !

    Mercredi 5 octobre

    Raphaël a mal au dos. Il s’est levé cette nuit pour demander conseil à sa sœur (qui est médecin) qui lui a dit de surveiller sa fièvre en priorité. Après le petit déjeuner, je lui prête notre thermomètre : il a 40° ! Il recommence : 41° ! On commence à mettre la fiabilité de notre thermomètre en doute. Manu vérifie sur lui et nous le confirme : le thermomètre est à changer. Toujours accompagné de Hody, en route pour le port, nous faisons une halte à la pharmacie pour acheter thermomètre et Ibuprofène. Nous montons tous à bord d’un bateau privatisé pour Bunaken car Raphaël n’a finalement pas de température.

    Nous nous installons dans nos bungalows, allons prendre un café et Manu, qui a un gros coup de barre, se repose jusqu’à midi. La discussion entre intellectuels qui s’était instaurée après le déjeuner se voit interrompue par une proposition d’Hody qui est d’aller partager du poisson qu'il vient de faire griller. Je goûte du poulpe (assez bon ma foi). Ici se trouve une allemande peu avenante qui se félicite d’être « fiancée » à Henry (qu’elle appelle Honey à chaque phrase), le moniteur de plongée de l’hôtel. J’entendrai par la suite des conversations peu encourageantes sur la suite de leur couple, les indonésiens ayant une vision de l’amour bien moins romantiques que ce que les occidentales peuvent attendre.

    Manu est un peu « éteint ». De retour au bungalow, il a 39°. Peut-être que notre thermomètre marchait ce matin finalement ! Il se rendort très vite, mange très peu ce midi et retourne faire une sieste juste après le repas. Nous faisons tout de même une sortie snorkeling dans l’après-midi : il y a un très beau tombant à quelques dizaines de mètres du bungalow. La densité de poissons est très importante, ainsi que la vitesse du courant. Très vite, nous cessons de palmer vers la gauche et nous nous laissons dériver vers le village, pour rentrer à pied. Manu ne dîne pratiquement pas et souffre de l’oreille droite.

    Jeudi 6 octobre

    C’est l’anniversaire d’Amory ! Bien que Manu ne se sente pas très en forme, nous faisons tout de même deux plongées Manu et moi : une ce matin et une autre en fin d’après-midi en partant vers la gauche, en face du resort « Two fish ». Cette plongée d’avant le coucher du soleil est complètement différente de d’habitude : nous y voyons des espèces plus nocturnes : des dizaines d’holothuries broutant les laminaires, une sorte de vers, une sole quasiment invisible tellement elle se confond avec le sable … De leur côté, les garçons font une sortie de pêche qu’ils paieront très cher (400 000/personne pour un peu plus d’une heure) mais qui leur permettra de prendre beaucoup de poissons et de les déguster à leur retour.

    Après le dîner, Hody nous propose de le suivre dans un bar un peu plus loin car ses copains et lui vont jouer de la musique pour Amory. L’orchestre se compose d’une guitare et d’une contrebasse fabriquée localement : une caisse de bois percée munie d’un long manche et d’une seule corde. L’effet rendu est impressionnant. Nous passons une bonne soirée à chanter, danser, rire et boire un peu. Le principe est toujours le même : le plus jeune de l’assemblée verse (très) régulièrement dans un verre commun 2 à 3 cm de boisson composée de 2 Bintang diluées dans du jus de fruits contenue dans un pichet. Le but est de vider le verre avant de le lui rendre pour qu’il le remplisse à nouveau pour le voisin. La première tournée est payée par les indonésiens, la deuxième par nous, la 3ème par les garçons et il faut un peu se fâcher à la fin car les indonésiens poussent, il fallait s’en douter, à la consommation. Ce breuvage qui est très doux pour nous fait beaucoup d’effet sur les locaux qui porteraient, parait-il, un gène les saoûlant très vite même à petite dose de consommation d’alcool. Une fois couchés, j’entends les garçons qui prolongent la soirée sur la plage avec Hody après être allés chercher des bières au village.

    Vendredi 7 octobre

    Il fallait s’en douter, on ne déjeune que tous les deux ce matin. On ne voit les garçons pointer leur nez qu’au moment où nous allons plonger, à plus de 10h30. Nous nous en mettons plein les yeux encore une fois.

    Cet après-midi, ils vont jusqu’au 2ème village à pied avant de faire la même plongée que nous hier. De notre côté, nous marchons encore plus loin, jusqu’au resort « Lorenzo ». La plongée y est très bonne mais, contrairement à ce qu’on nous avait dit, guère meilleure que celle de la veille. On y voit en particulier un banc de fuseliers, la bouche béante, en train de chasser.

    Manu se couche à 21h00, terrassé par une migraine. Cette nuit, nous avons été réveillés par la présence d’un rat dans la chambre. Nous l’entendons fouiner dans nos trousses, nos câbles, nos sacs plastique. Manu se lève pour pendre le sac contenant un reste de paquet de gâteaux à un clou. On voit le rat sur la table basse, le long des murs mais bien évidemment, il va très vite. On se recouche en laissant la porte ouverte. On espère ainsi qu’il va sortir tout seul. Que nenni, je le vois sur le chambranle de la porte essayant d’atteindre les gâteaux avant d’entendre de nouveau un bruit de plastique environ 30 minutes plus tard. Je réveille Manu qui se relève pour essayer de localiser le bruit : il y a des bananes dans un sac sous plein d’autres choses. Ce sac pendu dehors, on le laisse vivre sa vie et on se rendort.

    Samedi 8 octobre

    Notre bout de chemin avec les garçons s’achève ce matin à 8h car ils prennent l’avion en direction de Kuala Lumpur tout à l’heure. C’est à notre tour d’aller explorer les environs. Nous partons avant 10h00, vers la droite, pour faire une boucle et non un aller-retour. Il faut beaucoup marcher puisqu’il est plus de 12h30 quand nous regagnons Daniel’s resort. Nous coupons par la forêt pour atteindre le village le plus éloigné, le plus touristique aussi. Nous trouvons l’arrivée fort décevante : des dizaines de bateaux amarrés ayant amené quantité de touristes pour la journée. La plupart d’entre eux sont agglomérés sur un tout petit périmètre qui est un port touristique entouré de nombreuses échoppes consacrées aux plongeurs ou vendant des tee-shirts. Le village près de l’hôtel est beaucoup plus charmant. Nous avons cherché à acheter une carte de téléphone dans les deux villages, en vain.

    Quatre jeunes français sont arrivés ce matin avec qui nous lions connaissance : Pia et Steven, qui font un tour du monde eux aussi et deux de leurs amies françaises, Amandine et Marine. Après la sieste (pour moi) qui a suivi le déjeuner, nous faisons une plongée juste en face du bungalow qui s’avère exceptionnelle à cause de la belle lumière du soir.

    Dimanche 9 octobre

    J’ai entendu Manu se lever cette nuit prendre en vitesse de l’Ibuprofène à cause d’une migraine. Nous partons en excursion tous les deux ce matin pour aller en bateau sur le site de Lekuan, réputé avoir des tortues. Nous en voyons quelques-unes mais impossible de les approcher. On y croise aussi beaucoup de poissons ballons.

    En rentrant, Pia nous montre leur site avec leur vidéo à 360° (http://declic-et-des-claques.com). Une mante religieuse vient nous rendre visite juste sur notre table. Manu dégaine son appareil photo.

    Après le déjeuner, bien que Manu souffre toujours de son oreille, nous allons faire notre dernier snorkeling à Bunaken et nous ne regrettons pas l’effort que cela a pu lui coûter. Nous réussissons à voir, entre autres, un poisson pierre, l'un des rares dangers potentiellement mortels de cette zone, à quelques dizaines de mètres de notre guesthouse.

    Comme nous sommes dimanche, l’équipe de l’hôtel nous joue un peu de musique live en soirée, avec les instruments locaux, et le traditionnel verre qui tourne. C’est toujours aussi agréable. Nous essayons notre premier « pétard » mais il paraît que leur approvisionnement étant très léger, nous n’en ressentons pas les effets. Manu réussit à réserver notre vol pour Sorong. Les Raja Ampat approchent.

    Lundi 10 octobre

    Nous quittons Daniel’s resort à 8h30 chacun derrière un scooter car le ferry public part à 9h00.

    Nous quittons les 4 jeunes français qui se dirigent vers les Togian. Il y a quelques boutiques dans la zone du port qui nous permettent de renouveler notre stock de Tang (40 paquets), des Beng-Beng (une énorme boite de ces barres chocolatées), quelques paquets de cigarettes. En gros, de quoi survivre aux Raja Ampat ! On achète aussi des gouttes pour les oreilles et de l’eau avantd’attraper une mikrolet (avec l’aide d’une gentille petite dame) qui va nous conduire à la station de Paal Dua pour en prendre une autre pour l’aéroport. Le chauffeur de la mikrolet nous propose de nous conduire lui-même jusqu’à l’aéroport pour une somme exorbitante ! Nous descendons vite fait et montons dans une autre, juste à côté qui nous propose le trajet pour... 10 fois moins cher. Les principes de tarification de ces petits bus très pratiques n'est pas des plus clairs... Nous profitons de la bonne qualité de la connexion internet de l’aéroport avant de nous envoler vers Sorong.



    Carnet de Manu

    Notre passage par le nord de Sulawesi a été marqué par deux points forts : Tumbak et Bunaken, les épisodes plus courts de Manado, Tomohon et Tangkoko restant, pour nous, de simples escales courtes sans grand impact sur notre voyage.

    Nous sommes revenus trois fois à Manado, au même hôtel sympathique et très bien tenu, l’Istanaku, en fait le meilleur de notre parcours jusqu’alors. Nous nous étions rarement payés le luxe de l’air conditionné jusqu'alors, trop coûteux pour notre budget sur un voyage au long cours, mais il faut admettre qu’en l’occurrence, cela peut parfois faire du bien : ce n’est pas tant la chaleur qui est incommodante que les moustiques qui vont avec, et l’obligation d’étanchéité et de construction en dur, pour les établissements munis de blocs de refroidissement, a ceci de bon qu’elle limite nettement la prolifération des petites bêtes indésirables.

    De Manado je ne dirai presque rien : il ne s’est agi pour nous que d’une simple ville-escale impersonnelle à la circulation automobile dense parsemée de ces nombreux « malls » commerciaux qu’on voit fleurir dans toutes les agglomérations du monde au développement trop rapide.

    Tomohon, on peut y passer, personne ne dira le contraire, mais honnêtement, il n’y a là rien de spectaculaire ; les belvédères sur les lacs et volcans ne méritent sans doute pas, en eux-mêmes, le déplacement. Les panaches de fumée existent, mais ils restent lointains et peu contrastés : en revanche, on semble assuré d’avoir beaucoup de pluie, les coteaux verdoyants très fertiles en témoignent.

    Tangkoko présente l’avantage et l'inconvénient simultané d’une offre touristique extrêmement précise. Si on se renseigne un peu, on peut savoir exactement à l'avance ce qu’on va y voir : des tarsiers, sortes de gremlins nocturnes au comportement réglé comme du papier à musique ; des couscous, genres de paresseux en général distants et à contrejour ; un toucan dont chaque guide connaît le nid, malheureusement perché un peu trop haut pour vraiment faire de bonnes photos ; quelques groupes de singes parfois difficiles à localiser dans la forêt vierge ; et c’est à peu près tout. Comme souvent en forêt, la lumière est faible (les sorties ayant lieu autour de l’aube ou du crépuscule) et les parasites nombreux (du moins dès qu’on s’arrête de marcher). Une troupe de guides au travail particulièrement répétitif veille sur les lieux, et il est impossible de sortir des sentiers balisés. Sauf à faire preuve d’une motivation hors du commun pour le « birdwatching » ou la vie parmi les macaques, on voit mal pour quelle raison on passerait là plus d’une nuit précédée et suivie des sorties programmées.

    Tumbak est une tout autre histoire : celle d’un détour que j’avais initialement pensé faire, puis auquel j’avais renoncé, avant d’y revenir suite aux discussions que nous avons eues avec ceux de nos compagnons de Bolilanga qui étaient passés par là. Un détour auquel il faut tenir avec suffisamment de volonté d’ailleurs, car il s’agit d’ajouter 6 à 8 heures supplémentaires d’un trajet relativement pénible à un parcours routier déjà suffisamment éprouvant comme cela lorsqu’on arrive à la fin de la traversée de Sulawesi.

    Dans l’état actuel des choses, Tumbak se résume largement au personnage de Yoann, et Yoann se définit presque entièrement par Tumbak. Pour les touristes de passage, aimer (ou détester) l’un, c’est aimer (ou détester) l’autre. Par chance pour nous, nous avons aimé.

    Yoann, Français de 32 ans vivant depuis une dizaine d’années sur place, est un individu à part, indépendant et libre, passionné de biodiversité marine et curieux de tout. Il propose une offre de logement charmante mais très rudimentaire (à titre d’exemple : on fait soi-même sa vaisselle à l’eau de mer puisée entre les salles de bains et toilettes vidangeant directement là ; ou bien l’on trouve un serpent de mer de près d’un mètre gentiment lové au pied de son mandi lors de sa toilette du soir). Chochottes s’abstenir…

    La nourriture est plutôt basique, Yoann ne disposant au sein de sa famille que d’une aide limitée. En revanche, il n’y a aucun problème pour arranger les « pick-ups » en voiture privée, y compris à 4 heures de route de là : de nombreux conducteurs du village sont prêts à offrir leurs services, et Yoann essaie de les faire travailler autant qu’il le peut.

    Mais ce qui caractérise vraiment Tumbak, ce sont les sorties avec Yoann. Là, on est en mesure de disposer d’une offre qui n’existe nulle part ailleurs, et qui consiste à profiter à volonté de l’expertise enthousiaste d’un spécialiste de très bon niveau qui connaît parfaitement sa zone, à la fois sur le plan théorique et sur le plan pratique. Lors des journées passées sur place, Yoann a plongé avec nous trois fois par jour, tous les jours, et il était pratiquement toujours le dernier dans l’eau… ce qui ne l’empêchait pas, le soir, de passer des heures à identifier avec nous les poissons photographiés plus tôt, au moyen des livres de taxinomie animale mis à disposition dans les bungalows.

    Yoann partage aussi volontiers avec ses invités/clients, à condition que le courant passe évidemment, des discussions très franches au sujet de ses projets, de sa vie, de la culture indonésienne qui est maintenant plus ou moins la sienne, de ses conflits avec certains pêcheurs bajos qui utilisent toujours des explosifs… Passer à Tumbak, c’est donc une expérience humaine autant qu’une expérience naturaliste.

    De plus, bien sûr, le site de Tumbak présente de nombreuses ressources, et il est possible d’y profiter autant de la diversité des coraux que de la profusion de poissons. Il faut noter qu’il n’y a pas beaucoup de « gros » (observation qu'il faut contextualiser puisque nous n’avons pas plongé avec bouteilles) et pas vraiment de tombants, du moins dans les zones que nous avons explorées. En revanche pour tout ce qui va du nudibranche à la murène, il y a de quoi faire.

    Tumbak est en résumé une destination à recommander à tous les voyageurs adaptables à la recherche d’expériences originales et authentiques. Il faut signaler à ce propos l'impact très important sur sa fréquentation récente que semble avoir eu la publicité que Yoann a reçue en 2016 de Onedayonetravel, le blog de voyages enthousiaste d'un "duo de voyageurs", à mon avis plutôt bien fait, mais qui me semble tout de même manquer un peu d'esprit critique, emporté par un enthousiasme sans doute réel, mais peut-être aussi par des intentions marchandes pas forcément très clairement assumées, quoique tout de même présentes en arrière-plan de la démarche des auteurs (puisque l'existence du site leur sert de caution à des demandes de remises ou d'invitations gratuites auprès des établissements fréquentés, les mettant dès lors, comme tous les auteurs de blogs de ce type, dans une situation de "juge et partie" peu propice à l'impartialité). Nous avions déjà observé le même phénomène aux Togian, où la guesthouse "Sera Beach" était pour la même raison (désignée comme "coup de coeur" ou quelque chose d'approchant sur le blog précité) l'objet d'une attraction disproportionnée au regard de son indistinction avec ses deux voisines (Bahia Tomini et Sandy Bay) à la proposition touristique quasi-identique. Pourtant, lorsqu'on lit ne serait-ce que la page d'accueil du blog, on y trouve déjà, au-delà de la soumission aux normes marchandes les plus impersonnelles comme "Nous avons été cités par le Huffington Post dans le TOP des duos de voyageurs à suivre en 2016 sur Instagram" ou "Nous avons été tagués le 18 janvier 2014 par les Liebster Award qui incite les blogueurs à dévoiler 11 trucs sur eux", de nombreux clichés qu'on pourrait juger comme complètement éculés, comme "Le voyage est une aventure en soi. C’est une découverte des autres mais aussi de soi-même", qui ne peuvent manquer d'alerter le sens critique du moindre amateur, même non spécialiste, de Houellebecq ou de Philippe Muray. C'est un point à méditer dans le cadre de la préparation de futurs voyages.

    Bunaken est une tout autre histoire, une destination qui restera pour moi en partie énigmatique, un peu comme un rendez-vous manqué. Nous y sommes allés sur les conseils de visiteurs rencontrés aux Togian, en particulier sur la base d’une information importante dans notre voyage : le prix. J’imaginais auparavant qu’il s’agissait d’une destination à ce point construite autour des clubs de plongée que tous les prix étaient tirés vers le haut d’une manière si déraisonnable qu’il était mal avisé de s’y rendre en simple snorkeleur : erreur. Du fait de sa relative facilité d’accès et de la concurrence (en apparence amicale certes, mais concurrence tout de même) entre les hôtels/guesthouses, il n’est pas tellement plus cher d’y séjourner que de séjourner aux Togian. Tout dépend de la saison, en fait. Dès que les guesthouses ne font plus le plein, les prix s’ajustent et on peut trouver sans trop de difficulté des solutions autour de 15/20 euros par jour et par personne en pension complète, et des prix d’excursions qui restent acceptables.

    Dès lors, nous y sommes allés, en particulier rassurés aussi, par les mêmes visiteurs, à propos de la pollution marine. Et en effet, nous n’avons pas noté de différence significative entre l’état des plages à Bunaken, à Tumbak ou aux Togian. Tout cela dépend davantage des courants, apparemment, et bien sûr de l’effort d’entretien quotidien des guesthouses situées en bord de mer.

    Notre histoire avec Bunaken a commencé par hasard dans un petit hôtel de Tomohon où nous avions fait escale avec nos deux amis belges du moment, joyeux et inoubliables compagnons de voyage et de conversation, impressionnants par leur niveau scientifique et leur culture générale, mais également touchants par leur comportement de grands gamins un peu maladroits prenant activement soin l’un de l’autre. A la réception de cet hôtel, nous avons noué connaissance avec un guide-rabatteur particulièrement doué pour son métier, nommé «Oli », ou « Hody », qui a réussi à nous accompagner pendant les 5 à 6 jours suivants.

    Hody a d’abord réussi à nous amener dans la pension de son choix à Bunaken (Daniel's guesthouse), puis à toujours rester dans les parages pour servir d’intermédiaire lors des choix d’excursion ou de vie nocturne. A certains égards, cette situation a été sympathique, car nous nous sommes intégrés sans peine à la vie locale. Cependant, elle a également été un peu trop surdéterminante dans le choix de la guesthouse, à laquelle nous avons fini par rester un peu par habitude et un peu par paresse, alors que notre vision de Bunaken aurait sans doute été différente si nous avions résidé en un lieu plus calme. Chez Daniel, ce sont en effet des locaux un peu désoeuvrés qui « dominent », au sens où ils se trouvent partout dans les allées, sur la petite plage et jusque dans les hamacs en principe destinés aux clients, et à la longue il est un peu pénible de subir leur présence qui finit par se faire encombrante.

    Bunaken a aussi été le théâtre de circonstances malheureuses, qui auraient pu arriver partout ailleurs : un rat trop entreprenant qui a rendu difficiles les nuits d’Isabelle, une série de migraines telles que je les croyais disparues, un léger passage de fièvre, des douleurs d’oreille commençant à devenir invalidantes pour le snorkeling, et un climat en dégradation continue qui, non seulement ne nous a pas permis de voir correctement le beau site de Lekuan sous le soleil, mais nous a de surcroît conduits à faire les mauvais choix d’excursion, et notamment à décliner une sortie apparemment très réussie pour aller voir, et peut-être nager, avec des dauphins pas trop réduits à l’état de bêtes de cirque.

    Bunaken, c’est aussi un endroit où nous avons souffert davantage qu’aux Togian de l’absence d’internet, du fait qu’il me semblait invraisemblable qu’il n’y ait à la fois pas de wifi opérationnel dans la guesthouse, presque aucune connexion cellulaire (au moins sur la côte Est) et aucune boutique permettant le « top-up » du crédit téléphonique ; et c’est pourtant le cas ! Ceci s’est trouvé aggravé par le fait que c’est aussi à peu près à partir de là que nous avons systématiquement pris beaucoup de photos sous-marines, et commencé à les traiter doublement, à la fois par Snapseed et Aviary, générant de ce fait de nombreux fichiers requérant des dizaines d’heures de travail. Nous avons alors pris beaucoup de retard à la fois sur notre site web et sur le traitement photo, ce qui a entraîné une forme de découragement général devant ou bien l’adversité, ou à tout le moins la surestimation de mes forces pour venir à bout de tous les problèmes techniques rencontrés et maintenir le niveau de qualité idéalement visé à la fois pour la production de textes et d'images.

    De plus, après le départ d’Amory et Raphaël, nous n’avons pas vraiment retrouvé de sociabilité aussi enrichissante que celle que nous avions connue aux Togian, et le séjour à Bunaken s’est donc terminé dans une ambiance de dépression légère et d’occasion ratée.

    Si le snorkeling avait été médiocre, la conclusion aurait été simple : Bunaken nous aurait laissé une image passable et serait tombé dans l’oubli. Or ce n'est pas du tout le cas: le snorkeling local, loin d’être médiocre, est vraiment d’une qualité spectaculaire. On peut certes se rendre sur les sites impressionnants de Lekuan avec un petit bateau local, mais un simple aller-retour le long du tombant, au droit de « Two-fish » à peu près, reste une expérience magnifique. Encore n’avions-nous pas alors suffisamment l’habitude du « petit », et ne savions-nous pas détecter les nudibranches que nous avons pris en affection quelques semaines plus tard…

    Alors certes les pensions semblent un peu trop exclusivement tourner autour de la plongée avec bouteilles, et les bateaux des clubs sont un peu envahissants, mais moyennant un bon choix de guesthouse, un séjour un peu hors-saison et un peu de chance avec le climat et les rencontres de voyage, Bunaken reste un excellent choix de destination accessible et bon marché avec un snorkeling local de classe mondiale, et c’est une affirmation que nous pouvons maintenir même après avoir vu les Togian, Tumbak et les Raja Ampat (ce carnet étant rédigé juste après notre passage dans ce dernier archipel).

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu au Nord Sulawesi

    J'ai aimé:

  • Le personnage de Yoann à Tumbak
  • La qualité générale du snorkeling à Tumbak (notamment autour de la très belle mangrove locale)
  • L’excellente qualité du snorkeling sur le tombant Est de Bunaken
  • L’excellente qualité du snorkeling à Lekuan (seul autre site testé à Bunaken)
  • Le très bon rapport qualité-prix-accessibilité-ambiance à Bunaken
  • Les sympathiques soirées musicales à la guitare, au ukulele, et à cette étonnante contrebasse à une seule corde aux possibilités étonnantes
  • La jolie petite piste/route menant du village de Bunaken à la côte Est
  • J'ai moins aimé:

  • L’ambiance un peu nonchalante du Daniel’s guesthouse, peut-être un peu plombée par les deux jeunes allemandes qui y résident à plein temps avec leurs petits copains locaux avec lesquels elles semblent avoir des relations difficiles
  • La nourriture un peu répétitive du Daniel’s : trop de tofu (remarque qui se généralise malheureusement à l'ensemble de l'Indonésie, et même de l'Asie) et pas assez de variété
  • La difficulté à se débarrasser du rat nous tenant compagnie la nuit au Daniel's guesthouse (peut-être n’y avait-il pas assez de chiens dans l’hôtel ?)
  • Le temps un peu changeant de ce début octobre : de moins en moins de soleil, de multiples variations quotidiennes, et une mer qui se forme parfois au point de diminuer la qualité du snorkeling
  • Tomohon: 0 et Manado: -
  • J'ai remarqué:

  • L’absence de connexion et d’accès au crédit téléphonique à Bunaken
  • L'incroyable profusion d'églises sur la route reliant Gorontalo à Manado
  • Mes limites physiques de quincagénaire de moins en moins adapté à la rude vie de routard, notamment en matière de sommeil dans des conditions difficiles (literie et draps souvent déficients), de résistance aux désagréments (petits bobos, démangeaisons variées) et de capacité à me détendre dans le contexte d'une obligation permanente d'organisation et de choix structurants
  • Si c'était à refaire:

  • Je ferais moins de snorkeling en temps total passé dans l’eau, tout en ne sortant que lorsque les circonstances sont favorables
  • Je ferais au moins une plongée avec bouteilles à Tumbak, avec comme objectif précis de pouvoir photographier des nudibranches sans avoir à me contorsionner
  • A Bunaken, je choisirais notre guesthouse avec plus de soin, quitte à prendre le temps d'en visiter plusieurs une fois sur place
  • A Bunaken, je ferais davantage d’excursions et je les ferais plus tôt dans le séjour, dès que les circonstances favorables sont réunies (nombre de participants, soleil), plutôt que d’attendre une illusoire meilleure occasion