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  • Album de la Patagonie
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    Carnet de Manu

    Ecrit le 6 mars 2018, environ dix mois après notre passage en Patagonie

    Lors de la définition de l'itinéraire global de notre tour du monde, la décision de faire ou non un crochet par la Patagonie n'a été prise qu'à la suite d'une longue hésitation. J'avais certes envie d'aller chercher là le point le plus méridional de notre parcours, en ce bout de continent qui est aussi l'un des finisterres les plus sauvages et les plus extrêmes de la planète: faible densité humaine, rigueur du climat, beauté brute de la nature, voilà un programme qui semblait prometteur. Seulement, la volonté de passer suffisamment de temps en Polynésie sans pour autant y arriver trop tôt, pour éviter la saison des pluies, mettait cet alléchant projet en péril: plus le temps passait, plus l'automne, puis l'hiver austral menaçaient de s'installer au sud du Chili et de l'Argentine, et de rendre les randonnées patagoniennes de plus en plus aléatoires, risquées ou potentiellement pénibles.

    Finalement, malgré l'effort (en énergie et en budget, le prix des billets d'avion et la longueur des liaisons en bus interdisant toute solution pratique et bon marché), j'ai pris la décision de "descendre" dans l'extrême sud du continent dès notre arrivée en Amérique, même si cela ne devait se traduire que par un séjour à durée limitée sur place, de l'ordre d'une semaine. Le vol aller était inclus dans notre billet tour du monde, et à ce titre s'enchaînait directement avec notre segment de l'île de Pâques. En revanche, le vol remontant vers Iguazu devait être trouvé une fois sur place, ce que nous avons finalement pu faire dans une agence d'Aerolineas Argentinas à El Calafate, permettant de s'adapter plus ou moins aux conditions climatiques et tarifaires du moment.

    Finalement, ces conditions climatiques nous ont été très favorables, et ceci dès notre arrivée. J'avais lu avant de partir qu'il n'était pas forcément déconseillé de se trouver en Patagonie à l'approche de l'hiver, d'une part parce que l'amplitude thermique annuelle n'est pas très importante du fait de l'influence maritime, d'autre part parce que la perte de température est en partie compensée par un régime de vent plus favorable. Comme par ailleurs les conditions sont par nature très changeantes, il suffit de tomber sur une période sans mauvais temps établi pour avoir de bonnes chances de bénéficier, même en basse saison, de certaines périodes d'éclaircies favorables aux sorties en plein air et à la photographie. Nous concernant, ce n'est pas seulement un peu de chance que nous avons eue; nous avons véritablement bénéficié de circonstances exceptionnelles, surtout du point de vue photographique. Il faudrait passer beaucoup de temps dans la région pour savoir si la série d'aubes et de crépuscules que nous avons eu l'occasion de contempler était vraiment atypique, mais de notre point de vue de voyageurs de passage, le spectacle était vraiment de toute beauté. Plus spécifiquement, les points de vue sur le lac de Puerto Natales, Los Cuernos del Paine et le Fitz Roy se classent à mon avis chacun dans le top ten des plus beaux paysages de ce tour du monde; tout cela en moins d'une semaine, c'est dire à quel point sur ce critère, la Patagonie a surperformé la moyenne générale du voyage.

    En somme, cette brève escapade dans l'extrême Sud américain a constitué pour nous quelque chose comme une bonne surprise. Bonne surprise qui, hasard du calendrier, a succédé à une autre bonne surprise constituée par notre passage à l'île de Pâques. Encore suffisamment loin des préoccupations du retour vers la France, inscrit dans une logique de détour qui constitue au fond la quintessence de ce qu'est un voyage dans une vie, cet épisode patagonien pourrait à lui seul résumer certains des aspects les plus réussis de notre grande boucle: d'aléatoires rencontres d'auberges de jeunesse, des instantanés de paysages magniques, des aperçus de vie sauvage parfois inattendus, des oiseaux multicolores, et, diffus, un euphorique sentiment de liberté ainsi que la joie d'avoir, à notre mesure, accès à la beauté de la nature.

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu en Patagonie

    J'ai aimé:

  • Les paysages magnifiques, supérieurs à ceux que j'aurais pu imaginer si j'avais imaginé quelque chose, ce dont je ne me souviens plus
  • La solitude relative à cette période de l'année sur les sentiers de randonnée
  • Les lacs, les ciels, les lignes de cîmes +++
  • L'ambiance sportive/décontractée aux points de départ des excursions (petites villes, hôtels ou campings locaux)
  • Les possibilités photographiques
  • La vie sauvage (oiseaux, petits mammifères) ++
  • Le froid sec pas trop gênant (sauf peut-être au Perito Moreno)
  • Le fait d'avoir pu disposer de notre propre véhicule et d'un hôtel dans le parc des Torres del Paine (cher, mais cela a vraiment été de l'argent bien investi)
  • Les escales sympathiques à El Calafate, mais surtout Puerto Natales et son très beau lac, et plus encore El Chalten: auberges de jeunesse très sympathiques et premières viandes grillées sud-américaines bien agréables +
  • Les belles possibilités de marches directement à partir du village d'El Chalten ++
  • La situation absolument exceptionnelle de notre hôtel (cher) sur le lac Pehoe dans le parc des Torres del Paine ++
  • La chance que nous avons eue avec les levers et couchers de soleil lors de notre passage
  • La facilité à rejoindre en bus les différents centres touristiques, même hors saison
  • J'ai moins aimé:

  • L'aménagement un peu trop artificialisé des abords du Perito Moreno
  • Le spectacle du Perito Moreno lui-même, s'il reste très impressionnant, est sans doute un peu trop survendu, ce qui peut causer une légère déception par contraste avec des attentes trop élevées
  • Le niveau des prix en forte hausse, et les contraintes d'organisation (guides obligatoires) et tarifaires (billet d'entrée) de plus en plus importante notamment pour l'accès au parc des Torres del Paine
  • Si c'était à refaire:

  • J'envisagerais de rester plus longtemps au parc des Torres del Paine, si possible au coeur de la zone sauvage, et de faire de l'affût pour tenter de photographier renards et, qui sait, pumas.
  • J'envisagerais une ou deux marches plus longues (peut-être avec bivouac) au départ d'El Chalten, pour approcher davantage le Fitz Roy ou le Cerro Torre.