Carnet de Nouvelle-Zélande

Pour consulter les albums photos complets avec une meilleure définition, les adresses sont le suivantes:

  • Album 1 (Centre)
  • Album 2 (Sud)
  • Album 3 (Est)
  • Album 4 (Nord)



  • Carnet d'Isabelle

    Mardi 7 février

    Ca y est, on est arrivés en Nouvelle Zélande !!! Nous posons le pied sur ce nouveau continent à plus d’une heure du matin. Nous perdons du temps à l’arrivée à l’aéroport car nous souhaitons tout de suite acheter une carte téléphonique. La vendeuse est occupée avec une voyageuse mais elles rencontrent apparemment un problème difficile à régler. Après avoir attendu vraiment longtemps, nous apprenons que notre téléphone n’est pas compatible avec la carte qu’elle distribue (Spark). Elle nous conseille de nous adresser à un autre opérateur. Le vendeur de Vodafone est très efficace mais malgré tout, nous arrivons au camping en taxi à plus de deux heures du matin. Manu a réservé une « cabine » : c’est une chambre minuscule avec juste un lit dans lequel nous nous écroulons de fatigue. C’est petit, fonctionnel et très propre.

    Mercredi 8 février

    Nous sommes réveillés par quelqu’un qui vient frapper à notre baie vitrée. C’est le propriétaire du camping qui vient nous annoncer que le check out est à dix heures, soit dans… 5 minutes ! En revanche, nous pourrons utiliser les sanitaires une fois la chambre débarrassée. Quand nous sommes prêts, nous appelons Wendekreisen (la petite entreprise qui nous loue le camper-van) afin que quelqu’un vienne nous chercher. Nous avons alors récupéré ce qui sera notre maison pour les trois prochaines semaines. Quel bonheur de nous y installer et de pouvoir enfin défaire nos sacs à dos. Le véhicule est très bien aménagé et comprend un espace pour dormir avec des rangements (transformable en table + sièges) et un espace pour cuisiner (évier + matériel de cuisine + réchaud + rangements + frigo). Mieux vaut ne pas faire la taille d’un basketteur… ça risquerait d’être ric-rac pour dormir…

    Peu de temps après nos premiers kilomètres de conduite à gauche, Manu connait quelques difficultés avec la boite de vitesse. Grâce à Campermate, nous nous rendons dans un centre commercial. Mais qu’est-ce que Campermate ? C’est une application très bien faite et très utile, alimentée directement par les voyageurs en Nouvelle-Zélande (et en Australie) et destinée à aider ces mêmes voyageurs à trouver des sites de campings, des points Wi-Fi, de l’eau, des endroits où vidanger son camping-car… L’idée est venue à Adam Hutchinson après avoir traversé les 2 îles en scooter en 2006. Depuis, elle a évidemment évolué. Les points très positifs de cette application, c’est que non seulement elle est gratuite mais que, en plus, elle reste accessible hors-ligne. C’est très simple : en ouvrant l’application, de nombreuses icônes apparaissent, de formes et de couleurs différentes, indiquant chacun quelque chose en particulier. Pour les campings par exemple, l’icône représente un camping-car (pour les lieux autorisés seulement aux véhicules self-contained (cela veut dire être autonome sur les toilettes) ou un camping-car et une voiture (pour les lieux autorisés à tous les véhicules). La couleur indique le type de camping : vert : camping = gratuit, bleu = camping bon marché (moins de 15$), rose = camping payant (plus de 15$). Plus on zoome, plus il y a d’options et de lieux. Et en cliquant sur les 3 barres en haut à gauche, il est possible de sélectionner ce qu’on veut voir (tous les icônes où seulement les toilettes publiques par exemple).

    Dans le centre commercial, nous pouvons donner notre petit appareil photo à réparer dans une boutique Sony et faire nos courses dans un Pak N Save, enseigne que nous suivrons pendant tout notre séjour. Il est trop tard pour repasser chez Wendekreisen pour l’histoire de la boîte de vitesse alors nous décidons de dormir dans les environs de Christchurch mais en nous éloignant tout de même un peu, du côté de la mer. Nous passons donc notre première nuit à Spencer Beach, où nous voyons notre première plage et nos premiers surfers de Nouvelle-Zélande. Nous découvrons aussi ces grands parcs très calmes, parsemés de grands arbres, qui servent souvent de terrains de loisir ou de camping.

    Jeudi 9 février

    Une nouvelle fois, il est presque 10h00 quand nous nous réveillons. Nous payons les frais des deux jours de voyage. Heureusement, on nous autorise à prendre le temps de petit-déjeuner et de nous doucher. Nous enchaînons directement avec une visite de contrôle chez Wendekreisen qui atteste bien d’un souci au niveau de la boîte de vitesse mais qui nous autorise quand même à partir avec ce véhicule. Au moins, nous serons dédouanés en cas de problème pendant notre trajet. Il y a une très bonne connexion chez Wendekreisen alors nous tardons un peu pour partir : nous en profitons pour télécharger quelques épisodes de « The affair ». La Nouvelle Zélande sera le seul pays où nous nous sommes autorisés à regarder 30 mn de la série chaque soir car il fait nuit de bonne-heure, et souvent assez froid, alors on est bien sous la couette…

    Vers 15h30 on s’arrête pour le repas mais faire chauffer l’eau pour les pâtes prend plus d’une heure. Manu cherche d’où vient le problème : c’est le tuyau de gaz qui est pincé. Nous l’avions remarqué et pourtant signalé à la loueuse du van qui nous avait assuré que cela n’engendrait pas de problème. Manu résout le problème et nous pouvons poursuivre notre objectif du jour : atteindre le lac Tekapo.

    Les collines se succèdent les unes aux autres, la route est en parfait état, et nous ne croisons aucune maison sur des dizaines de kilomètres. La Nouvelle-Zélande nous apparaît alors dans toute sa splendeur : je ne cesse de répéter que je trouve cela magnifique. Nous arrivons au lac Tekapo en fin d’après-midi. Ce lac situé dans la région des Mackenzie est le plus haut de Nouvelle-Zélande (710m). Le lac Tekapo a une couleur d’un bleu particulier ressemblant à un mélange de bleu et de blanc. Ceci est dû à la « farine de pierres » : des particules minérales provenant de l'érosion de la montagne par des glaciers qui alimente le plan d'eau. Ces sédiments donnent l’aspect laiteux au lac et empêchent les rayons du soleil de traverser le lac, d’où une couleur satinée et opaque.

    Nous dénichons notre premier camping GRATUIT au bord du Lac McGregor. Nous sommes tout contents d’avoir trouvé ce point de chute assez rapidement. En Nouvelle-Zélande, si votre van n’est pas « self-contained » (= qui possède des toilettes), vous n’avez pas le droit de dormir n’importe où et peu de camping sont gratuits… Pour nous, pas de problème, nous sommes bien certifiés comme il faut.

    La description du paysage par les mots n'égalerait en rien celle de belles images (d’ailleurs l’un des deux fils de la Belge campant près de nous a bien dit « y’a pas de mot » -mais peut-être un peu ironiquement- en observant le paysage…)

    Vendredi 10 février

    Nous entreprenons une marche pour rejoindre le Mt John Observatory dont le départ se trouve sur le parking des Tekapo Springs (un spa/piscine avec vue sur le lac, apparemment luxueux). Depuis le parking, deux choix sont possibles, « Mt John summit », une marche de 30mns qui rejoint l’Observatory en coupant par la forêt, et une marche de 2h « Mt John summit, walkway by Lakeside » qui rejoint l’Observatory en faisant le grand tour par la colline attenante au lac. Nous optons pour la deuxième proposition puisqu’elle a l’avantage d’offrir des vues sur le lac et la vallée au contraire de la première marche plus courte. Nous prenons notre sandwich à mi-parcours. Je trouve le panorama du Mont John saisissant et les couleurs sur le lac vraiment belles.

    Nous rejoignons ensuite le lac Pukaki où faisons notre toilette (c’est frais mais ça revigore !), prenons notre apéro en regardant le soleil se coucher et nous dormons comme des bébés. Quel contraste avec les nuits souvent plus difficiles dans les auberges à packpackers des pays chauds!

    Samedi 11 février

    Nous avons trouvé la bonne place hier soir car nous ne sommes qu’à quelques mètres seulement du lac, et la vue ce matin est quand même hors catégorie. Nous profitons de la vue privée pour petit déjeuner avant de reprendre la route à travers un paysage de pure beauté en direction des glaciers : une seule route mène au Mt Cook, et cette route longe pendant de longs kilomètres la rive ouest du lacqz Pukaki. Nous nous arrêtons à plusieurs reprises pour prendre des photos. Nous passons à côté d’un beau champ de lavande (où quelques Chinois se prennent en photo dans des chaises disposées dans les allées à cette attention).

    Nous nous arrêtons un long moment dans le village de Twizel. Nous faisons quelques courses au supermarché où il n’est pas possible d’acheter de l’alcool. En Nouvelle-Zélande, les supermarchés n’ont pas de licence pour vendre autre chose que de la bière. Nous prenons du cidre pour nos apéritifs. En attendant que la batterie de l’appareil charge à l’office du tourisme, nous faisons la connaissance d’un très jeune retraité allemand qui voyage avec un car qu’il a acheté. Il nous permet de le visiter et je suis conquise par l’aménagement : il a même un petit poêle pour faire du feu !

    Peu de temps après, le mont Cook commence a apparaître sur la route. Le Mt Cook (les Occidentaux l’ont baptisé ainsi en l'honneur du célèbre explorateur Anglais) est le mont le plus élevé de Nouvelle Zélande, et culmine à 3724 mètres. Autour de ce dernier s’est développé une petite activité, qui compte un visitor center, quelques cottages et un camping.  Le tout est géré par le DOC (Department of Conservation), on ne trouve donc aucun commerce sur place si ce n’est une station essence. La raison d’un tel essor autour du Mt Cook est dû au fait que plusieurs marches intéressantes sont présentes dans la zone.  En effet, on trouve des marches pour tous les niveaux et de toutes les durées, de quelques minutes sur terrain plat à plusieurs jours de réelle ascension montagneuse.

    Nous entreprenons la « Hooker Valley Track » alors que la plupart des marcheurs rentrent. Cette marche à faible dénivelé nous a fait passer entre les montagnes, traverser 3 ponts suspendus avant d’arriver à un bassin glacier superbe, terminé par un lac parsemés de petits icebergs qui viennent mourir sur la grève, le tout en environ trois heures aller-retour. Le vent souffle très fort sur les versants exposés et peut être glacial à certains moments. Heureusement que nous avions emporté nos pulls et coupe-vent dans le sac à dos. Nous dormons dans le camping le plus proche du Mont Cook car on y dort au pied du mont. Cela ressemble plus à un grand parking qu’à une aire de camping mais au moins on est juste à côté et nous sommes entourés par les montagnes. Les toilettes sont très propres, en revanche, pas de douche à l’horizon mais de l’eau potable… Nous dînons dans le van car la pluie commence à tomber.

    Dimanche 12 février

    Il a beaucoup plu pendant la nuit et cela est encore le cas à notre réveil. Le vent souffle très fort. Manu est allé vérifier le bulletin météo qui annonce une tempête. Le froid et le plafond nuageux toujours aussi bas limitent l’intérêt des randonnées que nous souhaitions encore faire dans la zone (notamment l'exigeante montée à Mueller's Hut). Nous décidons d’abréger notre séjour mais nous faisons quand même une courte marche peu exigeante, en-dessous de Mueller's trail, qui nous amène à un petit belvédère .

    Avant de partir, nous passons au village pour prendre une douche à côté du Visitor Center (tarif 2$ pour 6 minutes et nous pouvons la prendre tous les deux). Impossible de manquer the Hermitage, l'hôtel de luxe cinq étoiles de 6 étages qui occupe à lui tout seul une grande partie du village. Cette construction en bois possède également un musée dont la statue de Sir Edmund Hillary trône à l’entrée. Alpiniste de renommée internationale, il est connu pour avoir triomphé du Mt Everest en 1953. Avant de se rendre au Tibet, il se distinguait déjà par son ascension du Mt Cook en compagnie de son fidèle sherpa Tensing Norgay. Quelques semaines avant son décès en 2008, devenu une gloire nationale, il inaugurait le « Sir Edmund Hillary Alpine Center » dans lequel nous entrons pour visiter la partie gratuite qui n'est pas seulement consacrée à Sir Hillary. On découvre les exploits de Freda du Faur, première femme à avoir gravi le Mt Cook, où Mark Inglis qui perdit ses deux jambes durant une première tentative avant de remporter le sommet vingt ans plus tard ! Au Visitor Center, on nous confirme l’arrivée d’une énorme tempête alors nous reprenons la route dans l’espoir de fuir le mauvais temps.

    Nous cherchons un endroit où passer la nuit, protégé du vent, et susceptible d'avoir une petite balade tout près, histoire de prendre un peu l'air. Nous nous arrêtons près des Pukaki Boulders. Nous faisons une marche de deux heures (on ne peut pas dire qu'on soit embêtés par les touristes, on a croisé seulement un VTT) et on a dormi rien que tous les deux avec des petits lapins comme voisins.

    Lundi 13 février

    Nous passons dire un petit au revoir au lac Pukaki avant de reprendre la route et nous profitons de ses magnifiques couleurs. Nous nous arrêtons de nouveau à Twizel pour faire des courses au supermarché, nous acheter de l’apéritif à la Liquor Shop, profiter de la connexion internet Spark (chaque cabine nous donne droit à une heure et/ou un giga de données gratuits) et recharger ordinateur et batteries au Visitor Center.

    Pour déjeuner, nous nous arrêtons près du lac Ruataniwha. En repartant, nous passons devant un gros élevage de saumon, où un vieux pêcheur se lance dans des explications peu compréhensibles, du fait d'un accent local très prononcé, sur les techniques de piscicultures. Sur la route, nous nous arrêtons pour aller faire une courte balade dans les Clay Cliffs, formation d’argile composée de falaises à la fois impressionnantes et très photogéniques. Un peu plus tard, nous trouvons l'endroit de la laine mérino utilisée par Icebreaker, la marque de tous nos vêtements techniques !

    Nous traversons des paysages aussi splendides qu’insolites. Par exemple, les nombreux arrosages automatiques qui peuplent les champs fonctionnent tous alors qu’il pleut. Peu de gens vivent dans le sud de l’île de la Nouvelle-Zélande, (1 million sur les 4 millions d’habitants qui peuplent le pays), ce qui fait que nous sommes en permanence entourés de grand espaces. Ici, la nature est beaucoup plus présente que l’homme et ses constructions en béton. Nous atteignons le camping près du lac Hawea alors que la nuit tombe.

    Mardi 14 février

    Aujourd’hui : Isthmus Peak Track est une longue marche de 5h30 pendant laquelle nous avons fait un dénivelé de 1080 mètres (l'équivalent de 375 étages de maison), 3h de montée non-stop et 2h de descente pour le retour. Pour être honnête j'ai râlé une partie de la randonnée, surtout quand après 2h de montée on voit un panneau qui nous indique que le mont est encore loin ... Ce trek emprunte par moment des terres privées, où sont élevés en liberté quelques moutons et quelques veaux, il faut donc bien entendu les respecter et bien penser à laisser les portails ou barrières tels qu’on les a trouvés derrière nous. Le pic du mont se trouve au milieu d'une chaîne de montagne donnant une vue à 360° sur deux lacs : le lac Hawea et le lac Wanaka. Je suis tellement contente quand j’arrive en haut et que je découvre découvre la vue ! Manu, arrivé avant moi, m’attendait avec quelques moutons. D’ici, on embrasse le panorama et on s’embrasse de joie !

    Bien que la fatigue se fasse sentir, nous reprenons la route. Pour nous distraire, un des miracles de l’an 2000 nous surprend au détour d'un chemin : cette année-là, des soutiens-gorges ont commencé à apparaître mystérieusement sur la clôture de Cardrona, entre Wanaka et Queenstown. Les autorités ont bien tenté de les enlever, mais ils reviennent inlassablement. Je n’en ai emporté qu’un seul, je ne peux donc pas participer.

    Queenstown c’est le point de rendez-vous de beaucoup de backpackers, touristes et locaux fortunés, bref un mélange de gens plutôt favorisés. C’est une ambiance particulière, loin de l’aventure sauvage globale en Nouvelle Zélande, qui peut ne pas plaire, surtout aux gens qui détestent l’affluence, le tourisme de masse et l’invitation à la consommation. Queenstown est la ville du frisson, ce qui explique le surnom de sa rue principale, Adrenaline Street, sur laquelle s’accumulent les opérateurs de tourisme prêts à vous faire vivre le plus de sensations fortes possibles (saut à l’élastique, VTT, parachute …), ou à vous faire dépenser le plus d’argent possible, ça dépend comment on l’analyse. En tout cas, nous ne nous sentons pas concernés du tout.

    Kaspar et Nicole nous avaient vanté Ferg Burger alors comme c’est la Saint Valentin, on va se payer le « restau ». Ferg Burger c’est l’emblème de Queenstown, là où il faut manger impérativement, c’est la tradition, comme manger une poutine à la Banquise si vous visitez Montréal, un macaron Ladurée à Paris, etc.

    Le pire, c’est qu’on a eu du mal à le trouver. Nous avons dû demander à un local qui se trouvait être... un employé de l'enseigne. Une fois remis dans le bon sens, il suffit de suivre la queue qui occupe tout le trottoir, c’est là. Alors est ce que c’est le meilleur burger du monde ? Honnêtement, c’est un bon burger, mais pas de quoi selon nous revendiquer un tel titre, il ne faut quand même pas abuser !

    Après avoir vaincu la queue, nous optons pour l’un des burgers de la liste, avec des goûts assez classiques et pour une portion de frites, puis nous prions pour trouver une place assise, ce qui se passe relativement bien. Au pire, on aurait pu s’assoir sur le banc public sur le trottoir, devenu propriété d’usage de Ferg Burger. Installés, nous sortons le monstre de son sachet en papier, et on le place comme beaucoup de nos voisins devant nous pour la photo obligatoire.

    Ferg Burger s’est tellement imposé qu’il a fait des bébés: Mme Ferg et Ferg Bakery, qui sont attenants au premier restaurant, et proposent des solutions différentes à ceux qui ne sont pas trop burgers ou n’ont pas envie de faire trop de queue (nous avons attendu 15 minutes, tout dépend de la saison et du jour de visite). Nous prenons deux pâtisseries pour le lendemain matin et nous reprenons le van pour aller nous coucher.

    Impossible de dormir en ville, le lobby du tourisme a forcément la mainmise sur la ville et refuse que des backpackers dorment dans leur voiture sans payer. Heureusement, quelques espaces ont été mis à disposition, à quelques kilomètres seulement du centre de Queenstown. Nous trouvons sur place un point d’eau et des toilettes.

    Mercredi 15 février

    Pour commencer la journée, nous avons fait des courses (il faut bien de temps en temps), fait la vidange du van et pique-niqué au bord du lac Wakatipu qui est en bordure de Queenstown. Puis nous avons commencé la montée vers Milford Sound. La route est vraiment très belle. Nous avons vu de nombreux troupeaux de daims (fortement consommés ici). Alors que Manu voulait filmer un troupeau de daims, il s'est approché trop près d'une clôture en même temps qu'il marchait sur un fil électrique enterré dans le sol. Le fait d'effleurer l'appareil photo sur le grillage a fait contact et a créé un court-circuit. En gros, il a fait un bond, s'est retrouvé les fesses par terre et le cerveau a disjoncté quelques secondes car il s'est demandé ce qu'il lui était arrivé. La seule séquelle qu’il a eu les minutes qui ont suivies, a été un engourdissement de la langue. Nous avons eu tous les deux très peur.

    Pour une fois, nous sommes arrivés au camping Manapouri Motel alors que la nuit n'était pas tombée, ce qui nous a permis de visiter la collection de vieilles voitures du camping, de faire la lessive et de prendre l'apéro à la lumière du jour.

    Jeudi 16 février

    C'était l'un des points forts de notre voyage et nous l'avons atteint : les fjords de Nouvelle Zélande ! Ce matin, sous un ciel magnifique, nous continuons la route de Milford Sound, une des plus belles du pays, mais également assez difficile par ses virages exigus et son long tunnel noir. La route se poursuit en forêt avec les rayons du soleil qui glissent entre les branches des arbres centenaires avant de rejoindre le pied d'une montagne longtemps considérée infranchissable par les voyageurs. L'Homer Tunnel a été creusé dans la roche de 1935 à 1954 au prix d'efforts considérables. C'est la porte d'entrée qui mène au Milford Sound.

    De l'autre côté de la vallée, la route serpente dans des canyons recouverts de forêts qui semblent impénétrables. ll nous reste 20 kilomètres à parcourir. On en a prend plein les yeux avant même de voir les fjords. Les montagnes qui longent la route des deux côtés sont absolument magnifiques, couvertes de fougères aborescentes et d'arbres aux troncs couverts de mousse dégoulinant en fanfreluches blafardes. Nous sommes ici dans la zone tempérée la plus pluvieuse du monde, si bien que même quand le ciel est clair comme aujourd'hui, l'eau semble exsuder des végétaux et des roches elles-mêmes.

    Grâce à l'enveloppe apportée par le Père-Noël de Bonne-Maman, nous nous sommes offert une croisière de deux heures parmi les fjords. Manu va vérifier les horaires à l’office du tourisme qui se trouve à côté du parking puis nous allons acheter les billets au centre d'accueil des visiteurs situé à 300 mètres. L'immense centre d'accueil donne une idée de la fréquentation du Milford Sound (plus de 500.000 voyageurs durant la période estivale). Toutes les compagnies revendiquent un avantage sur leurs concurrents. Tel navire est plus grand que tel autre, plus sympathique ou plus confortable... Comment choisir ? En réalité, les circuits empruntent tous le même itinéraire et seule la durée varie. Nous optons pour le plus petit bateau en nous disant qu’il est peut-être plus maniable et peut donc approcher de plus près les falaises et la vie sauvage.

    C'était vraiment magique, surtout que nous avons eu beaucoup de chance pour une fois avec la météo: c'est un des rares jours dans l'année où il ne pleut pas. Il faut dire que nous surveillions la météo depuis plusieurs jours. Nous pouvons par conséquent profiter du spectacle sous le soleil qui est encore assez haut pour éclairer à sa juste valeur le Milford Sound ainsi que le fameux « Mitre Peak » (qui culmine à 1696 m d'altitude et tire son nom de sa ressemblance avec la mitre d'un évêque). Son extrémité dépasse « The Elephant » et « Lion Mountain », les principaux sommets voisins. Nous avons la chance de voir des phoques se prélasser au soleil. Deux chutes spectaculaires se déversent dans le fjord depuis la nuit des temps. Au retour, le capitaine manœuvre suffisamment près pour que nous en ressentions plus que les embruns. De magnifiques arcs-en-ciel se forment… Bien couverts, nous faisons toute la croisière à l’extérieur, sur le pont supérieur pour contempler ces montagnes avec certains sommets enneigés, qui plongent dans la mer.

    Il y a 50 millions d'années, toute cette région de Nouvelle-Zélande était noyée sous la mer. Le mouvement des plaques tectoniques a fait émerger les fonds marins. Puis des glaciers géants ont peu à peu creusé la roche. Il suffit de contempler les falaises qui nous entourent pour mesurer l'échelle du temps. La mer de Tasman a envahi la vallée lorsque le réchauffement climatique a fait fondre la glace, donnant naissance aux fjords. A Milford Sound, la vallée peut atteindre 400 mètres de profondeur sous l’eau. Quel bonheur de terminer la croisière avec un banc de dauphins venant nous raccompagner au port...

    Sur le chemin nous permettant de retrouver notre van, nous croisons un drôle d’oiseau, peu farouche : notre premier Weka (le cousin du Kiwi), espèce endémique de la Nouvelle Zélande. Il est incapable de voler et est très curieux ce qui l’amène à picorer dans mes Crocs. Les Maoris attribuent une très grande intelligence à cet oiseau qui, selon eux, s'adapte très vite à un nouvel environnement. Un proverbe Maori dit "Si le Weka brise un piège, il n'y reviendra pas".

    Avant de repartir, nous enchaînons sur une courte promenade à pied le long du lac ce qui nous permet de photographier des canards et des cormorans. Avant de rentrer dans le tunnel, Manu aperçoit un kea mais le feu de circulation alternée vient de passer au vert et on ne peut plus se garer. Nous en trouvons un autre de l’autre côté, que Manu photographie sous toutes les coutures. Plusieurs de ses congénères viennent bientôt le rejoindre. Nous les voyons s’acharner sur les voitures : pour une raison inconnue, ce perroquet adore le caoutchouc et les matières colorées. Rapidement, nous avons l'impression de nous trouver dans un remake des "Oiseaux" de Hitchcock...

    Le kea est l'unique perroquet alpin du monde, il vit de 600m à 2400m d'altitude et on ne le trouve que dans l'île Sud de la Nouvelle-Zélande. Le milieu dans lequel vit cet oiseau étant difficilement accessible, la population n'est qu'estimée : on trouverait de 1000 à 5000 individus. On s'accorde à dire que cette espèce d'oiseau endémique de Nouvelle-Zélande est la plus intelligente du monde. Intrépide, le kea n'a pas peur de l'homme et n'hésite pas à réclamer de la nourriture. De nombreux panneaux interdisent de leur donner à manger car le kea doit absolument conserver sa capacité à survivre seul dans la nature.

    On voit différentes randonnées qui partent de la route mais les Néo-zélandais ne rigolent pas : on ne peut emprunter les sentiers qu’après avoir lavé ses chaussures, sous peine d’une amende de 200 $. Nous nous arrêtons sur le pont de Tukoko Valley puis à The Chasm Falls : un cours d’eau dont les roches du lit ont été polies par des pierres descendant de la montagne. Le résultat est extraordinaire : les rochers sont constellés de marmites parfaitement lisses !

    Le temps de faire la route et de trouver le camping gratuit mal indiqué sur Campermate, nous arrivons encore une fois de nuit. De toute façon, nous ne sortons pas du van car il y a beaucoup trop de Sandflies. Les mouches des sables nous poursuivent depuis l’Indonésie ! Elles sont mesquines, agressives et voraces. Elles attaquent au coucher et au lever du soleil et prolifèrent en l’absence de vent. Elles sont beaucoup plus petites que les mouches occidentales. Ici, il s’agit plus d’un gros moucheron. Leur truc, c’est de mordre et sucer le sang. On ne sent pas toujours quand la mouche de sable mord mais les démangeaisons vont commencer 5 à 8 heures plus tard. Elles sont extrêmement irritantes et vont durer plusieurs jours (de 10 à 20 jours parfois). Les démangeaisons sont bien plus importantes que les piqûres de moustiques, c'est une nuisance qu'aucune méthode ne permet vraiment de réduire complètement.

    Vendredi 17 février

    Nous nous arrêtons à plusieurs endroits en redescendant la route de Milford Sound. Nous faisons une petite marche de près d’un premier petit lac désert, puis une marche de 5 minutes aller-retour à Mirror Lakes : les Earl Mountains se reflètent à la surface de l’eau calme du lac. Nous sommes surpris de l’engouement pour Eglinton : des cars entiers (surtout des chinois mais pas seulement) s’arrêtent ici pour se photographier devant le paysage vallonné cerné de montagnes abruptes aux sommets enneigés. C’est beau mais bon, de là à s'arrêter tous exactement au même endroit...

    Nous atteignons Te Anau en fin de matinée. Nous trouvons la possibilité de nous doucher dans des douches publiques. Pour 5$, nous pouvons y aller tous les deux. L’eau est chaude et c’est très propre. Revigoré, Manu décide de s’acheter un nouveau chapeau avant de reprendre la route. Pas de temps à perdre puisque le plan pour le reste de la journée est de traverser l'île du sud de la Nouvelle Zélande d'ouest en est, soit de Te Anau à Dunedin. Le but de notre journée étant d’aller passer la fin d’après-midi à Sandfly Bay, sur la péninsule d’Otago, pour observer les manchots revenir vers leurs nids. Nous y arrivons mais depuis le parking, il y a encore une petite marche de 30 minutes qui se termine par une grande dune de sable que nous dévalons en courant. Une vieille dame, volontaire du DOC, nous aborde et dit que ce soir, il n’y a qu’un seul pingouin qui finit par se coucher, dos à nous, sur la roche, sans nid. Effectivement, nous le voyons mais il est bien loin. Il y a sur cette presqu’île une curiosité météorologique : à partir du moment où on quitte Duinedin, on se retrouve dans une nappe de brouillard.

    De nuit nous cherchons le camping bleu situé en dehors de la péninsule d’Otago à Brighton. Des jeunes font la fête tout à côté et viennent faire les idiots en voiture près des campeurs. Nous ne sortons de toute façon pas du véhicule à cause des Sandflies.

    Samedi 18 février

    Nous rejoignons la ville de Dunedin en vue d’aller prendre des renseignements à l’office du tourisme. Dans les rues, plusieurs fanfares défilent en jouant de la musique locale qui ressemble à s’y méprendre à de la musique écossaise à cause des cornemuses. Nous payons ici nos entrées pour aller voir ce soir des pingouins bleus. En effet, sur les conseils de la volontaire du DOC rencontrée la veille à Sandfly bay, nous saisissons l’occasion de voir dans leur milieu naturel (mais privatisé) ces petits pingouins (qui sont la plus petite espèce de manchot au monde) sachant qu’ils sont encore plus difficiles à voir que leurs congénères à yeux jaunes. A seulement quelques kilomètres du centre-ville, la péninsule regorge d’endroits pour se promener et d’animaux à observer. Ça, c’est pour moi fantastique. C’est que ce n’est pas tous les jours qu’on a l’occasion de croiser des espèces animales qui ne vivent qu’à deux ou trois endroits dans le monde.

    Renseignements et dépliants pris, nous visons Allans Beach pour déjeuner. Sur la route, nous transportons un jeune autostoppeur français pendant quelques kilomètres. Après avoir déjeuner dans notre van, nous prenons la direction de la plage. A peine arrivés, nous tombons sur une très belle femelle otarie. Le long de cette longue plage, nous voyons ensuite quatre lions de mer mâles. Nous restons longtemps (malgré l’odeur pestilentielle) à les observer dormir, se tourner, s’étendre, se recouvrir de sable… Il ne faut pas trop les embêter. Il est possible de les approcher mais il est interdit bien entendu de les toucher.

    Après en avoir vraiment bien profité, nous décidons de retourner à Sandfly Bay pour retenter l’expérience des pingouins à yeux jaunes. Nous retrouvons la guide du DOC qui nous reconnaît. Elle dit qu’hier, le premier pingouin est sorti de l’eau à 18h45. Nous attendons 5 minutes seulement car c’est avec 10 minutes d’avance que ce soir un pingouin sort de l’eau. Il prend vraiment son temps pour atteindre la colline. Nous ne pouvons pas attendre plus longtemps car nous avons encore quelques kilomètres à faire avant d’atteindre le bout de la péninsule où un centre a été créé pour préserver les Albatros du public (le Royal Albatros Center), qui propose également de voir des pingouins bleus sur la plage de Pilot Beach pour un prix modéré (tout est relatif mais par rapport aux autres tours, c’est le moins cher) de 30 $NZ. ll est de toute façon quasiment impossible de voir gratuitement des pingouins bleus ici car toute la pointe de la péninsule est transformée en réserve et n’est donc accessible que via des associations ou agences qui supervisent et encadrent les tours à la découverte de ces petits pingouins.

    Nous observons quelques albatros royaux (c’est la seule colonie de ce type que l’on peut observer sur une terre habitée) avant de rentrer dans le centre où une exposition permanente nous permet d’attendre patiemment 20h30. Les pingouins bleus ne sortent de l’eau qu’à la nuit tombée. On y apprend par exemple qu’il existe plus d’une centaine d’espèces d’Albatros au monde, dont plusieurs en voie de disparition malheureusement. Munis de bracelets fluorescents, nous rejoignons le groupe et nous suivons le guide. A deux reprises les vagues ont déposé des dizaines de pingouins sur la plage et nous avons adoré le moment magique où des petits ventres blancs se dandinent pour regagner les terres. Ils sont vraiment tout petits. En effet, ils mesurent entre 34 et 43 centimètres et leur poids avoisine les 1kg. De ce fait on les appelle aussi les Manchots Pygmées. Ils vivent dans des terriers, comparables à ceux des lapins mais ils n’ont pas de galeries. Ce pingouin possède un plumage bleu indigo ou argenté très caractéristique, au niveau de la tête, du dos, de la queue et des ailes, lui valant le surnom de petit manchot bleu. Les manchots pygmées vivent autour du littoral de la Nouvelle-Zélande mais également au sud de la Tasmanie et de l’Australie. Contrairement aux pingouins à yeux jaunes, iIs vivent dans de grandes colonies toute l’année. Les manchots pygmées préfèrent les plages de sable et rocheuses. Ils se nourrissent de petits poissons, de calmars, et de krill pour lesquels ils voyagent et plongent la majorité de leur temps. Ils peuvent passer plus de 3 mois en mer pour pouvoir manger.

    Au retour, nous nous installons sur le bord de la route où il n’est pas spécifiquement interdit de dormir.

    Dimanche 19 février

    Nous sommes réveillés de bonne heure par les premières voitures qui montent vers le bout de la presqu’île. Du coup, nous levons le camp juste après avoir rangé le lit. Le ciel très couvert ne nous empêche pas de faire de nombreux arrêts afin que je puisse prendre en photo les boîtes aux lettres que j’adore et les abris de bus peints qui jonchent la route.

    On traverse une nouvelle fois Dunedin pour prendre cette fois la route de côte vers Timaru. Au nord de Dunedin, nous nous arrêtons à Katiki Point où nous avons lu pouvoir voir des otaries. Nous n’allons pas jusqu’au phare mais nous prenons le chemin situé sur la gauche juste avant, en face de la boite à lettre en forme de pingouin. Ce chemin d’accès est fermé par une barrière équipée d’un escalier que nous sommes invités à franchir, puis nous prenons à nouveau à gauche le chemin de terre et nous descendons tout droit jusqu’à une barrière fermée avant de continuer sur notre droite pour atteindre la pointe de Katiki Point. Nous sommes entourés de dizaines de petits lapins qui nous narguent puisqu’ils sont juste de l’autre côté de la barrière. En contrebas de la falaise, à quelques mètres de nous, vous découvrons une dizaine de pingouins à yeux jaunes. Leur espace est clôturé de manière à préserver leur intimité. On les observe longtemps, de bueacoup plus près que la veille, et on voit bien qu’en effet il a les yeux jaunes et que sa tête est parcourue par une bande de plumes jaunes sur le haut de son crâne. Son dos est noir et son ventre est blanc avec une partie gris ardoise. Il mesure entre 65 et 78cm, pèse entre 3,7 et 8,5kg. Leur population est estimée entre 4000 et 7000 couples, mais durant ces 40 dernières années, leur nombre a dramatiquement diminué de 40%. L’espèce est donc menacée d'extinction définitive par leurs prédateurs naturels (otaries, barracudas) ainsi que par l’introduction d’animaux prédateurs (oiseaux weka, chien, chats, furets et hermines). La destruction, sur les côtes, de la végétation leur servant d’abris et de lieu de nidification joue également un rôle non-négligeable dans la disparition progressive de cette espèce. Ils sont sur la liste des espèces en danger d’extinction depuis 2010.

    Cet endroit sauvage nous offre un beau point de vue pour voir non seulement des pingouins à yeux jaunes mais également des otaries et lions de mer.

    Nous faisons quelques kilomètres avant de nous arrêter de nouveau. Depuis le parking, une petite marche de 15 minutes sur une plage déserte nous conduit vers les Moeraki Boulders. Il s’agirait de dépôts de calcite autour de noyaux résultant de l'accumulation de débris de végétaux au fond de l'océan qui, après avoir passé des millions d’années dans le sable auraient donné ces formations étranges presque sphériques. Plusieurs de ces masses de sédiments seraient encore cachées sous le sable à attendre patiemment de sortir. Certains les nomment aussi "crottins fossilisés de dinosaures".

    Avec notre petit van, comme pour les précédentes étapes, nous traversons de beaux paysages jusqu’à atteindre Oamaru. Nous savons qu’ici aussi nous pouvons caresser l’espoir de voir des pingouins bleus mais cette fois en liberté complète. Nous cherchons d’abord à nous installer au camping. Arrivés au ponton littéralement couvert de cormorans, nous faisons demi-tour pour enfin trouver l’endroit où nous allons passer la nuit. Nous marchons sur la jetée et demandons conseil pour optimiser nos chances de voir les pingouins mais ne toruvons rien de bien concluant. Nous préparons notre apéro que nous transportons de l’autre côté de la route et nous décidons d’attendre ici. On verra bien ce qui se passe. Nous n’attendons pas longtemps. Une fois le coucher du soleil et une la pénombre arrivée, des petits pingouins bleus sortent de l’eau. Nous nous approchons le plus discrètement possible (là où un regroupement de personnes attendait aussi) pour les observer. Ils sont particulièrement peureux donc s’il y a du bruit ou du mouvement, ils ne se montreront pas. Seulement un pingouin, plus téméraire que les autres, s’aventure à traverser la rue pour rejoindre son abri dans le camping et se prête au jeu pour une petite photo, ce qui est très difficile puisqu’on ne peut pas utiliser de flash. Un peu plus tard, en voilà un autre. Par contre, il y a des gens moins scrupuleux que nous qui ne se gênent pas pour faire du bruit . Il y en a même un qui arrive en voiture et qui braque ses phares en direction du pingouin. Mon Dieu que cela m’énerve ! Il faut savoir que les "Blue penguins" donnent naissance à leurs petits de fin octobre à mi-novembre et ils reviennent chaque jour vers leur nid pour les nourrir. La période de nidification n’est pas complètement terminée, c’est la raison pour laquelle nous avons eu la chance de les voir regagner le camping qui met à leur disposition des petites cachettes en bois où ils s’installent pour pondre. Je suis étonnée de les voir dans un camping car ils sont soi-disant menacés par la pollution si leur colonie est dans une zone ayant une forte activité humaine. Les attaques de chiens domestiques sans laisse causerait aussi de graves dommages à manchots incapables de voler s'ils tentaient de vivre toujours aussi près des populations humaines…

    Manu remarque que durant les deux ou trois jours qui viennent, nous allons longer la route côtière Est de la Nouvelle-Zélande... Ce n'est pas la plus spectaculaire ni la plus réputée du pays... non, mais ce sera, pour nous... la plus lointaine. C'est en effet à un point donné de cette route (difficile à déterminer avec exactitude) que nous serons le plus éloignés de Nantes et de Canouville. Aux antipodes à quelques centaines de kilomètres près. Pour savoir en gros où nous sommes, il faudrait pointer du doigt en France entre ses chaussures. Pour plus de précision sur cette curiosité géographique, il est possible de regarder une carte interactive des antipodes qu'on trouve désormais sur internet.

    Lundi 20 février

    Nous quittons le camping dans la matinée puisque le check-out est à 10h00 mais nous continuons de profiter de sa connexion wifi jusqu’à midi malgré le froid et parfois un peu de crachin. Nous traversons le village de Oaramu. Il est en temps de refaire un peu de courses alors nous nous arrêtons au premier Pak’n Save venu. Nous déjeunons sur le parking juste avant de repartir. Il y a des travaux pour sortir de Christchurch ce qui entraîne quelques gros ralentissements. Des panneaux lumineux indiquent en outre que la route que nous devions prendre pour aller à Abel Tasman en passant par l’est est fermée depuis le tremblement de terre de novembre. Ayant prévu d’aller à Kaikoura (nord-est de Christchurch), nous prenons quand même cette route mais si elle ne va pas jusqu’au bout.

    Nous dormons en camping sauvage, tout près d’une voie ferrée. Manu m’oblige à sortir du van pour que je regarde le ciel. Ici, la nuit, l’absence de pollution lumineuse permet d’observer le ciel étoilé. Un spectacle extraordinaire.

    Mardi 21 février

    Nous sommes réveillés de bonne heure car des camions arrivent pour les travaux quotidiens de la fameuse route en réfection. Nous prenons la route et nous nous arrêtons un tout petit peu plus loin pour prendre le petit déjeuner en face d’otaries. Nous passons le reste de la matinée à Kaikoura pour organiser notre journée de demain. En effet, nous allons réaliser un rêve de plus d’une personne : nager avec des dauphins en pleine mer ! Une seule compagnie a le monopole d’organiser trois excursions par jour : une à 5h30, une à 8h00 et une à 12h00. Nous considérons que la première est un peu trop tôt par rapport à l’heure du lever de soleil. Ce matin par exemple, il faisait nuit à 5h30 et une grosse brume flottait au-dessus de la mer au moment du lever du soleil. Il n’y a malheureusement plus de place pour la croisière de 8h00, nous réservons donc pour celle de midi. Manu est inquiet : il a peur d’avoir le mal de mer; les revues sur internet montrent en effet que le phénomène touche un très grand nombre de visiteurs.

    Notre appareil photo sous-marin ne fonctionnant plus, nous essayons de trouver une solution pour demain : magasin d’occasion, magasin d’électronique …Ne trouvant rien de bien concluant, nous décidons de louer une go-pro malgré le prix très élevé de la location. Nous terminons la journée par une grande promenade sur la presqu’île de Kaikoura où des dizaines de cormorans et de phoques affalés sur les rochers ne se soucient guère de notre présence. Nous pouvons vraiment prendre le temps de les photographier jusqu’au coucher du soleil, sur plusieurs kilomètres, nous ne croisons qu'un seul groupe de quatre ou cinq Chinois, beaucoup plus calmes que ne le sont d'habitude leurs compatriotes. Il faut ensuite marcher vite car la fraîcheur arrive. Nous garons notre van dans un chemin pour la nuit, tout près de la fermeture de la route.

    Mercredi 22 février

    Nous allons faire un tour sur une plage de sable noir qui semble n'être là que pour nous, à quelques mètres de notre van et sans personne à la ronde, mais ce matin il n’y a pas de phoque alentour. Manu trouve que la mer est agitée alors nous passons à la pharmacie acheter deux pilules contre le mal de mer. Les pharmaciens ont prévu des petits flacons avec une étiquette à leur effigie contenants juste deux pilules qu’ils vendent à la pelle avec la marge exorbitante que leur permet leur situation de monopole face à un marché captif. Puis nous nous dirigeons vers le centre.

    Je suis fin prête pour les eaux froides et profondes de l’océan du Pacifique sud. Avant de pouvoir nager avec les dauphins sauvages, nous devons signer une décharge car cette activité peut comporter des risques. Après quelques instructions données par vidéo, nous embarquons dans un bus qui nous conduit au bateau et prenons le large. Quelques minutes plus tard, nous apercevons les premiers dauphins husky. Nous nous arrêtons pour une première baignade en compagnie de ces superbes mammifères. Je suis surexcitée et ni une ni deux je saute à l’eau… très rafraîchissante malgré la combinaison et la cagoule très épaisses prêtées par le centre.

    Et nous voilà dans l’eau, chantant et faisant des drôles de bruits dans nos tubas pour attirer le gentil dauphin qui voudra bien venir nager avec nous. Et ça marche ! Peu de temps après, un dauphin nage tout à côté de moi, un autre se met à tourner tout autour de moi, il y en a partout. Wouaou quelle sensation incroyable ! Un moment et plein d’émotions, magique et un souvenir inoubliable. Avant de reprendre la route, nous profitons des douches mises à disposition au centre des dauphins pour un bon savonnage à l'eau chaude. En fin de journée, nous nous arrêtons sur le bord de la route pour passer la nuit dans un espace de dégagement désert comme on en trouve beaucoup dans le pays en milieu de moyenne montagne boisé, peut-être pour entreposer du bois ou du gravier lorsque le besoin se présente.

    Jeudi 23 février

    La route que nous avions prévu de prendre le long de la côte étant coupée depuis le tremblement de terre de novembre dernier, nous sommes donc déroutés sur l’unique autre route permettant de rejoindre le Nord, qui passe par Murchison. Cette dernière, nettement plus longue, est également bien impactée par le tremblement de terre (nombreuses failles dans le goudron, ponts écroulés …). Du coup, nous roulons plus de la moitié de la route entre 30 et 50 km/h. Nous longeons des cultures de kiwis et de pommes. Souvent, des fruits sont disposés dans de petites boîtes au bord de la route, on peut se servir et on met l’argent dans une boîte à côté. A Nelson, nous faisons une folie : nous achetons un poulet cuit que nous allons déguster dans un parc. Nous atteignons Abel Tasman en fin de journée après avoir roulé toute la journée. Heureusement, nous faisons de multiples arrêts photos de boîtes aux lettres qui nous permettent de nous dégourdir les jambes. De plus nous sommes distraits par un nouvel endroit insolite : les soutien-gorges sont remplacés par des chaussures. Manu a accroché ses Crocs le temps d’une photo mais nous ne pouvons pas les laisser sinon, il continue pieds nus !

    Abel Tasman (nom du premier Européen a avoir exploré les côtes du pays en 1642 ) est le plus petit parc naturel de Nouvelle- Zélande et ses plages et lagunes aux eaux turquoise sont connues du monde entier. Nous repérons le départ de la marche prévue pour demain, située à l'accès Nord du parc. Nous hésitons vraiment à dormir sur le petit parking de départ, mais les amendes sont lourdes en cas de contrôle alors nous cherchons longtemps un autre endroit pour passer la nuit. Nous dormons finalement dans un virage sur la route de montagne que nous devrons emprunter demain pour rejoindre un autre point intéressant du parc.

    Vendredi 24 février

    Abel Tasman est célèbre pour sa belle randonnée côtière d’une longueur de 54 km qui se fait sur 3 à 5 jours. Nous n’en ferons que quelques petites parties. Nous commençons par une petite promenade de deux heures pour nous mettre en jambe avant d’aller nous installer au camping de Totaranui.

    Le soleil est de la partie. Avant de déjeuner, nous allons piquer une tête dans la mer… qui est à la même température qu’en Normandie ! Nous voyons les allées et venues des waters taxis, très réputés dans la région. Ces bateaux, au tarif assez élevé, offrent des services de navettes régulières (été comme hiver) à différents endroits du parc national. Comme la grande randonnée ne fait pas une boucle, les bateaux permettent aux randonneurs de revenir à leur point de départ ou de ne faire qu’une partie du sentier. Cet après-midi, après une sieste pour récupérer de ce matin, nous marchons trois heures vers le nord le long du sentier côtier qui alterne des paysages de jungle tropicale et de bords de mer. La mer y est d’un azur étincelant, les criques isolées et les jolies plages de sable ocre inciteraient à la détente et au farniente s’il n’y avait pas de Sandflies ! Le DOC mène une lutte féroce contre les rats et nous voyons des pièges (toujours vides) très fréquemment le long de ce sentier de randonnée (comme dans tous les autres d’ailleurs). Nous sommes obligés de dîner dans le van encore une fois pour nous tenir à l'abri des piqûres.

    Samedi 25 février

    Nous commençons la journée par une marche de 5 heures de bon matin, de Totaranui à Awaroa. Le sentier longe la plage puis monte dans la forêt vierge. On marche entre mer et montagne, le chemin réservant d’assez belles vues sur le parc. Partout, on entend le chant des oiseaux qu’on a du mal à localiser, à peine entrecoupé par le bruit des vagues. Manu avait calculé que nous arriverions à temps pour traverser l’estuaire d’Awaroa, ce bras de mer ne pouvant être traversé qu’à marée basse. À Awaroa, il n’existe pas de voie terrestre autre que la traversée de l'estuaire. D'où la nécessité de regarder l'heure des marées pour ne pas être piégé. Le niveau est bas, l’eau monte parfois jusqu'aux Crocs. Nous traversons la moitié de la mangrove avant de faire demi-tour pour faire la pause pique-nique sur une plage. Les plages sont belles mais l’eau est toujours un peu fraîche. Il faut savourer avec les yeux. Dans l'après-midi,nous roulons jusqu'à Port Motueka pour passer la nuit.

    Dimanche 26 février

    Il fait aujourd’hui encore un temps magnifique, et nous profitons bien de ces 3 heures de Marahau à au-delà de Coquille Bay. Le chemin est facile et les paysages sont jolis. Le chemin principal est émaillé de mini-balades de part et d’autres, qui nous font découvrir de petites criques, de jolies plages et des points de vue sympas. Un seul regret, le « chemin côtier » est parfois un peu loin de la côte, ou en tout cas en hauteur… et avec les arbres on ne voit alors plus grand-chose.

    Nous déjeunons avant de reprendre la route pour traverser l'île d'est en ouest afin de passer la nuit à Westport. Nous arrivons de nuit dans un camping gratuit tout près de la plage. Je préviens manu d’être prudent car l’endroit est sablonneux et plusieurs témoignages sur Campermate disent qu’ils se sont ensablés avec leurs véhicules.

    Lundi 27 février

    Les prédictions d’hier étaient fondées : un couple en aide un autre à sortir le camping-car coincé dans le sable. Nous prenons notre petit déjeuner entourés de wekas qu’il faut même chasser tellement ils sont culottés. Avant de partir, nous allons quand même faire quelques pas jusqu’à la mer sur la très grande et belle plage de Wesport. Nous échangeons quelques lancés de bâton avec un chien qui ne demande que cela.

    Nous passons une partie de la matinée dans la bibliothèque afin de recharger nos batteries d’appareil photo et d’ordinateur. Nous profitons de la connexion wifi pour donner des nouvelles. Nous déjeunons sur le trottoir avant de reprendre la route en direction de Christchurch.

    Nous trouvons des phoques ici aussi, sur la côte ouest. Nous nous arrêtons à Cap Foulwind pour une dernière petite balade le long des falaises en direction d'une pointe rocheuse habitée toute l'année par des otaries à fourrure. Nous pouvons admirer la colonie depuis des plateformes d'observation situées sur un sentier que l'on parcourt en dix minutes depuis le parking. Des panneaux d'explication donnent des informations sur les activités de la colonie et son cycle de reproduction, sans oublier des informations historiques sur l'industrie de la chasse aux otaries qui a autrefois existé en Nouvelle-Zélande. A cette période de l'année on a même pu voir des bébés otaries dont certains s’en donnaient à cœur joie entre les rochers et les petites retenues d’eau.

    Le soleil commence à décliner et il nous faut pourtant retraverser l’île dans l’autre sens. Nous regrettons de ne pas avoir un peu plus de temps car nous trouvons la côte très belle au soleil couchant. Nous cherchons à nous rapprocher de Christchurch le plus possible car nous rendons le van demain. Il est plus de minuit quand nous trouvons un endroit pour dormir, dans la campagne.

    Mardi 28 février

    Nous devons rendre le van propre, le réservoir d’essence et la bonbonne de gaz pleins. Nous devons aussi récupérer notre appareil photo chez Sony à Christchurch (nous avons refusé la réparation, le prix demandé pour étant celui d’un appareil neuf). Du coup, nous prenons la route de bonne heure pour arriver à faire tout cela. Comme d’habitude, Manu stresse dans ce genre de situation. Pourtant, après un bon coup d'accélérateur pour commencer la journée, le retour du van se passe sans problème, l’employée de Wendekreisen nous emmène à l’aéroport et nous attendons patiemment notre vol en direction… de l’Australie !

    Nous attendions avec impatience cette petite virée en camping-car car nous allions, pour la première fois depuis notre départ, avoir une petite maison. J’ai personnellement beaucoup aimé ce périple sur les routes tout en virages, dans des spectaculaires paysages spécifiques à ce petit coin de paradis longtemps ignoré des hommes et j’ai appris plein de trucs :

  • Que la capitale de la Nouvelle Zélande, ce n’est pas Auckland mais Wellington
  • Que le kiwi c’est 3 choses différentes : Un fruit, un animal et un habitant de la Nouvelle Zélande
  • Avant d’arriver je connaissais les tremblements de terre mais je n’en avais jamais vu les conséquences…
  • J’ai adoré :

  • Camper dans le van sous la Voie Lactée.
  • La possibilité de faire des rencontres incroyables avec la faune locale dans leur milieu naturel : otaries, lions de mer, pingouins à tête jaune, albatros royal ou encore pingouins bleus.
  • Ce pays où on se croirait dans les Sims : tout est propre
  • Enfin, avant de partir, je ne supportais pas les moustiques et les mouches, mais ca c’était avant, avant les SANDFLIES qui nous suivent depuis des mois maintenant !!! Piqûre indolore, Inaudibles, infiniment petites, affreusement nombreuses et qui laissent surtout des plaques et des démangeaisons pendant des jours entiers !!  


    Carnet de Manu

    Ecrit en février 2017

    Par le contraste qu'elle a offert avec l'ensemble des destinations précédentes, la Nouvelle-Zélande a été l'occasion d'analyses nouvelles sur ce qui est devenu mon principal sujet de réflexions au cours de ce voyage, à savoir l'état de l'humanité à l'ère post-industrielle (oui, c'est un peu mégalomane comme préoccupation, je sais).

    Rapidement, la Nouvelle-Zélande nous est en effet apparue comme un archétype de pays postmoderne, non pas dans le sens gauchiste d'une sorte de modèle libéral-libertaire décadent, mais plutôt dans le sens Tofflerien d'une société ayant dépassé le stade du travail pour s'épanouir en une organisation entièrement tournée vers l'entretien (du corps, des espaces verts), les loisirs, le jeu, enfin tout ce qui a à voir avec les besoins se situant tout en haut de la pyramide de Maslow. Aussi peut-on facilement imaginer un néo-zélandais moniteur de surf, assistant dans une bibliothèque municipale, ou retraité passionné de plantes tropicales; beaucoup plus difficilement ouvrier métallurgiste, contrôleur de gestion ou agent de sécurité. Un coup d'oeil aux classements mondial des pays les plus sportifs décorrélés du nombre d'habitants le confirme: la Nouvelle-Zélande est toujours dans le groupe de tête, année après année. Et ce serait sans doute le cas pour le nautisme, l'aviation de loisir, le modélisme, la protection de la nature, etc., si de tels classements existaient aussi dans de tels domaines.

    Les premières impressions du pays sont simples, évidentes: par sa faible densité humaine, son organisation bien réglée et son respect exagéré de la nature, la Nouvelle-Zélande rappelle évidemment le Canada ou les pays Scandinaves. Peut-être davantage le Canada tout de même du fait du semi-ethnocide originel commun qui les caractérise (enfin, dans le cas néo-zélandais, il faut reconnaître qu'il y a eu très peu de morts), ethnocide aujourd'hui euphémisé, sublimé et même inversé en une vibrante commémoration des anciennes légendes autochtones à toutes les occasions -dont tout le monde se fout sans oser l'avouer, car qui se préoccupe réellement de savoir que les fjords de Milford ou de Doubtful ont été supposément creusés par le bâton du héraut maori Rakiwhanoa?-. La toponymie locale donne un reflet adouci de cette origine asymétrique: les plus grandes villes portent des noms anglo-saxons comme "Wellington" ou "Christchurch", mais la plupart des lacs, vallées ou aires de pique-nique sont nommées "Wakaputi", "Kapitea", ou quelque chose comme cela. Sur le plan plus strictement géographique (morphologie des côtes et de l'intérieur à l'exception de la chaîne centrale Alpine, climat humide frais et tempéré) et la quantité de moutons, l'île du sud rappelle aussi l'Irlande ou plus encore l'Ecosse.

    Mais par leur isolement géographique, leur amour inconditionnel du sport et leur accentuation invraisemblable des diphtongues, les kiwis sont aussi des sortes d'Australiens de pays tempéré, à peine moins blonds, peut-être du fait de l'absence de soleil (leur relative blondeur m'a tout de même surpris: je les attendais plus bruns). Morphologiquement, ils sont en moyenne grands, plus que je ne l'aurais imaginé. Beaucoup dépassent sans doute les deux mètres dans certaines villes de province du sud comme Fairlie où le brassage génétique n'a peut-être pas été très élevé. La plupart des jeunes femmes sont en léger surpoids, à l'exception de celles qui s'adonnent avec passion au triathlon, mais toutes semblent solidement charpentées et musclées. Leur visage ordinaire, leur allure globalement sportive, les rendent asssez peu séduisantes: elles ne minaudent jamais, au contraire des Philippines par exemple.

    D'un autre côté, par son sens de l'organisation, la qualité de ses finitions, l'existence d'une large classe moyenne au niveau de vie élevé, son respect des règles et son coût de la vie qui nous renvoie, nous Français, dans la catégorie justement prophétisée par Houellebecq des "pays moyens-pauvres", la Nouvelle-Zélande fait encore penser à la Suisse.

    Mais au-delà de ces parallèles un peu faciles avec des pays existant dans la réalité, la Nouvelle-Zélande nous a tout de suite frappés comme ressemblant à un pays artificiel, construit de toutes pièces avec des barrières peintes, des maisons de bois, des routes bien entretenues, comme un paysage de Playmobil, de décor de train électrique, ou plus exactement comme une transposition dans la réalité des jeux vidéo "Sim City" ou "Les Sims". Il faut traverser un quartier résidentiel d'Ashburton pour mieux comprendre ce que je veux dire: une série de maisons de plain-pied, "little boxes" toutes identiques mais un peu différentes tout de même, presque personne dans les rues à l'exception d'une maman pousseuse de poussette à l'occasion, parfois suivie d'un enfant sagement casqué chevauchant un VTT neuf, de la place partout pour se garer, des clôtures parfaitement ajustées, des parterres de fleurs bien entretenus... rien ne semble manquer, toutes les finitions ont été réalisées, chacun est rentré chez soi s'occuper de son barbecue ou de sa collection de timbres, on s'ennuie même presque un peu...

    L'argent ne venant tout de même pas de nulle part, on se prend à réfléchir à ce qui peut faire de la Nouvelle-Zélande un pays riche. Wikipédia nous apprend que les activités primaires (mines, agriculture, laine) restent essentielles à l'économie de la Nouvelle-Zélande. Comme certains pays d'Afrique, alors? Mais aussi comme la Norvège... Cela ne permet guère de conclure... Au moins n'avons nous pas affaire à ces sortes de paradis fiscaux plus ou moins avoués (Monaco, Luxembourg) qui ne doivent leur richesse qu'à une forme policée de prédation de la valeur créée dans les pays voisins.

    Ce constat paisible et un peu déprimant m'a fait songer à deux livres: d'abord, fugitivement, à une nouvelle tirée de "Le K" de Dino Buzatti, mettant en scène un ange s'ennuyant au paradis. Ensuite, de manière plus précise et plus récurrente, à l'incontournable "Demain les chiens" de Simak, et plus spécifiquement à la réduction de l'humanité à une vie quasi-végétative, dans une vision d'ailleurs associée à la ville de Genève (mais la ville de Wellington aurait sans doute tout aussi bien fait l'affaire). Selon moi, la question reste posée, de savoir si une vie de type néo-zélandais est réellement désirable: certains arguments vont dans le sens d'une réponse positive, puisque celle-ci correspond pratiquement à l'idéal d'un hédonisme modéré. D'autres s'y opposent, puisqu'elle laisse peu de place au vitalisme ou à l'aventure. Le taux de suicide observé, plutôt moyen, comme en Suisse, ne permet guère de conclure.

    Sur un plan plus proprement touristique, la Nouvelle-Zélande (du moins l'île du sud) s'est révélée conforme à ce que j'en attendais: des paysages harmonieux, souvent sauvages (très peu de traces de vie humaine au-delà des clôtures à mouton et des rangées de pins), relativement variés. En fait c'est un peu comme un résumé de l'Europe du Nord, avec nettement plus de phoques et quelques pingouins. Ce n'est d'ailleurs pas mieux que l'Europe, ce serait exagéré de le prétendre, sauf à considérer comme surdéterminante la faible densité humaine (ce qui peut toutefois se défendre d'un point de vue écologiste radical).

    Pour nous, la Nouvelle-Zélande a aussi été l'occasion (importante) de tester un mode de transport qui pourrait nous concerner davantage à l'avenir, à savoir le véhicule individuel autonome; en l'occurrence un petit campervan (auquel nous n'avons pas trouvé de nom) monté sur un châssis de Toyota Hiace. 453000 km au compteur (nous-mêmes avons roulé 3865 km en 21 jours, et consommé environ 700 grammes de gaz par semaine et une quantité d'essence difficile à évaluer, probablement autour de 350 litres), ce n'était pas une première jeunesse, la boîte de vitesse était parfois rétive, et le jeu de clés fantaisiste (le moteur pouvait continuer de tourner après qu'on ait retiré la clé de contact!); mais nous avons plutôt apprécié l'expérience, et pris bonne note des quelques améliorations utiles permettant de se rapprocher d'un véhicule idéal (davantage de rangements, notamment pour faire sécher la vaisselle, un lit rapide à monter et démonter, une meilleure occultation des vitres, des jauges de réservoir à eau, etc). Nous avons aussi observé de plus près les petits bus réaménagés en véhicules de camping. Un Allemand rencontré au début de notre road-trip nous a même fait visiter le sien, chauffé grâce à un efficace petit poêle à bois. Tout cela nous donne bien entendu des idées pour la suite...

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu en Nouvelle-Zélande

    J'ai aimé:

  • L'exceptionnel sentiment de sécurité; on laisse les portières ouvertes et les porte-monnaie en vue sans crainte de se faire dévaliser
  • La présomption d'honnêteté pas encore complètement disparue, dont les "honesty boxes" (boîtes dans lesquelles on dépose soi-même son paiement en échange d'un emplacement de camping ou d'un sac de pommes, en l'absence de tout vendeur ou agent) constituent un témoignage quotidien
  • La qualité générale des infrastructures (voirie urbaine, routes, ports, campings, sentiers)
  • La propreté des toilettes publiques, presque toujours munies de distributeurs de papier et de savon approvisionnés
  • Les phoques paresseusement allongés sur des plages ou des rochers encore souvent libres d'accès
  • La possibilité de faire du camping sauvage un peu partout à l'exception des zones très touristiques
  • La bonne qualité des prévisions du site Meteoblue (initialement conseillé par Kaspar et Nicole) qui nous ont permis d'ajuster au mieux notre parcours dans le sud et en particulier notre arrivée au Milford Sound
  • Le grand nombre de glaciers et de cîmes enneigées autour des lacs du centre et du sud
  • La chaîne de magasins économiques de qualité "Pack n' Save"
  • L'excellente qualité du sommeil dans notre petit campervan, y compris par temps froid, en moyenne environ 9 heures par nuit
  • Les services rendus dans les bibliothèques municipales: calme, confort, fréquente possibilité de charge, wifi le plus souvent rapide et gratuit
  • Le magnifique réseau de cabines téléphoniques "Spark" offrant 1GB de données gratuites en wifi chaque jour (même aux non clients après paiement d'une somme unique de 10 dollars)
  • Les brumes surnaturelles de la presqu'île d'Otago +++; notamment la magnifique descente sur la dune de Sandfly Bay; Les petits icebergs détachés du glacier descendant de la vallée du mont Cook +; Les couleurs du lac Pukaki +++ et Tekapo ++; Les phoques et les pingouins de la côte Est entre Dunedin et Oamaru +++, Milford Sound ++, la nage avec les dauphins de Kaïkoura +, les paysages côtiers du parc d'Abel Tasman (ceci dit à mon avis pas si exceptionnels que les forums en donnent l'impression) +.
  • J'ai moins aimé:

  • Le niveau de prix qui nous renvoie, nous Français, à la condition de ressortissants d'un pays de seconde division en matière de pouvoir d'achat
  • Le doublement/triplement récent des tarifs des campings du DOC (organisme public chargé de la conservation du territoire), de 3 ou 4 euros par nuit et par personne à 10 ou 15 euros
  • Les sandflies, presque partout, seule la densité varie, parfois jusqu'à l'impossibilité de déjeuner à l'extérieur
  • Le fait d'avoir oublié une ou deux fois, sur des routes peu fréquentées après un arrêt plus ou moins prolongé... que l'on roulait à gauche en Nouvelle-Zélande !
  • La conduite assez "virile"des kiwis, en particulier des poids-lourds, qui viennent vite faire pression, y compris sur les routes de montagne, pour dépasser au plus vite
  • Le côté trop organisé/impersonnel des attractions "incontournables" (croisière au Milford Sound, sortie dauphins à Kaikoura)
  • L'absence de prise 220V dans le campervan, nous amenant parfois à devoir payer (cher) une place sur un "powered site" pour pouvoir simplement recharger les batteries d'appareil photo et d'ordinateur
  • L'absence de petits accessoires de nature à nous simplifier la vie en campervan: torchons supplémentaires, égouttoir, rideaux ajustés, crochets au plafond, etc;
  • Notre consommation d'eau vidant inexplicablement notre réservoir en moins de deux ou trois jours: fuite ou pas, nous ne saurons jamais...
  • La prise au vent latérale du campervan un peu dangereuse en cas de temps perturbé
  • Les pingouins d'Oamaru, que nous n'avons vus qu'en faible nombre et assaillis de touristes -; à un moindre degré, ceux du centre des albatros au bout de la presqu'île d'Otago, l'attraction ne laissant que peu de liberté de mouvements et ne permettant de voir les pingouins que dans une demi-obscurité.
  • J'ai remarqué:

  • Le nombre élevé de personnes marchant pieds nus dans les rues ou les magasins, sans raison apparente
  • La pauvreté relative des maoris qui occupent le plus souvent des emplois subalternes
  • La faible proportion de chats
  • Le nommbe de "Hi how are you today?" en lieu et place de "Hello"
  • Le grand nombre de ponts/tunnels à une seule voie et traffic alterné
  • Si c'était à refaire:

  • Je maintiendrais le même parcours, en retirant un jour à Abel Tasman pour être un peu moins pressé sur la fin
  • Je privilégierais le camping sauvage ("free camping") et les douches/toilettes/connexions internet publiques
  • Je passerais plus de temps à observer les phoques de près à la tombée de la nuit là où c'est possible