Carnet de Thaïlande (Phuket)

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  • Carnet d'Isabelle

    Samedi 19 novembre

    Nous avons une escale de plusieurs heures à Kuala Lumpur après une arrivée au milieu de la nuit. Nous avons envisagé de dormir dans des « capsules » (mini-chambres dans l’aéroport) mais le prix trop élevé nous a contraints à trouver un endroit où nous poser pour tenter de récupérer un peu.

    A notre arrivée à l’aéroport de Phuket, nous prenons un taxi partagé qui nous conduit jusqu’à notre hôtel à Patong. Il y a au moins une heure de route. Partout nous voyons des portraits du roi, entourés de tissus noirs et blancs et de beaucoup de fleurs. Une rapide recherche sur Internet nous apprend qu’en effet, le roi Bhumibol Adulyadej est mort le 13 octobre dernier. C'est un événement d'une portée immense du fait qu'il s'agissait du plus ancien souverain régnant du monde, ayant accédé au pouvoir avant Elizabeth II, il y a plus de 60 ans.

    Pour dîner, nous n’allons pas très loin de l’hôtel et nous avons le choix entre de nombreux restaurants, peuplés essentiellement de russes.

    Dimanche 20 novembre

    Cette nuit, nous avons dormi 14 heures… incroyable ! On saute du lit et on se presse de louer un scooter pour tenter de trouver un endroit paisible pour poser nos sacs pour un temps encore indéterminé. On visite seulement Karon et Kata Beach. Nous trouvons un petit hôtel qui nous plaît bien à Karon Beach que nous réservons pour demain. Patong Beach est le cœur de l'île de Phuket et ce qui le rend populaire pour certains est souvent ce que les autres n'aiment pas. C'est grand, bondé, bruyant, la musique y est forte et les lumières multicolores. Pourtant les gens y affluent de partout sauf de France. Le succès initial et la popularité de Patong tournent surtout autour de sa grande plage et de sa vie nocturne intense. Le reste, shopping, restaurants et spas sont juste la cerise sur le gâteau.

    Nous dînons dans un restaurant dans lequel nous faisons la connaissance de deux sexagénaires ventripotents et sympathiques de Manchester, que Manu questionne brièvement à propos du Brexit, avant de rejoindre l’incontournable Soi Bangla. Soi Bangla est le cœur de la vie nocturne de Phuket. Dans l'ensemble, les côtés de cette célèbre rue sont occupés par des 'Beer bars' avec leurs enseignes multicolores et leur essaim de filles, très affairées à vous convaincre de vous asseoir avant que celles d'un autre bar ne le fassent. On peut aussi assister à des spectacles de ping pong d'un genre très particulier. On y trouve entre autres deux grands établissements russes « le Moulin Rouge » et « L’amour ». On y est conduits par de très jolies filles en tenue de princesses pour y voir d’autres filles danser « top less ». Quel mélange des genres ! Il y a aussi des magiciens, des vendeurs d’objets lumineux chinois divers. Tout le monde vient dans cette rue : des hommes, des couples et même des familles avec enfants (ce qui me paraît moyen quand même !) Pour la plupart c'est l'occasion de faire la fête, pour d'autres c'est surtout une curiosité.

    Lundi 21 novembre

    Après avoir de nouveau dormi 12 heures, nous montons dans un taxi qui nous emmène à la Guesthouse Kasemsuk, trouvée hier. Ce logement a tout le confort dont on peut rêver après les difficultés des dernières semaines : immense chambre climatisée, pourvue de prises électriques pour recharger les batteries, douche chaude, lit king-size, wifi, frigo… à trois minutes de la plage. Nous commençons nos « vacances » ici en allant prendre un déjeuner dans un tout petit restaurant près de la Guesthouse. Alors que Manu me commente le succès de Fillon à la primaire républicaine hier, j’ai de plus en plus chaud, je l’entends de moins en moins … jusqu’à ce que je me couche sur la table en réclamant de l’eau car je sens que je fais un malaise. Je ne mange finalement rien mais demande à aller m’acheter un vêtement plus léger que ma jupe et ma robe car je pense seulement avoir eu trop chaud. Puisqu’on s’est rendu compte le matin même que nos maillots de bain ont eux aussi été perdus dans le cagibi de Kathmandu, on se rachète chacun un maillot, un combi short pour moi et une chemise légère pour Manu dans une petite boutique très proche, tenue par une gentille fille qui nous propose des prix plus abordables que les prix "russes" affichés.

    A partir de maintenant, ce carnet va prendre une autre tournure pendant tout notre séjour à Phuket. En effet, nous y avons passé 25 jours mais ils se ressemblent tant qu’il serait fastidieux d’en écrire un contenu détaillé (et encore plus de le lire d’ailleurs !) Les trois ou quatre premiers matins, nous avons pris nos petits déjeuners dans des restaurants proches de notre hôtel. Puis, dans un souci d’économie, nous avons pris l’habitude de faire nos courses dans différents supermarchés aux alentours et de déjeuner sur notre balcon.

    Les neuf premiers jours, nous sommes allés nous baigner jusqu’à trois fois par jour : parfois avant le petit-déjeuner, en début d’après-midi et au coucher du soleil. La dernière sortie à la mer a souvent été l’occasion pour Manu de s’amuser à photographier le quotidien en faisant des photos de plage et parfois en se rinçant l’œil (il faut bien l’admettre, il y a de quoi faire ici).

    Le mauvais temps de la suite nous a conduits à réduire nos baignades à une seule fois, voire pas du tout dans les cas d’intempéries extrêmes, ce qui n’est pas arrivé très souvent. Le reste du temps, nous l’avons passé sur notre balcon à travailler. Il fallait parfois rebrancher nos appareils sur secteur alors nous faisions l’effort de rentrer dans la chambre. Pas d’inconfort puisqu’ici la climatisation nous aidait à lutter contre la chaleur et aussi contre les moustiques en fin de journée. Pour nous distraire, nous avions la chance d’avoir la compagnie de plusieurs écureuils, de deux oiseaux venant quémander du pain plusieurs fois par jour, et de différents vendeurs ambulants.

    Dans la grande majorité des cas, nous n’avons pas fait de pause déjeuner. En revanche, nous sommes sortis tous les soirs dîner, affamés, au restaurant. Nous avons porté notre choix sur les restaurants dans lesquels on jouait de la musique live. Du coup, nous avons principalement divisé notre temps entre plusieurs endroits :
    - Le Phuket Island View : situé en bord de mer, nous y avons atterri le premier soir et nous avons écouté une chanteuse accompagnée d’un homme au synthétiseur. Ils ont arrêté à 21 heures, ce qui nous a paru tôt. Nous avons quand même tenté notre chance un peu plus tard dans le séjour, histoire de changer, mais nous avons fait demi-tour car personne ne chantait ce soir-là.
    - Le Baan Siam, peu après le virage dans la rue principale, où nous avons passé la majorité de nos soirées. On y mange très bien et les serveurs sont sympathiques. Le groupe joue tous les soirs des classiques de rock, éventuellement à la demande. Il est composé d’un très bon guitariste chanteur, d’un bassiste et d’un batteur. Une chanteuse les rejoint chaque soir vers 22 heures 15. Ils sont très physionomistes et ne manquaient jamais de nous saluer amicalement même lors de nos infidélités (lorsque nous passions sur le trottoir sans nous arrêter), ce qui est toujours agréable.


    - Baan Thaï Seafood , dans le milieu la rue principale. Nous y avons passé 3 soirées en compagnie d’un groupe musical composé d’une chanteuse, de 3 guitaristes et d’un batteur.
    - Delvis : un type vient de temps à autres, habillé et coiffé comme le King et ne chantant que du Elvis mais nous l’avons seulement aperçu à deux reprises. Le reste du temps, c’est un chanteur solo avec une guitare mais l’accompagnement majeur sort d’un synthétiseur. Il est rejoint par une chanteuse en deuxième partie de soirée qui m’a fait chanter deux fois « la vie en rose » au micro, une fois à table, une fois sur la scène, la seule chanson française qu’elle soit capable d’interpréter, avec force énergie mais une phonétique plus qu'approximative. Nous y avons mangé trois fois de la viande grillée sur barbecue et à chaque fois, nous y avons trouvé beaucoup de joie.

    Nous ne sommes allés au Pink qu'une seule fois car il n’y avait aucune ambiance malgré le groupe musical qui était assez techniquement bon, mais affectivement ternes: tous les musiciens semblaient s'ennuyer ferme. Nous sommes d’ailleurs les seuls à leur avoir laissé une contribution, ce qui est fréquent chez les autres.

    Quelques évènements ponctuels sont venus agrémenter ces journées :

    L’anniversaire de Papierre le 27 novembre. Nous avions convenu avec la famille de faire un Skype en début d’après-midi pour eux (milieu de soirée pour nous). Pour être sûrs que cela fonctionne, il a fallu faire des essais. Nous avons donc appelé Stéphane à plusieurs reprises, acheté une nouvelle carte téléphonique car on ne passait pas par la Wifi. Le rendez-vous correspondant juste à notre heure de dîner, nous avons voulu lui faire une petite surprise en demandant au chanteur du Baan Siam de lui interpréter « Joyeux anniversaire » en live. Et ça a marché ! Du coup, cela a mis de l’ambiance : toutes les tables ont chanté et applaudi.

    L’anniversaire de Manu, le lendemain. Je lui ai offert une « loy », une lanterne lumineuse qu’il a pu lâcher et suivre dans le ciel jusqu’à sa disparition, avant d’aller manger dans un des plus beaux restaurants de la station : « On the rocks ». C’est un endroit cosy, au bord de l’eau, offrant une jolie vue sur la plage de Karon. Mais le plus impressionnant, c’est le chemin pour y arriver : on doit emprunter une passerelle de bambou au milieux d'une végétation luxuriante. Après le dîner, nous sommes allés visiter le jardin de l’hôtel attenant (le Marina Phuket Resort), juste extraordinaire !

    Un autre beau restaurant pour nos « 22 ans d’amour », le deuxième à être juste sur la plage. Testé la veille, l’endroit avait enchanté Manu, nous y sommes donc retournés. Malheureusement, l’enthousiasme est vite tombé… et du coup, il a voulu prendre son dessert au Baan Siam. Moi, j’ai pris un cocktail pour fêter l’évènement ! Assaillis depuis notre arrivée par des « Hellooooo madaaam welcooom massaaage », nous avons fini par franchir la porte d’un salon de massage un soir. Se faire masser en Thaïlande est chose facile. Les salons sont tellement nombreux à Karon que toutes les rues, petites comme grandes, en possèdent un nombre assez impressionnant. Ici pas d’horaire : à presque toute heure de la journée il est possible de s’arrêter pour une pause massage. Il est en revanche difficile de faire un choix parmi cette profusion de sollicitations. Nous savions ce que nous ne voulions pas : un endroit trop grand et trop froid, être exposés en vitrine à la vue de tous, de lady boys, et de préférence des filles plutôt jolies (choix de Manu que je respecte totalement, puisqu’il fait déjà l’effort de venir avec moi alors qu’il n’aime pas trop cela). Notre choix s’est porté sur un salon quelconque. Ces relatives jolies dames nous ont installés sur des matelas dans une pièce reculée. L’ambiance qui règne dans ce genre d’endroit est paisible et très relaxante, lumière tamisée et musique douce, ce qui met relativement en confiance). Echaudés lors d’une précédente expérience à Krabi il y a quelques années, nous avions quelques appréhensions quant à la rigueur et à la poigne des masseuses et nous avons demandé, au hasard il faut bien l’admettre, un « oil massage ». Ces masseuses, sans aucun doute de véritables professionnelles, ont alors entrepris de nous passer en revue tout le corps du petit orteil à la dernière phalange du petit doigt de la main de façon… tonique ! A part quelques doigts, j’ai « craqué » de partout !

    Je suis persuadée que les sensations et le ressenti dépendent de chacun mais pour moi, cela n’a vraiment pas été une partie de plaisir. Quand ma masseuse s’est attardée sur mes jambes, j’ai vraiment ressenti de la douleur car les pressions étaient trop fortes pour moi. Après les jambes, au tour des bras. Cette fois, je n’ai pas souffert. Et ensuite est venu le tour du dos : à cet instant, j’ai juste eu le sentiment d’être une grosse pâte à modeler, à malaxer couchée sur le ventre. Je n’ai peut-être pas réussi à me laisser totalement porter car j’étais sans cesse focalisée sur les différents points de pression sur lesquels la masseuse appuie pour soulager. Parfois on se retrouve dans des situations vraiment incongrues au cours du massage : la masseuse monte sur votre dos, vous êtes étirés dans tous les sens, les jambes emmêlées avec les bras croisés on ne sait pas comment… Parfois c’est même cocasse, et j’avoue avoir succombé à l'envie de rire à un moment. Ensuite, elle s’est attaquée à la nuque et aux épaules : j’avais juste l’impression que mon cou allait se détacher de mes épaules sous ces manipulations ! Alors même si les massages coûtent ici presque quatre fois moins cher qu’en France, je crois que je ne suis pas prête de recommencer d’autant plus que la veine de ma jambe droite a été douloureuse pendant deux jours.

    Le mercredi 7 décembre, nous avons mis notre réveil pour la première fois depuis longtemps car nous avons loué un scooter à la journée auprès de notre Guesthouse et nous sommes partis visiter une école Montessori, en plein centre de Phuket : J’avais pris contact par mail la veille et le directeur nous avait dit de venir pour 9h. Seulement trois enfants étaient présents dans la partie concernant les tout petits (0-3 ans), dont deux enfants en période d’adaptation, donc en présence des parents. En revanche l’éducatrice avait une énergie débordante !

    Nous avons été ensuite visiter l’école primaire dans laquelle régnait un grand calme, les enfants étant chacun concentrés sur leur travail, aucun ne prenant cela pour un effort puisque tout est adapté à leur propre niveau et présenté sous forme de jeu. Cette période correspondant à une curiosité intellectuelle maximale, le résultat est très impressionnant. Dans une autre salle, d’autres enfants étaient attablés pour prendre une collation, là encore dans une grande tranquillité, se comportant comme de petits adultes.

    Ce même jour, puisqu’il est situé juste à côté de l’école, nous avons fait un tour au plus grand (et au plus visité) des temples bouddhistes de Phuket, le Wat Chalong (de vrai nom Wat Chaitararam), construit au début du 19ème siècle. Nous avons garé notre scooter au-delà de l'enceinte du temple, là où se trouvent les magasins vendant des articles religieux. Wat Chalong comprend plusieurs bâtiments, nous sommes rentrés dans deux : Le temple central où les thaïlandais offrent des fleurs de lotus, de l'encens, et apposent de petits morceaux de feuille d'or sur des statues de moines. Le Chedi de Wat Chalong, construit sur trois étages (60 mètres) : monter jusqu'à la terrasse du dernier étage nous a permis d’avoir une belle vue sur les jardins du temple. Quelques marches de plus mènent à la vitrine où il y aurait un fragment d'os de Bouddha que nous n’avons pas vu. C’est le plus récent des temples. Les murs intérieurs et les plafonds sont décorés de fresques illustrant la vie de Bouddha, ainsi que de nombreuses statues en plastique dorées et des portes minutieusement sculptées. De temps en temps, on y entend de fortes explosions de pétards venant d'une espèce de four en briques à l'extérieur du temple principal. C'est une autre forme d'offrande censée montrer votre gratitude lorsque l'un de vos souhaits a été réalisé. Un préposé se tient à proximité pour allumer les guirlandes de pétards. Vu la fréquence des pétarades, Wat Chalong semble plutôt propice à la réalisation des vœux.

    Au retour, nous nous sommes arrêtés à la poste de Karon pour poster un colis pour la France (échantillons de sables, quelques bracelets, notre plaque gravée de Katmandou et un maillot de main pour la Normandie) qui devrait mettre deux mois à arriver malgré les 30 euros que nous a coûté l’envoi.

    Vendredi 9 décembre, nous sommes partis en vadrouille en scooter toute la journée. Situé juste au bord de la route menant au célèbre cap Promthep, nous avons fait comme tout le monde en nous arrêtant à Kata View Point le temps de prendre quelques photos. Ce point de vue offre un très beau panorama sur les 3 baies : la plus proche et la plus petite est la plage de Kata Noi, un peu plus loin la baie de Kata avec son île 'Koh Poo' (qui signifie l'île crabe) et au loin, notre très longue plage de Karon.

    En voulant descendre jusqu’au sud de Phuket, malgré l’unique route, nous nous sommes parfois égarés (en voulant tourner trop tôt pour trouver Rawaï Beach) ce qui nous a permis de découvrir des endroits avec de très belles demeures. A Naï Ham Beach, nous avons vu de jolis long tail boats colorés, mais il n'est pas très facile de s’y baigner. Pourtant, on est à l’heure du déjeuner et il commence à faire vraiment très chaud. On a qu’une idée : se mettre à l’eau ! Mais avant d’atteindre Naï Harn Beach, il y a un nouvel arrêt « obligatoire »: un point de vue occupé par un gros groupe de chinois, tous habillés pareil. C’est drôle.

    Nous nous plongeons avec beaucoup de plaisir dans l’eau de la petite baie suivante, notre seule préoccupation étant de choisir un jus de fruit dans un des restaurants installés à l'ombre des grands arbres. Manu m’apporte un jus de fruit à la mangue pratiquement dans l’eau. L’endroit est vraiment tout petit, très agréable et fort joli. Le seul bémol, ce sont les roches sous l’eau. Il faut faire très attention où on pose les pieds, surtout quand il y a des vagues. Ce n’est absolument pas gênant pour nous : il suffit que nous chaussions nos Crocs !

    Un peu plus loin, nous nous arrêtons à Nai Harn Beach qui est une assez belle plage entourée de collines verdoyantes et de petites îles. Nous piquons une tête avant de reprendre la route. Le ciel devient menaçant, comme prévu par la météo. Du coup, avant de continuer plus au nord, nous prenons nos vêtements de pluie dans notre chambre puisque nous passons devant, ce qui ne servira d’ailleurs à rien. Nous mettons les gaz jusqu’à Kamala où nous trouvons une belle plage juste sous des pins et des cocotiers offrant de l’ombre si besoin. Même s’il y a du monde, l’endroit semble très calme. Il y a un grand choix de restaurants en bordure et même plusieurs hôtels avec un accès direct à la plage. Manu décide de passer nos quatre derniers jours ici, du fait que notre séjour doit se prolonger d'une manière inattendue: compte tenu des prévisions climatiques, des risques de déception, du prix des billets d'avion, et de l'impossibilité de se rendre en Birmanie faute de visa disponible à temps, nous avons exclu de changer de lieu de séjour avant de partir aux Philippines: nous n'irons donc ni à Sumatra, ni dans les îles de Malaisie, ni à Bagan ou au lac Inle.

    Nous nous mettons en quête d’un endroit où dormir mais il fallait s’y attendre, en front de mer, les prix sont assez élevés. Nous reviendrons demain avec nos sacs car il n’y a pas pénurie de chambre. Nous dînons près de la mer, dans un restaurant reggae avant de reprendre la route en sens inverse. Sur le chemin du retour, Manu tient à s’arrêter voir un hôtel qu’il a repéré sur Booking.com. Devant mon enthousiasme, nous réservons sans hésiter.

    Un taxi nous conduit le lendemain de Karon à l’hôtel Naka par la grande route venant de Patong Beach. Il faut être attentif car il est facile de rater la rue de l’hôtel située juste après un virage. Je n’en reviens pas de cet endroit. C’est un petit hôtel tenu par une famille dont tous les membres sont vraiment accueillants. Il y a tout le confort dont on peut rêver, tout est tellement propre et bien pensé. Et top du top, il y a une piscine.

    Nous sommes à cinq kilomètres de la mer, ce qui nous « oblige » à louer un scooter (j’addoore !) pour aller jusqu’à Kamala Beach (ceci dit, il faut être prudent car la route est assez dangereuse) pour se baigner dans la mer, observer Manu profiter des vagues avant d’admirer les couleurs du couchant juste avant de choisir parmi beaucoup de petits restos très accueillants, un endroit parfait pour dîner les pieds dans le sable. Raaaahhh… comme nous avons savouré, béatement, chacun des quatre derniers jours à Phuket !

     


    Carnet de Manu

    Ecrit entre les 4 et 6 décembre 2016

    Si le passage au Népal a constitué une étape à part de notre parcours, tant par la majesté des paysages traversés que par les problèmes physiques occasionnés, la phase de repos en Thaïlande qui lui a immédiatement succédé a pour sa part correspondu, sur un mode plus essentiel, à un véritable tournant dans notre manière d'envisager notre tour du monde, et même, au-delà, notre rapport au voyage lui-même.

    La Thaïlande n'était pas initialement inscrite au programme, et encore moins Phuket; et pourtant, dans les derniers jours au Népal, c'est cette destination qui s'est imposée assez naturellement à nous, de préférence à la Malaisie, qui lui était opposée lors du choix final. Une fois arrivés sur place, le sentiment réconfortant d'avoir pris la bonne décision nous a tranquillement amenés à souhaiter y rester, chaque jour davantage, jusqu'à ce qu'au bout du compte, nous passions, presque immobiles pour une fois sur l'île de Phuket même, environ quatre semaines en lieu et place des quelques jours imaginés au début.

    Cette entorse au programme prévu constitue une singularité remarquable dans un parcours jusqu'alors réglé avec précision, qu'on juge cela avisé ou non, sur un programme défini le plus souvent à la journée près. Il peut donc être intéressant de s'arrêter un instant sur les principaux motifs de ce changement, qui a pour l'essentiel été déterminé par:

  • L'accessibilité (en prix, temps et commodité pratique) du hub d'AirAsia à Kuala Lumpur
  • La qualité des infrastructures (équipement, commerces, hygiène, connexions, éventuelles facilités médicales) permettant de se reposer/soigner/mettre à jour dans un environnement protégé
  • Le manque d'intérêt touristique, nous mettant paradoxalement à l'abri de toute tentation de visite/découverte consommatrice de temps et d'énergie
  • La certitude d'avoir chaud, même si concernant la pluie il y avait beaucoup plus de risques: nous avions avant tout besoin de nous réchauffer

    Les motifs ayant pris plus tard le relais de ce choix initial, et nous ayant amenés à souhaiter rester plus longtemps sur place, ont ensuite été:

  • L'acceptation de la nécessité d'un "break" plus long, nous permettant de retrouver suffisamment de motivation pour profiter pleinement de la suite de notre périple sur un mode routard au moins jusqu'à la Nouvelle-Zélande, où le passage en mode "road trip" devrait de toute manière nous relancer d'une autre manière
  • La prise de conscience du fait que toute recherche d'un "ailleurs" mythifié était largement illusoire, et qu'il pouvait être intéressant de chercher, au moins temporairement, notre épanouissement dans la direction exactement opposée, à savoir celle de la beauferie touristique de masse assumée, qui présente en outre l'intérêt kantien de la généralisation bien entrevu par Houellebecq dans plusieurs de ses textes, notamment Plateforme , dont le souvenir a d'autant plus inspiré ce choix que c'est l'un des trois seuls romans dont la (re-re-)lecture a agrémenté mes premiers mois de voyage

    C'est ainsi que nous nous sommes retrouvés à nous prélasser avec indolence à Phuket pendant une trentaine de journées presque identiques, nous déplaçant lentement entre notre chambre d'hôtel (air conditionné à volonté, lit King Size, douche généreuse, et balcon bien utile lors des phases de pluie prolongée), les longues plages de Karon puis Kamala (sable orangé, rouleaux incessants, et fesses à l'air de toutes formes dans le champ de vision), les supermarchés glacés (caissières indifférentes, et prix occidentaux), les rues encombrées (obèses décomplexés, bimbos Russes, biscotos et tatouages fièrement exhibés des jeunes pères de famille néanmoins chargés de poussettes) et les sorties nocturnes répétitives (bars criards et artificiels à -vraies?- filles de -fausse?- joie criardes et artificielles elles aussi, restaurants souvent à demi-vides, groupes musicaux talentueux mais tournant souvent en boucle). En termes d'activités, nous nous sommes principalement consacrés, entre deux baignades, à la mise à jour de nos albums photos et site internet, ces phases de travail productif étant entrecoupées de longues pauses de temps calme non contraint mis à profit par Isabelle principalement pour garder le contact avec notre base française (famille, crèche, contacts Facebook), par moi pour m'informer de l'actualité politique chargée du moment (primaires de la Droite en France, renoncement de Hollande à la présidentielle, candidature de Valls, échec de Hofer en Autriche, référendum en Italie). Après les secousses du système au niveau mondial provoquées par le Brexit et l'élection de Trump, cette fin d'année 2016 a en effet été particulièrement riche de surprises et d'enseignements, sur lesquels j'ai pris du plaisir à m'appuyer pour actualiser mon analyse socio-anthropologique de l'état de la (dé-?) civilisation européenne minée par l'opposition de plus en plus évidente entre le gauchisme, avoué ou non, de la superstructure et les réactions conservatrices de plus en plus convulsives des populations concernées. Un moment décisif semble devoir se jouer dans les années qui viennent, qui verra le passage en force du système contre l'avis du peuple ou l'inverse. Dans tous les cas, la démocratie semble devoir tanguer sérieusement, ce qui confirme a posteriori la supériorité de l'analyse de la "réinfosphère", qui avait pronostiqué ce danger des années avant les médias mainstream, alors que ceux-ci en étaient encore à célébrer une prétendue reprise économique entre deux opérations de diversion sportive ou people.

    Marquée par le ralentissement de notre rythme de vie et la reprise de certaines des activités que nous exerçons habituellement en France, cette phase thaïlandaise a dans l'ensemble correspondu à une révision à la baisse de nos objectifs de voyage (révision dont la prise de conscience a été accélérée par la rédaction d'un bilan partiel de notre tour du monde); mais aussi d'une certaine manière à une réorientation telle de notre vision de celui-ci qu'il semble difficile de produire à ce sujet un véritable jugement de valeur plaçant l'après au-dessus de l'avant ou inversement. Dans l'ensemble, nous nous sommes certes gentiment moqués du côté ploucski/bidochang des Russes et autres Chinois en vacances, de leur mauvais goût et de leur absence apparente de toute délicatesse ou de tout raffinement; mais pour être honnêtes, nous nous sommes surtout fondus dans la masse, et si Isabelle a continué jusqu'au bout de trouver les tonalités de la langue russe aussi désagréables que l'attitude de ses locuteurs, nous nous sommes dès notre arrivée largement satisfaits d'un petit coin de plage, d'une table un peu isolée dans les restaurants, et du temps passé avec nos ordinateurs sur la terrasse de notre petit hôtel tranquille.

    Nous en avons profité pour tester un nouveau type de reportage photographique (utilisant au demeurant un ensemble de traitements informatiques différents des précédents), relevant à la fois de la photographie de rue, de la caricature sans commentaire, de l'humour burlesque, et d'un faux naturalisme à la Striptease (l'émission de reportages belge), consistant principalement dans le télescopage de clichés de toutes sortes de touristes de plage et de leurs accessoires. Au même titre que notre étape à Phuket, cette production, finalement assez simple dans ses intentions et cédant peut-être un peu trop à la facilité dans sa réalisation, peut difficilement faire l'objet d'un jugement de valeur clair. On pourrait la situer à la fois tout en haut et tout en bas de la hiérarchie de nos albums de voyage, ni l'un ni l'autre ne serait vrai: comme le dit la chanson: "pour moi c'est sûr elle est d'ailleurs".

    Pour conclure tout de même à propos de cet inconcluable moment de notre voyage, il est enfin utile de noter (et surprenant d'observer) que malgré l'originalité, au sein de notre parcours, de cette étape en forme de pied de nez, Isabelle et moi l'avons tous les deux vécue avec le même bonheur, et des motivations finalement assez proches. Après des phases plus tendues liées à des variations d'humeur inévitables quand on voyage pendant des mois littéralement 24 heures sur 24 ensemble, après des tracas d'organisation et des soucis de santé, notre pause thaïlandaise nous a nettement remis sur la même longueur d'ondes, et cette unité retrouvée a sans doute contribué à nous faire voir toutes les choses, même les plus anodines ou les plus ordinaires, sous un jour plus positif.

    Les "J'aime/J'aime pas" de Manu à Phuket

    J'ai aimé:

  • Le prix raisonnable des chambres dans les hôtels de bon niveau de confort, à condition de chercher un peu tant sur Tripadvisor (en l'occurrence fiable) que dans la réalité (au moyen d'une exploration dans laquelle il est avisé d'investir une journée de visite en scooter) ++
  • La facilité à louer des scooters bon marché et vraiment très utiles pour se donner plus de liberté et de possibilités de vie pratique ++
  • Les restaurants/bars à musique, entraînants et pas trop fréquentés, où l'on communique vite avec les musiciens sur un mode amical, notamment le Baan Siam ++
  • La magnifique extrémité Sud de la plage de Karon avec ses rochers et ses restaurants sur la mer, notamment le "On the rocks" restaurant, doté du plus beau jardin tropical qu'il m'ait été donné de voir: découverte étonnante à deux pas des zones beaucoup plus "beauf" de la promenade et de la plage publiques ++
  • Le caractère familial sympathique des plages de Kamala, qui donnent accès à de nombreux restaurants/bars de plage ++
  • Les vagues déferlantes offrant en permanence un hydromassage gratuit et accessible, parfois tonique, parfois juste amusant (à condition, dans mon cas, d'éviter les otites) ++
  • L'accès possible et gratuit à des zones ombragées (pas toujours très confortables ou propres il est vrai) en bordure de plage +
  • La neutralité axiologique générale et la rareté des occasions de sociabilisation, permettant par contraste de jouir dans l'anonymat d'une liberté totale de comportement et de pensée ++
  • La bonne qualité générale des connexions internet +
  • Le retour à des activités informatiques banales (traitement photos, lecture de Wikipédia et des blogs d'information/réinformation, Facebook) mais qui participent à notre équilibre de vie, je le mentionne ici parce que bien que cela n'ait rien à voir avec la Thaïlande en particulier, cela a été déterminant dans la formation de notre opinion sur cette étape de notre parcours ++
  • J'ai moins aimé:

  • L'alignement des prix sur les standards européens, en particulier dans les restaurants et les supermarchés de Phuket ---
  • L'absence fréquente de trottoir, y compris le long des voies les plus fréquentées par les piétons, le bruit et le danger de la rue --
  • Le caractère attrape-touristes fatigué des quartiers chauds, finalement plus déprimants qu'excitants: caractère peu sexy des rabatteuses de bar et des salons de massage, au visage souvent très masculin (sans même parler des ladyboys), dont les expressions et cris exagérés "Massaaaaaage?" poussent plutôt à s'éloigner qu'à se rapprocher; difficulté paradoxale et temps perdu à trouver un salon de massage accueillant et à peu près doux/sensuel, compte tenu du nombre considérable de salons mal décorés proposant une offre limitée de massages "musclés" ou de services annexes dérisoires (comme cette absurde mais très populaire mode de la pédicure en aquarium) --
  • La proposition trop fréquente de produits et services inutiles (jolies petites filles utilisées de manière exagérée comme marchandes de roses dans les restaurants, vendeurs de gadgets sur la plage, montreurs de reptiles ou de marsupiaux) ne compensant pas le manque structurel d'offres de pancakes en bord de plage, surtout le matin --
  • La disparition de la plupart des formes de transport collectif bon marché (tuk-tuks partagés faisant le tour de l'île en s'arrêtant à la demande) au profit de taxis privés chers et peu négociables; une exception bien utile concerne le transport en provenance de l'aéroport, qui reste possible avec un minibus partagé bien indiqué à un tarif raisonnable --
  • J'ai remarqué:

  • La présence très dominante des Russes sur la plage et dans les restaurants.
  • A l'inverse, la faible proportion de Français, ceux-ci ayant manifestement décidé que cet endroit ne leur convenait plus
  • La présence de familles comprenant des grands enfants (adolescents ou jeunes adultes, le plus souvent des filles d'ailleurs, même en couple), pratique pour ainsi dire anachronique d'un point de vue français mais encore courante, semble-t-il, chez les Russes et les populations d'Europe du Nord
  • La non pratique du monokini (de toute manière interdite) se trouve compensée par le raccourcissement par le bas des maillots de bains: les strings mettant les fesses à l'air constituent désormais la norme (russe?) de la tenue de plage
  • Les Russes sont fidèles à leur mauvaise réputation touristique, les Thaïs déclarant volontiers (à nous Français, ce qui est évidemment suspect) qu'ils ne les aiment pas beaucoup et qu'ils déplorent leur propension à boire ailleurs que dans les bars (dans la rue, sur la plage) la vodka qu'ils achètent en quantité aux supermarchés
  • Si c'était à refaire:

  • Sur une durée de près de trois semaines, j'en passerais sans doute deux sur Koh Lanta
  • Je négocierais à l'avance la remise possible d'un séjour de longue durée dans les hôtels qui s'y prêtent